Élections de mi-mandat aux Etats-Unis: Quelles sont les priorités des électeurs ?

A six semaines des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, la campagne bat son plein. Dans un pays profondément divisé, démocrates et républicains font tout pour stimuler les électeurs en offrant des programmes et des visions pour l’avenir souvent diamétralement opposés.

Mais quelles sont les priorités des votants? Le renchérissement du coût de la vie transcende aujourd’hui les lignes partisanes. L’économie et l’inflation s’imposent comme l’un des principaux enjeux du scrutin. La rhétorique de la campagne peut être brutale. Dans les affiches de campagne, les républicains font porter aux démocrates la responsabilité de l’inflation, du coût de la vie élevé tant à la pompe à essence que pour les produits alimentaires. Les démocrates accusent, de leur part, les républicains d’être trop extrêmes sur des questions comme l’avortement et de représenter une menace pour la démocratie. Bien que n’importe qui puisse à peu près trouver un sondage pour soutenir la position qu’il souhaite, cette campagne reflète l’ambiance générale et traduit les diverses préoccupations des Américains.

Selon des sondages réalisés en septembre conjointement par le National Public Radio (NPR)/PBS et Data for Progress, environ 30 % des électeurs américains ont identifié l’inflation comme leur principale préoccupation.

Fait intéressant, le sondage de NPR a montré que ce pourcentage est en baisse de sept points par rapport à la dernière fois que la question a été posée en juillet.

La deuxième priorité la plus importante citée concerne les droits reproductifs (l’avortement) avec 22%, soit une hausse de 4 points par rapport à juillet, selon la même source.

Par formation politique, les républicains donnent la priorité à l’inflation, à l’emploi et à l’économie, suivis de l’immigration. Les démocrates considèrent l’accès aux droits reproductifs des femmes comme le principal enjeu électoral, suivi du changement climatique et du contrôle des armes à feu. Chez les indépendants, l’inflation est également le principal souci, mais l’avortement arrive juste derrière. Dans ce premier d’une série d’articles explorant les préoccupations des électeurs américains en prévision de cette échéance du 8, l’accent est mis sur l’inflation élevée et les incertitudes économiques. A quel point ces deux facteurs seront-ils déterminants pour décider la prochaine carte politique au Congrès ?

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Inflation L’inflation est une mesure du taux auquel les prix augmentent et elle affecte le pouvoir d’achat des consommateurs. Lorsque l’inflation est faible, cela signifie que la demande est trop faible pour faire monter les prix. Lorsqu’elle est élevée, cela signifie que le prix à payer est plus cher pour les mêmes biens et services que ceux achetés il y a un mois ou une année. Si le consommateur ne parvient pas à acheter autant de biens ou de services qu’avant l’inflation, sa qualité de vie diminue.

Selon l’indice des prix à la consommation (IPC), le taux d’inflation aux États-Unis a atteint 8,3 % d’une année sur l’autre en août 2022, après avoir diminué par rapport à un niveau record en 40 ans, en juin qui était de 9,1 %.

Normalement, un taux d’inflation de 2 % est considéré par les économistes comme sain parce que les consommateurs s’attendent à ce que les prix augmentent. Et lorsque les prix augmentent, les consommateurs ont tendance à acheter maintenant plutôt qu’à attendre, et l’augmentation de la demande stimule la croissance économique. Aux Etats-Unis, première économie mondiale, les dépenses de consommation des ménages représentent une bonne partie de l’activité économique. D’autres facteurs, tels que le produit intérieur brut (PIB), la croissance de l’emploi et le marché boursier affectent également l’économie et la perception des électeurs.

PIB

En 2021, première année de la présidence de Joe Biden, le PIB américain a augmenté de 5,7 % après avoir diminué de 3,4 % en 2020, l’année où la pandémie de COVID-19 a frappé. Stimulée par plusieurs vastes programmes de soutien et de relance, l’économie a généré 6,7 millions d’emplois en 2021, rebondissant par rapport aux 9,3 millions d’emplois perdus l’année précédente. Le taux de chômage annuel moyen en 2021 était de 5,4 %, soit environ 2,7 points de pourcentage de moins qu’en 2020 mais 1,7 point de plus qu’en 2019.

Emploi En avril 2020, au début de la crise sanitaire, l’économie a perdu 1,3 million d’emplois dans l’industrie manufacturière, mais le secteur n’a cessé depuis de créer des emplois.

Le taux de chômage était de 3,7 % en août, légèrement supérieur aux 3,5 % observés avant la pandémie, et dans l’ensemble, il y avait 6 millions de chômeurs. Les demandeurs d’emploi ont eu le dessus ces derniers mois avec près de deux emplois disponibles pour chaque demandeur. En août, l’économie a créé 315 000 emplois, les employeurs continuant d’embaucher régulièrement, et l’emploi aux États-Unis est désormais supérieur à ses niveaux d’avant la pandémie. D’après les données publiées jeudi, le marché du travail reste robuste, avec néanmoins des pénuries de main-d’œuvre dans certains domaines.

Marché financier

La bourse est un indicateur économique important. Il ne reflète pas uniquement la rentabilité des entreprises, mais il indique où les investisseurs pensent que l’économie s’oriente. Le marché boursier s’est bien redressé après la pandémie, le S&P 500 atteignant continuellement de nouveaux sommets entre octobre 2020 et décembre 2021. Cependant, en raison de facteurs tels que la forte inflation et la guerre en Ukraine, les actions américaines ont fortement chuté vendredi dernier, clôturant une semaine et un mois morose.

Les trois indices majeurs de Wall Street ont nettement baissé à la clôture d’au moins 1,5 pc. Le Dow Jones a reculé de 500 points et a clôturé en dessous de 29 000 pour la première fois depuis novembre 2020. Le S&P 500 est tombé à son plus bas niveau en deux ans.

Les indicateurs économiques sont volatils. Les Américains ressentent toujours l’effet des prix du carburant et de l’essence maintenant à nouveau à la hausse après avoir baissé pendant près de 100 jours consécutifs jusqu’à la troisième semaine de septembre. Le prix moyen du gaz aux États-Unis est de 3,82 dollars le gallon (environ 3,7 litres), bien que la Californie se situe en moyenne à 6,29 dollars le gallon, ce qui a amené le gouverneur démocrate Gavin Newsome à annoncer une enquête sur le comportement des compagnies pétrolières.

La confiance des consommateurs continue malgré tout d’augmenter, selon l’indice de confiance des consommateurs publié la semaine dernière par l’organisation patronale le Conference Board. « La confiance des consommateurs s’est améliorée en septembre pour le deuxième mois consécutif, soutenue en particulier par les emplois, les salaires et la baisse des prix de l’essence », note Lynn Franco, directrice principale des indicateurs économiques de cet organisme. Un nouveau rapport du gouvernement publié en fin de semaine écoulée a montré que les dépenses de consommation et les revenus personnels avaient tous deux augmenté en août, même si l’inflation restait élevée. Bien que l’économie se soit contractée au cours des deux premiers trimestres de l’année, il ne semble pas en récession, du moins pour le moment. Mais de grandes entreprises comme Apple, Walmart et Target se préparent à une baisse anticipée des dépenses de consommation, entamant la période des soldes pour les fêtes plus tôt que d’habitude cette année.

En juillet, le président Biden a promulgué la loi historique sur la réduction de l’inflation. Depuis lors, son taux d’approbation a légèrement augmenté, passant de 36 % en juillet à 41 % en septembre. Bien que sa cote d’approbation puisse être un facteur dans l’élection des démocrates dans l’ensemble, son nom n’est pas sur le bulletin de vote en novembre. L’histoire renseigne que lors de la première élection de mi-mandat après une présidentielle, le parti majoritaire en place (les démocrates actuellement) perd des sièges. L’importance de l’économie pour les électeurs potentiels atteste qu’une rude bataille attend les démocrates. Cependant, d’autres priorités, notamment pour la base démocrate, comme l’accès au droit à l’avortement et d’autres libertés individuelles, désormais dans la ligne de mire d’une cour suprême à majorité conservatrice, pourraient favoriser davantage les chances du parti de Biden.

Nombre d’observateurs et de médias prédisent un scrutin très serré au terme duquel les démocrates allaient quand même conserver leur majorité au Sénat. Mais, à près de six semaines du vote et au vu de la situation volatile sur plusieurs fronts, le suspense reste total.

Avec MAP

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