Donald Trump, une moisson à 3 200 milliards de dollars au Moyen-Orient

Le décor était planté. Après des mois de critiques sur ses positions isolationnistes et ses dérapages diplomatiques, Donald Trump a signé, en quelques jours, ce que ses partisans n’hésitent déjà plus à qualifier de « tournée du siècle ». De Riyad à Abou Dhabi, en passant par Doha, l’ancien président américain a enchaîné les poignées de main et les annonces fracassantes, laissant derrière lui une promesse d’investissements record : pas moins de 3 200 milliards de dollars d’engagements en faveur des États-Unis.
Sous les ors des palais du Golfe, Trump, fidèle à son style de négociateur agressif, a frappé fort. Selon les chiffres qu’il a lui-même dévoilés, l’Arabie saoudite s’est engagée à rapatrier vers les États-Unis 600 milliards de dollars d’investissements. Le Qatar a promis 1 200 milliards, et les Émirats arabes unis, 1 400 milliards. Mieux encore, Riyad aurait, selon Trump, promis un effort supplémentaire à long terme : injecter 3 000 milliards de dollars supplémentaires sur le sol américain, une somme vertigineuse qui dépasse de loin les montants engagés lors de ses précédentes visites présidentielles en 2017.
Aux Etats-Unis, dans les rangs républicains, l’effet est immédiat. La machine médiatique pro-Trump s’emballe, brandissant cette tournée comme la preuve éclatante qu’un chef d’entreprise aguerri vaut mieux, en matière de résultats, que l’ensemble de la classe politique réunie. Sur les chaînes conservatrices, les éditorialistes rivalisent de superlatifs, saluant le retour du « dealmaker » qui, selon eux, redonne à l’Amérique son rang de première puissance économique.
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« Ce que Joe Biden et ses prédécesseurs ont échoué à obtenir en décennies de diplomatie molle, Donald Trump l’a décroché en une semaine », fanfaronne l’un de ses conseillers. Le message est clair : face à une économie américaine sous tension, à une dette publique abyssale et à une inflation persistante, Trump se présente, une fois de plus, comme l’homme providentiel capable d’attirer les milliards étrangers pour redonner de l’oxygène à l’économie nationale.
Mais derrière les chiffres spectaculaires, les zones d’ombre ne manquent pas. Aucun détail n’a filtré sur la nature exacte des investissements annoncés. S’agit-il de rachats d’actifs, de prises de participation dans des entreprises stratégiques, ou simplement d’engagements non contraignants ? Les observateurs tempèrent. « On est plus proche de l’effet d’annonce que d’accords juridiquement contraignants », confie un diplomate américain sous couvert d’anonymat. « Ce sont des intentions, pas des transferts immédiats ».
Dans les capitales du Golfe, les promesses de Trump suscitent également des interrogations. Certains experts y voient une tentative de séduire à moindre coût un candidat susceptible de retrouver la Maison-Blanche en novembre prochain. D’autres redoutent une pression future pour concrétiser des engagements pris dans l’euphorie d’une séquence politique savamment mise en scène.
Néanmoins, une réalité implacable demeure : en reprenant à son compte la rhétorique du businessman qui met l’économie américaine au-dessus de tout, Trump marque des points dans sa reconquête électorale. Il réactive l’imaginaire de 2016, celui du « Make America Great Again » nourri par les milliards venus d’ailleurs. Un récit puissant qui, à défaut de garanties économiques tangibles, pourrait bien peser lourd dans les urnes.