Élections législatives en Inde, test majeur pour les nationalistes hindous

Les élections législatives de la plus grande démocratie du monde, qui se sont ouvertes jeudi, constituent un teste majeur pour le Premier ministre sortant Narendra Modi qui ambitionne de se faire reconduire dans ses fonctions pour un deuxième mandat sur fond de rivalité avec l’héritier de la dynastie Nehru-Gandhi, Rahul Gandhi.

Arrivé au pouvoir en 2014, le nationaliste hindou Narendra Modi brigue un deuxième mandat pour conduire un pays de près de 1,3 milliard d’habitants, le deuxième le plus peuplé au monde. Son parti Bharatiya Janata Party (BJP) a promis de faire de l’Inde la troisième économie mondiale d’ici 2030.

Le BJP s’engage pour la promotion d’une croissance tirée par l’investissement afin de construire une « nouvelle Inde » et d’en faire une économie de 10.000 milliards de dollars d’ici 2032 en cas de victoire électorale.

« Nous aspirons à faire de l’Inde la troisième plus grande économie du monde d’ici 2030. Cela signifie que nous nous engageons à faire de l’Inde une économie de 5.000 milliards de dollars d’ici 2025 et de 10.000 milliards de dollars d’ici 2032« , indique le BJP dans son manifeste électoral.

Le parti souligne que l’Inde avait été classée dans la catégorie des « cinq fragiles » en 2014, – avec la Turquie, l’Indonésie, le Brésil et l’Afrique du Sud, mais qu’au cours des cinq dernières années, le gouvernement dirigé par Narendra Modi a fait du pays une nation prospère qui est devenue la principale économie en croissance rapide du monde, bénéficiant d’une grande stabilité macroéconomique.

Le manifeste du parti nationaliste hindou fait miroiter la carte de l’amélioration du classement de la facilité de faire des affaires en Inde pour le placer parmi les 50 premiers pays du monde (contre la 77e position actuellement) et d’élaborer une nouvelle politique industrielle axée sur l’industrie 4.0 avec des technologies telles que l’intelligence artificielle et la mobilité électrique.

Pour courtiser les voix des agriculteurs en pleine crise de surendettement et de baisse de rendement, le parti au pouvoir promet de doubler les revenus agricoles d’ici 2022, d’étendre le système de subvention à tous les agriculteurs et de donner une pension aux agriculteurs de faible revenu.

Le BJP prévoit un revenu de 6.000 roupies par mois à 125 millions d’agriculteurs dans le pays en cas de victoire électorale. Il promet également de mettre en place un régime de pension pour tous les petits agriculteurs de 60 ans et plus afin de garantir leur sécurité sociale.

Toutefois, la tâche ne s’annonce pas facile pour Modi, très critiqué pour l’augmentation du taux de chômage, le fiasco de la démonétisation surprise de billets à l’automne 2016, ainsi que de l’entrée en vigueur quelques mois plus tard d’une TVA harmonisée.

Malgré un taux de croissance enviable vu de l’extérieur (6,7% en 2017-2018), celle-ci est jugée insuffisante au vu du potentiel et des besoins du géant de l’Asie du Sud.

Selon des chiffres du ministère des Statistiques, le taux de chômage en Inde a atteint 6,1% fin 2018, au plus haut niveau depuis 45 ans.

L’échec de son parti à ces élections pourrait déboucher sur le retour au pouvoir du parti du Congrès, formation qui a dominé la politique indienne depuis l’indépendance en 1947.

Rahul Gandhi, qui incarne l’avènement d’une nouvelle génération de la célèbre dynastie politique des Nehru-Gandhi, espère vaincre son rival redoutable et redorer le blason de son vieux parti du Congrès.

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Le chef du congrès a promis, lors de la compagne électorale, de garantir un revenu minimum de 72.000 roupies (923 euros) par an aux pauvres en cas de victoire.

« Si le parti du congrès arrive au pouvoir, les 20% de familles les plus modestes de l’Inde auront un revenu de base de 72.000 roupies par an garanti par l’État« , a-t-il assuré.

Environ 50 millions de familles, soit quelque 250 millions de personnes, bénéficieraient de cette mesure destinée à lutter contre la pauvreté en Inde, a indiqué le chef du Congrès.

Il a aussi indiqué que l’État compléterait les revenus des ménages les plus modestes pour que chacun atteigne la barre de 72.000 roupies par an. Le montant sera transféré directement sur les comptes des pauvres, a-t-il précisé lors d’un meeting à New Delhi.

Qualifiant le chômage de « défi le plus grave de notre pays« , M. Gandhi a promis également de donner « la plus haute priorité à la protection des emplois existants et la création de nouveaux emplois« , notamment avec l’instauration d’un nouveau ministère de l’Industrie, des Services et de l’Emploi.

Le programme du Congrès prévoit aussi un budget à part pour plus de 260 millions d’agriculteurs indiens, dont beaucoup sont mis en difficulté par des prix minimum garantis qu’ils jugent trop bas, des mauvais rendements de cultures et le surendettement.

Le parti a également promis de promulguer la loi sur le droit aux soins de santé et de garantir à chaque citoyen un diagnostic gratuit, des soins ambulatoires, des médicaments gratuits et une hospitalisation, par le biais d’un réseau d’hôpitaux publics et d’hôpitaux privés.

M. Gandhi a aussi indiqué qu’un tiers des emplois gouvernementaux et des sièges au Parlement serait réservé aux femmes en cas de victoire aux élections législatives de son parti.

« Une fois revenu au pouvoir, le parti du Congrès (principale force de l’opposition) réservera 33 % des postes dépendant du secteur gouvernemental aux femmes et fera voter une loi pour imposer le même quota en ce qui concerne les sièges à la Lok Sabha, chambre basse du Parlement national« , a-t-il souligné.

Il accuse son adversaire Modi de n’avoir produit durant ses cinq ans de mandat que « promesses grandioses, slogans vides, programmes ratés et fausses statistiques« .

Le scrutin de 2019 se déroule en sept phases, du 11 avril au 19 mai, les régions votant à tour de rôle, alors que le dépouillement des votes sera effectué le 23 mai.

La première phase débutée jeudi se déroule dans 91 circonscriptions (sur 543 circonscriptions au total), réparties dans 20 États et Territoires de l’Inde. S’agissant du nombre total d’électeurs, il devrait se situer autour de 900 millions, soit plus de 83 millions par rapport au dernier scrutin de 2014.

Ces élections, qui devront décider du sort du prochain gouvernement, permettront de désigner pour les cinq prochaines années les 543 députés de la Lok Sabha, chambre basse du Parlement indien.

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