Élections du 8 septembre: La représentation proportionnelle donne à chaque voix droit au chapitre

Par Khalid EL HARRAK

A ceux qui se considèrent moins représentés ou pas du tout, ou qui estiment qu’il est préférable d’avoir tous les courants politiques à l’intérieur des instances élues plutôt que le laminage, voire la disparition des petits partis, la représentation proportionnelle est défendue comme le seul système à pouvoir prendre en compte la voix de chacun et à offrir une solution à la montée de l’abstention.

A l’instar des dernières élections, le législateur continue de favoriser ce mode de scrutin pour l’élection des 395 membres de la prochaine Chambre des représentants, suivant le mode de scrutin de liste à la proportionnelle au plus fort reste. L’objectif étant d’assurer une meilleure représentation des différentes sensibilités politiques du pays, dont son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie, qui s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen.

Ce mode de scrutin, introduit en 2002 dans le dispositif électoral au Maroc, a l’avantage de donner une image fidèle de la carte politique et du poids réel des partis politiques engagés dans la course, en donnant plus de chance aux petites formations de siéger au sein de l’hémicycle pour peu qu’elles répondent à certaines conditions.

« L’un des atouts indéniables d’un tel mode demeure son ouverture à la représentation des corps, groupes, catégories ou genres« , a expliqué le professeur de droit constitutionnel, Mme Nadia Bernoussi, affirmant que la représentativité des femmes à la Chambre des représentants « aurait eu des difficultés à voir le jour sans le secours ou le concours de la représentation proportionnelle« .

Tout en relevant que ce mode de scrutin est réputé répondre le mieux aux normes démocratiques et être plus équitable que le scrutin majoritaire pour les petites formations politiques, la politologue estime que dans la pratique, les effets escomptés de ce mode « n’ont pas tous été au rendez vous« .

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De plus, l’objectif consistant à favoriser la référence partisane au lieu du profil personnel du candidat « n’a vraisemblablement pas fonctionné« , puisque « les petites circonscriptions avec l’effet +tête de liste+ ne s’éloignent pas dans la pratique de la philosophie sous-tendant le mode de scrutin uninominal« , explique Mme Barnoussi.

La réintroduction de la représentation proportionnelle dans le système électoral marocain a été perçue comme un remède au recul de la place des partis politiques et à l’abstention qui va en droite ligne avec l’évolution naturelle du paysage partisan. Pour le politologue Mohamed Ibrahimi, le mode de scrutin « n’est pas qu’une simple technique de calcul sans incidence sur les résultats du vote« , bien qu’a priori on peut considérer qu’il s’agit d’un mécanisme technique permettant de traduire les voix des électeurs en nombre de sièges.

La répartition au plus fort reste implique que dans chaque circonscription, les sièges non pourvus soient attribués à chaque liste selon l’ordre décroissant des suffrages inemployés après la première répartition. En effet, après le dépouillement des votes, la première opération consiste à déterminer les listes admises à participer à la répartition des sièges.

Vient ensuite la répartition des sièges au niveau de chaque circonscription électorale locale, soit 92 circonscriptions, puis l’attribution des sièges sur les listes régionales ayant pour objectif de favoriser la représentation des femmes.

Le quotient électoral, calculé désormais sur la base du nombre des inscrits sur les listes électorales selon la dernière réforme du système électoral, est de nature à contribuer à augmenter le taux de participation, à assimiler le pluralisme et à instaurer une sorte de justice électorale et de démocratie représentative, selon le professeur Mustapha Séhimi.

Pour le politologue, cette réforme du système électoral s’inscrit dans le processus historique de l’évolution du paysage politique national depuis l’indépendance, sachant que l’opération électorale marocaine a été pointée du doigt pour n’avoir pas élargi sa base électorale déjà limitée, ce qui affecte le taux de participation.

En somme, la représentation proportionnelle et le quotient électoral sur la base du nombre des inscrits sur les listes électorales ont pour vertu d’assurer une représentation plus fidèle de l’ensemble des courants de pensée ou d’opinion qui traversent le pays, d’éviter une concentration des pouvoirs entre les mains d’un petit nombre de partis et d’asseoir les bases d’une véritable démocratie participative.

Selon les données rendues publiques par le ministère de l’intérieur, le nombre d’électeurs inscrits sur les listes électorales générales après l’opération de renouvellement s’établit à 17.983.490, dont 54 % d’hommes et 46 % de femmes.

( Avec MAP )

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