Drâa-Tafilalet : Le réservoir marocain des produits du terroir

Dossier du mois

Vous avez probablement goûté ses dattes pendant le mois sacré, dégusté ses pommes, consommé son huile d’olive, ou même utilisé ses roses dans vos cosmétiques. La région Drâa-Tafilalet est un véritable réservoir de produits du terroir. Pour ce dossier du mois, MAROC DIPLOMATIQUE fait un focus sur les produits phares de cette région du Sud.

Située dans le sud de l’Atlas, la région de Drâa-Tafilalet regorge de potentialités et représente un véritable trésor du terroir marocain. Malgré des contraintes environnementales importantes, elle concentre un important potentiel économique pour le Royaume. Si sur le plan des infrastructures, seules les routes nationales permettent, à ce jour, de relier la région, ses aéroports, et sa situation géographique en font une terre touristique par excellence, notamment la ville de Ouarzazate. Sur le plan agricole, elle joue un rôle important dans le développement économique du pays avec ses produits phares : les dattes, la pomme ou encore la rose.

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L’eldorado de la datte

L’économie de la région Drâa-Tafilalet se base principalement sur l’exploitation des palmiers dattiers. Elle concentre ainsi près de 90% de la production nationale de dattes. En effet, si le secteur phoenicicole permet la création d’emploi et la production d’un revenu important, il est pleinement intégré dans la stratégie de valorisation de la région. D’ailleurs, le Plan Maroc Vert (PMV) a accordé une place importante à la filière à travers la production des vitro plants, notamment des variétés Majhoul et Boufegouss, ainsi que l’introduction d’espèces résistantes à la fusariose. Aliment essentiel sur nos tables durant le mois de Ramadan, c’est un secteur qui ne connaît pas la crise. La production annuelle pour 2019/2020 s’élevait à 128.500 tonnes avec un C.A de 1440 Mdhs. La région compte à ce jour six variétés labellisées. Si elle connaît quelques contraintes telles que le manque d’infrastructure de base pour la commercialisation, ou encore les contraintes climatiques, elle offre également des opportunités d’investissements dans la production Bio, la valorisation des déchets de dattes ou encore dans le conditionnement et le stockage frigorifique.

La pomme de Midelt

C’est la troisième espèce fruitière cultivée dans la région, après le palmier dattier et l’olivier. Sa production a triplé ces dernières années, passant d’environ 120.000 tonnes en 2008 à environ 400.000 en 2020. La province de Midelt produit ainsi 90% de la production nationale et contribue à son positionnement au 18e rang mondial de la production de pommes en 2019. Sur le plan économique, elle crée une importante dynamique avec 2.35 millions de journées travaillées et un chiffre d’affaire en hausse depuis 2017/2018 pour atteindre 3 050 Mdhs en 2020.

La filière offre, elle aussi, d’importantes opportunités d’investissements, notamment dans les unités de transformation et dans les entreprises spécialisées dans l’entretien des plantations de pommiers.

La championne de la rose

«Sur le versant sud-est du Haut Atlas, il existe un autre Maroc : tel un bijou enchâssé dans les aspérités montagnardes, la vallée du Dadès est celle des jardins, des roseraies, des massifs de lauriers roses, des amandiers en fleurs et des kasbahs secrètes (…). Le randonneur «poète» saura apprécier à l’automne et surtout au printemps le bouquet des couleurs éclatantes et des senteurs délicates de la Vallée des Roses.», écrivait le site de l’agence de voyage française, La Balaguère. La rose est le troisième produit phare de la région. Avec une production annuelle de 3900 tonnes et ses deux produits labélisés (Rose de Kelaat M’gouna-Dades et Eau de Rose de Kelaat M’gouna-Dades), elle crée un véritable écosystème partant de la cueillette, à la distillation jusqu’à la transformation en produits cosmétiques et dérivés et enfin sa commercialisation. La région produit 100% de la production nationale mais se heurte de plus en plus à l’avènement d’une production d’eau de rose falsifiée.

Entretien avec Allal El Baz, DG du CRI Drâa-Tafilalet

MAROC DIPLOMATIQUE : Parlez-nous des produits phares de la région Drâa-Tafilalet et des prévisions pour l’année 2021…

–  Allal El Baz : La diversité des écosystèmes écologiques de la région Drâa-Tafilalet fait du territoire un véritable réservoir de produits du terroir. Nous avons la Pomme de Midelt, la Rose de Kelâat Megouna, la Datte Mejhoul d’Errachidia, Gihel de Zagora, Outoukdim de Todgha… Autant de produits labélisés qui forment la marque du terroir et le savoir-faire de Drâa-Tafilalet. Ces derniers constituent une source importante de revenus pour la population locale.  Par ailleurs, les investissements réalisés dans le cadre du PMV courant cette dernière décennie, pour le développement des produits agricoles du terroir à haute valeur ajoutée, conforte cette évolution…

Errachidia connaît un changement radical à travers l’implantation des dizaines de milliers d’hectares en Mejhoul, variété de dattes synonyme d’excellence et de noblesse. L’ambition est de devenir le premier producteur mondial de Mejhoul.

Le deuxième produit phare de la région est la pomme. Midelt a acquis une notoriété chez le consommateur marocain pour la qualité de ses pommes. Les implantations et les unités de logistiques de conditionnement se multiplient grâce à l’appui du PMV.

Enfin, la rose de M’goun constitue le troisième produit phare dans l’économie régionale. L’écosystème qui tourne autour de la rose constitue l’élément moteur de l’économie de la zone de Megouna à Tinghir. La zone de plantation atteint les 950 Ha.

L’année 2020-2021 s’annonce bien pour nos produits du terroir comme en témoignent ces chiffres :

La production annuelle de dattes a atteint 128.500 tonnes avec un C.A de 1.440 Mdhs ;

La production annuelle de pommes est de l’ordre de 400.000 tonnes avec un C.A de 3.050 Mdhs ;

La production annuelle de roses à parfum s’élève à 3.900 tonnes avec un CA de 74,5 Mdhs ;

La production annuelle d’olives est de l’ordre de 55.000 tonnes avec un C.A de 354.3 Mdhs ;

La production annuelle du safran a atteint 2.7 tonnes avec un C.A de 81.5 Mdhs ;

Et, la production annuelle de l’amandier a atteint 12.250 tonnes avec un C.A de 160.2 Mdhs.

MD : Quelles actions menez-vous pour promouvoir les produits de la région ?

– A.EB : Dans le cadre du renforcement de l’attractivité de la région et le développement d’une offre territoriale intégrée, le CRI a entrepris jusqu’à aujourd’hui les actions majeures suivantes :

– La mobilisation des acteurs régionaux et provinciaux en vue d’identifier et de mobiliser une offre foncière attractive spécialement pour l’investissement dans le secteur de l’agro-industrie et la valorisation des produits du terroir ;

– Le CRI compte réaliser, en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés, une étude stratégique sur le secteur agro-industriel et une étude de faisabilité d’un agro-pôle au niveau de la région Drâa-Tafilalet ;

-La contribution avec l’ANAPEC, le département de l’Agriculture et les autres acteurs à l’animation des processus permettant de mettre en place un dispositif régional d’accompagnement des producteurs (entreprises, coopératives, GIE) afin  d’assurer une offre d’accompagnement ciblée et plus pertinente ;

L’organisation d’une caravane de promotion d’entrepreneuriat ciblant principalement le monde rural, occasion précieuse pour apporter appui et soutien aux jeunes, en les incitant à présenter des projets valorisant les richesses locales et les produits du terroir ;

L’accompagnement des producteurs dans la création de leurs entreprises et la vulgarisation des régimes incitatifs de l’Etat ;

 La réalisation des actions de communication qui consistent en des actions média sur divers canaux de communication, et des actions hors média  telles que la mise en relation avec des opérateurs internationaux pour la promotion des produits du terroir à forte identité culturelle, à savoir la Bank of China, ou encore la foire internationale de Shanghai, dont l’objectif est d’assoir la notoriété des dits produits à l’échelle nationale et internationale.

MD : Comment tentez-vous de dépasser l’impact de la crise sanitaire, avec notamment l’absence de salons d’agriculture qui permettent de valoriser les produits du terroir ?

– A.EB : D’abord, par l’animation efficace des processus de feedbacks positifs et rapides entre tous les intervenants dans l’acte d’investir. Il s’agit notamment d’inciter les banques à répondre dans les délais opportuns aux demandes de financement présentées par les porteurs de projets dans le cadre du programme intégré d’appui financier à l’entreprise (PIAFE). Ou encore, de réduire au maximum les délais et faciliter les procédures pour les investissements.

Au sujet de la valorisation et la promotion des produits, le CRI mène une communication régulière via le digital sur les potentialités et les opportunités d’investissement qu’offre le territoire Drâa-Tafilalet.

En outre, notre établissement en collaboration avec nos partenaires régionaux, nationaux et même internationaux recherche les axes de collaboration permettant d’apporter appui et soutien aux organisations de l’économie sociale et solidaire, notamment dans les axes ayant trait au renforcement des capacités, l’accès au financement, le marketing digital et le e-commerce, etc.

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