«Droits-de l’Hommisme» :distinguons la vertu du vice !

Il  faut être, aujourd’hui, suffisamment borné ou malhonnête pour nier le fait que la question des droits de l’Homme est devenue un outil principal des straté­gies de domination et d’hégémonie que les puissances assoiffées de pétrole, de gaz, de ventes d’armement et -doréna­vant- de réserves d’eau…etc… N’hésitent pas à opposer aux peuples du Sud.

D’aucuns rétorqueraient que cela a toujours existé et que les faibles ont été constamment dominés par les forts dans les relations entre les clans, les tribus et, plus tard, les nations. A cela, il serait honnête de répondre par l’affirmative, puisque Babylone et la Perse antique n’y eurent guère échappé.

« La question des Droits de l’homme a ainsi glis­sé du champ démocra­tique animé par les peuples et leurs sociétés civiles vers la sphère géostratégique ! »

Comme c’est drôle d’ailleurs de constater que le code babylonien de Hammourabi, instauré au XVIIIème siècle…av.JC, ait inspiré la Déclara­tion universelle française au XVIIIème siècle…après JC ! Quoique le Cylindre persan de Cyrius ait été précurseur au chapitre des droits humains fondamen­taux.

Mais, la technique de l’hégémonie au moyen du « droit » a énormément évo­lué depuis ces temps immémoriaux !

Ainsi, au faîte de la tension entre l’Oc­cident libéral et l’ex-Glacier soviétique, un élément déterminant était intervenu dans la diplomatie mondiale pour de­venir très vite une carte géostratégique majeure. Je veux parler des Accords d’Helsinki signés le 1er août 1975 et notamment du 7ème point (sur 10) de ce texte qui engage ses 35 signataires (dont les USA et l’URSS) à observer scru­puleusement le «respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ».

C’est bel et bien à partir de cette pre­mière incursion déterminante dans les interstices du système soviétique que l’Occident a pu précipiter le puissant empire qu’était l’URSS vers la décom­position.

Ayant donc essayé et réussi empiri­quement l’efficacité déstabilisatrice de la technique «droit-de-l’hommiste» sur une superpuissance de la taille de l’ex-URSS, l’Occident comprit, dès le lendemain de la chute du Mur de Berlin, que la carte des Droits de l’Homme pouvait être opposée à tous les pays du Sud récalcitrants à la vassalisation, notamment ceux qui renferment sur leurs sols ou au fond de leurs sous-sols des ri­chesses convoitées par les transna­tionales, les lobbies ou les Etats qui dominent les océans et les places financières.

Alors qu’elle devait rester dans le champ éthique et qu’elle pouvait être consubstantielle au vivre-en­semble sur notre planète, l’exigence du respect des droits humains s’est vue hypothéquer par les grandes puissances, notamment les plus énergivores d’entre elles, au seul et exclusif bénéfice de leurs intérêts écono­miques et financiers.

La question des Droits de l’homme a ainsi glissé du champ démocratique, animé par les peuples et leurs sociétés civiles vers la sphère géostratégique ! Au point que la première superpuis­sance du monde ait pu, toute honte bue, se prévaloir de la question pour s’en aller dévaster l’Irak, par ailleurs accusé de détenir des armes de des­truction massive !

Bien évidemment, il n’est nullement dans mes intentions de développer ici quelque velléité conspirationniste destinée à justifier les manquements au respect des droits humains partout où ils sont bafoués. Je souhaiterais simplement rappeler à quel point les puissances de l’argent (Etats, lobbies, mafias, impérialismes et hégémo­nismes régionaux) peuvent pervertir ce bel acquis qu’est l’exigence droits-de-l’hommiste.

Je souhaiterais également souligner à quel point certains «intellectuels» se sont pervertis eux-mêmes en ser­vant des intérêts manifestement dou­teux derrière le paravent des Droits de l’Homme.

Longtemps je me suis posé la ques­tion de savoir en quoi consistait la mauvaise foi chez un intellectuel. Cette problématique de la bonne ou de la mauvaise foi des intellectuels est devenue, en effet, incontournable tant les conflits planétaires actuels re­courent de plus en plus aux «porteurs de plume» chargés de vendre l’im­pensable, l’inique et parfois l’abject même. Bernard Henri Lévy, le pacha-en-chef des haineux de France qu’est Zemmour ou encore l’Académicien « bougnolophobe », par ailleurs Doc­teur honoris causa de l’université de Tel Aviv, qu’est Finkielkraut, en sont les illustres et horribles exemples.

« Par ailleurs, il n’est un secret pour personne que nombre d’intellectuels se sont transformés en «traders» du «droits-de-l’hommisme», bien à l’écoute des consignes de leurs maîtres de Washington, de Paris ou de New York »

Or, un « intellectuel » qui, pour quelque raison que ce soit, s’octroie le droit de défendre une idéologie ou une croyance en s’alignant sur les visées hégémoniques d’une puissance géopoli­tique ou géostratégique, en est-il vérita­blement un ?

Un sociologue, un anthropologue, les adeptes des applications sémiolo­giques ou psychanalytiques et, plus gé­néralement, tous les «bûcherons» des sciences humaines traitent de l’impact subjectif et objectif des croyances sur l’humain. Mais, sont-ils tenus d’y croire eux-mêmes pour autant ? Ne doit-on pas mettre ses propres croyances en mode off quand on a la prétention de disséquer pour les comprendre celles des autres ?

Par ailleurs, il n’est un secret pour per­sonne que nombre d’intellectuels se sont transformés en « traders » du « droits-de-l’hommisme », bien à l’écoute des consignes de leurs maîtres de Washing­ton, de Paris ou de New York.

En tout état de cause, il devient au­jourd’hui indispensable de s’armer de sens critique, chaque fois qu’une puis­sance transnationale, étatique ou privée, ONG ou organisme international, op­pose l’argument droits-de-l’hommiste à l’encontre d’un pays du Sud.

Et davantage quand cette puissance mobilise quelque armada médiatique!

Abdessamad Mouhieddine

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