Entre hausse des prix et manifestations, la tension reste stable

La flambée des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l’énergie et les perturbations des importations de blé dues à la guerre d’Ukraine pèseront sur la balance commerciale du Maroc. Cependant, les exportations marocaines de phosphates compenseront en partie l’augmentation des importations, car les prix des engrais ont encore augmenté en raison d’une pénurie mondiale résultant des sanctions imposées à la Russie.

Dans un contexte de flambée des prix, les recettes touristiques seront probablement plus élevées en 2022, mais inférieures au niveau d’avant la pandémie, selon l’agence de notation Fitch Rating. Le déficit du compte courant se réduira à 3,7 % en 2023, à mesure que les prix des produits de base baissent et que les exportations continuent d’augmenter avec les revenus du tourisme. Ainsi, le stock de réserves de Bank Al-Maghrib (BAM) chutera en 2022 de 34,4 milliards de dollars fin 2021, mais restera au-dessus de cinq mois de paiements extérieurs actuels, selon l’agence américaine.

Cette situation qui touche au-delà du Maroc tous les pays du monde conduit à une pression inflationniste. En 2021, au Maroc l’inflation a été en moyenne de 1,4 %. Au 1T 2022, l’inflation s’est accélérée à 4 % en glissement annuel en moyenne, reflétant la hausse des prix de l’alimentation, de l’énergie et des transports. Aujourd’hui, une inflation moyenne de 4,7 % en 2022 pour le Maroc, avant de redescendre à 2,0 % en 2023, mais ces indicateurs comportent des risques à la hausse. En mars, BAM a décidé de maintenir son taux directeur à 1,5 % pour soutenir l’économie et atténuer les effets d’un environnement international défavorable. Si les pressions inflationnistes persistent, BAM pourrait resserrer sa politique monétaire en 2022.

Par ailleurs, le choc des prix des matières premières conduit à une situation vulnérable pour le Maroc, suite aux fluctuations des prix des matières premières. Le Royaume importe 90% de ses besoins énergétiques, et depuis que l’Algérie a fermé l’accès au gazoduc GME, le pays dépendra davantage du charbon ou des produits pétroliers pour la production d’électricité. Les importations d’énergie ont représenté 6,3% du PIB par an sur la période 2017-2021.

→ Lire aussi : Comment aboutir à une souveraineté alimentaire en céréales ?

Hausse de la tension sociale

C’est un contexte où le gouvernement tente la maîtrise des fluctuations avec une série de subventions notamment pour les transporteurs, compte tenu de la fluctuation des prix du carburant, mais aussi de la hausse des céréales résultant de la situation en Ukraine.

Malgré cette nouvelle stratégie du gouvernement d’absorber la hausse, le mouvement « Front socialiste » a voulu rappeler au gouvernement la tension économique des ménages, qui ne supportent plus la hausse des prix. Mes autorités de Casablanca ont décidé d’interdire les manifestations qui étaient prévues le 29 mai 2022. Le front avait appelé à une participation massive au mouvement de protestation qu’il envisageait d’organiser place de la Victoire à Casablanca contre la hausse des prix.

Quelques heures après l’annonce de la manifestation, le Front socialiste a annoncé, dans un communiqué, avoir reçu un ordre des autorités interdisant la manifestation pour des raisons de maintien de la sécurité et de l’ordre publics. En réponse, le front qualifie cette interdiction de « répression sur les droits et la liberté ».

Des manifestations malgré l’interdiction

Bien que les autorités aient interdit les manifestations et les rassemblements, ils se sont déroulés sous une forme restreinte. Au moins plusieurs centaines de participants ont vu les photos des organisateurs sur les réseaux sociaux. La manifestation était accompagnée par les forces de sécurité, qui ne sont pas intervenues pour disperser le rassemblement. Dans l’ensemble, il est resté pacifique.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page