EnR: Des projets ambitieux qui se heurtent aux défis de la gouvernance

Le Maroc se positionne, depuis quelques années, comme un véritable pionnier des énergies renouvelables en Afrique. Un fort potentiel à même de lui permettre d’assurer sa transition énergétique, mais aussi sa croissance économique. Ainsi, l’expérience marocaine en matière des EnR est devenue l’exemple à suivre notamment dans la production de l’hydrogène vert. Une alternative propre aux combustibles fossiles susceptible de faire gagner à l’Afrique,1000 milliards d’euros, par an, à partir de 2030. Des projets ambitieux qui se heurtent toutefois aux défis de la gouvernance.

L’expérience du Maroc dans le domaine des énergies renouvelables est de nouveau mentionnée comme un exemple à suivre. C’est d’ailleurs ce qu’a indiqué le directeur général des Energies renouvelables et de l’hydrogène au ministère de l’Energie et des Mines d’Oman, Abdulaziz Al Shidhan, lors d’une conférence de presse internationale organisée le 26 décembre 2022.

En effet, le royaume a placé, depuis bien des années, la transition énergétique au centre de ses préoccupations conformément à la vision clairvoyante du Roi Mohammed VI. Dans ce sens, le Maroc n’a cessé d’œuvrer pour le déploiement d’une nouvelle source d’énergies propres, à savoir l’hydrogène vert considéré comme une clé de voute de la transition verte du royaume.

Voici donc ce qui a permis au Maroc de se positionner, selon le Conseil international de l’Energie (World Energy Council), parmi les six pays disposant de forts potentiels en matière de production et d’exportation de l’hydrogène vert et de ses dérivés.

Compte tenu de toutes ces potentialités, plusieurs pays européens ont exprimé leur disposition à consolider leur partenariat énergétique avec le Maroc. La ministre belge de l’Energie, Mme Tinne Van Der Straeten, l’a d’ailleurs souligné clairement lors du Sommet « World Power-to-X Summit », tenu du 22 au 24 juin 2022 à Marrakech. Mais pas que, le monde arabe semble également intéressé par les richesses dont regorge le Maroc, d’autant plus que ce dernier a mis en place un modèle énergétique qui vise à produire de l’hydrogène vert à travers notamment les EnR.

En effet, lors de la conférence internationale du 26 décembre, Abdulaziz Al Shidhan a bien tenu à mettre l’accent sur l’engagement d’Oman à coopérer avec le Maroc dans ce secteur et de communiquer encore plus avec Rabat à ce sujet.

1000 milliards d’euros d’investissement par an 

Crise énergétique, sécheresse, problèmes climatiques… multiples sont les crises qui ont fortement augmenté la demande en hydrogène vert au cours des douze derniers mois. Ainsi, l’Afrique pourra gagner 1000 milliards, par an grâce à la production d’hydrogène vert, selon les projections de la Banque européenne d’investissement (BEI).

En effet, d’après une étude réalisée en partenariat avec l’Alliance solaire internationale et l’Union africaine, le Maroc, la Mauritanie, l’Afrique australe et l’Égypte représentent un potentiel extraordinaire de 1.000 milliards d’euros d’investissement pour la production de 50 millions de tonnes d’hydrogène vert par an d’ici 2035 à un coût compétitif.

Problème de gouvernance

Certes, le Maroc continue toujours de déployer ses efforts dans la trajectoire de la transition énergétique. De multiples actions sont d’ailleurs entreprises et diverses stratégies ont été mises en place afin de garantir un modèle énergétique qui allie durabilité, inclusion et innovation.

L’ambition est bien là et nul ne peut la réfuter. Toutefois, force est de constater que cette volonté se heurte toujours à certains obstacles et contraintes qui entravent l’application effective des projets ambitieux. En effet, ces derniers accusent encore un retard qui serait dû notamment, au problème de gouvernance, selon Anas Abdoun, analyste en prospective économique et géopolitique chez Stratas Advisor.

En effet, l’analyste pointe du doigt une mauvaise gouvernance. Les forts potentiels solaire et venteux du Maroc attirent de multiples investisseurs mais qui portent parfois des projets contradictoires. Chose qui ralentit considérablement la prise de décision politique.

« Le ministère de l’Industrie s’intéresse à l’hydrogène vert pour décarboner son industrie. Le ministère de l’Énergie parle d’exporter l’hydrogène vert comme une matière première, là où l’OCP veut l’utiliser comme source de production d’Ammoniac…Les agences et les ministères, bien qu’ils semblent de bonne volonté, marchent sur les plates-bandes les uns des autres. » a-t-il expliqué. Soulignant, par ailleurs, que la volonté d’intégrer l’ensemble de la chaine de valeur de l’hydrogène devra s’accompagner de la priorisation stratégique des projets. Mais aussi de la chronologie de leur mise en œuvre en fonction des besoins économiques et l’État et du marché de l’énergie.

Anas Abdoun a, par ailleurs, mis l’accent sur le caractère nouveau des EnR. Soulignant que le lancement dans le secteur des énergies propres nécessite au préalable une phase d’apprentissage aussi bien pour les institutions publiques et investisseurs que pour les entreprises spécialisées dans le secteur. Chose qui pourrait retarder la mise en place des projets.

Les énergies renouvelables et l’hydrogène vert devront ainsi s’inscrire dans une vision globale intégrée aux besoins industriels.

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