“État-pivot” ou “État défaillant” ? Une virée dans les labyrinthes de l’Algérie (2)

Un pays qui aurait pu être ce qu'il ne pourra jamais devenir

Par Kamal F. Sadni

(Gėopoliticien)

 « État défaillant » : De la souffrance acquise

Quand la question du réchauffement climatique s’est posée, les dirigeants de ces pays n’y avaient pas prêté attention. Quand celle de la transition énergétique s’est inscrite sérieusement dans l’agenda des politiques de développement et du progrès humain pour les décennies à venir, ils ont ricané à pleines dents. Justement, comme l’avaient fait des industriels britanniques quand Winston Churchill s’est acclamée : « Majesty itself was the prize of the venture », en décidant de changer le cap de l’industrie pour la débarrasser de la malédiction du charbon et embarquer dans l’aventure du pétrole comme substitution laborieuse au départ, mais inévitable et heureuse à l’arrivée (D. Yergin, 1992). Bien que l’engagement de Churchill sur la voie du pétrole ait été dramatique dans la transformation de la géopolitique de l’Europe, de la Russie et du Moyen Orient, il démontrait l’intelligence d’une vision et la pertinence d’une visibilité.

La malédiction du pétrole, mais aussi la boulimie hégémonique et le monopole de la vérité-illusion. Le bilan de tous ces pays pétroliers qui avaient cru en l’invincibilité de leur arme énergétique est décevant. Ils se font, à quelques exceptions près, petits et moins compétitifs. L’Algérie en fait partie.

Il en résulte la situation actuelle dans une Algérie qui fait de la fierté, même dans le tort, son sacerdoce et sa raison d’être. La maison prend feu ! Pas de problème. L’énergie fossile sera bientôt un souvenir ! Pas de problème. Les voisins, avec les moyens du bord, avancent ! Pas de problème. Une énergie à se masquer la réalité qui frise le ridicule.

Eh bien, si on jette un coup d’œil sur les réalisations algériennes en matière du développement humain durable ou on examine les réponses aux attentes sociales et politiques, on ne découvre pas grand-chose. Il suffit de lire les rapports des organisations internationales et les études et articles rédigés par des spécialités. Des analyses pertinentes et posées (y compris celles produites par des Algériens) que les autorités algériennes ne peuvent accuser d’être des comploteurs (A. Lahouari, 1998 et M. Goumiri, 2018).

La pandémie Covid-19 peut être qualifiée de coup de grâce pour une oligarchie au pouvoir qui, au lieu de trouver des solutions, tire sur tout ce qui bouge. Pour ne pas faire tourner le couteau dans la plaie, on laissera à qui le souhaiterait le choix de consulter les dizaines d’écrits sur le sujet. Mais on ne peut pas ne pas se référer à cette humiliation faite au pays d’un million de martyrs dont le gouvernement accepte une assistance d’un mouvement dissident. Un mouvement qu’il abrite sur une partie de son territoire, qui puise dans le budget de l’État algérien et vit de l’assistance internationale intéressée. Ce mouvement, en souffrance de tous, décide de venir en aide aux victimes des feux de forêts qui ont ravagé le pays, dont la Kabylie. Une mise en scène insipide.

Ce gouvernement qui refuse, par la même occasion, une aide symbolique d’un pays voisin, la Mauritanie ; un refus perçu par Nouakchott comme une insulte. Et pour comble, il accepte une aide fournie par la France ; cet ancien colonisateur, qui, devant la carence des décideurs algériens, se porte aux secours du peuple algérien. Le libellé est révélateur ; ce n’est pas une assistance à la demande des détenteurs du pouvoir. Et ce refrain « Exigence du pardon et des excuses » pour crimes commis lors de la colonisation ? Bouches cousues. Même en faisant de la géopolitique, l’oligarchie au pouvoir fait montre d’un strabisme hallucinant. Une suite de comportements qui traduit la panique décrite par Sartre.

Et c’est dans cet esprit qu’il faut lire l’inscription du principe de l’autodétermination dans la Constitution algérienne adoptée en 2020. Une introduction qualifiée par des juristes algériens de trouvaille de génie dans la consolidation de la position algérienne sur la question du Sahara marocain.

Une subtilité qui s’est ajoutée à celle de l’autorisation donnée désormais à l’armée nationale populaire de se déployer en dehors des frontières nationales. Jubilation démesurée et carrément infantile ! Les juristes algériens n’ont pas médité la morale du Talon d’Achilles (une grande force et une faiblesse fatale selon la légende distillée dans l’Achillėide de Stace), et encore moins l’arme à double tranchant que recèle toute règle juridique.

L’introduction du principe de l’autodétermination dans la Constitution algérienne (art. 32, p. 11, Bulletin Officiel du 15 Joumada El Oula, 1442-30 décembre 2020) aurait été inspirée par les expériences mexicaine et brésilienne, sauf que les législateurs de ces pays ont assorti ce principe de garde-fous, certes discutables, mais tirant leur légitimité de la préexistence de structures étatiques indéniables. Ce n’est pas le cas de l’Algérie.

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L’article 32 dit en substance : « L’Algérie est solidaire de tous les peuples qui luttent pour la libération politique et économique, pour le droit à l’autodétermination et contre toute discrimination raciale ». C’est un article bourré d’explosifs dans la mesure où l’expression ‘autodétermination’ est suivie de ‘contre toute discrimination raciale’, deux affirmations qui se retourneront contre l’Algérie, comme on l’expliquera plus loin.

Pour mémoire, s’il n’y avait pas eu une grande mobilisation en Algérie et à l’étranger, la Constitution allait comprendre une disposition sur la déchéance de la nationalité pour actes terroristes présumés perpétrés par des opposants en exil. La discrimination mélangée au déni du droit politique à la contestation pacifique dans leur superbe. Un peu plus l’Algérie n’allait créer un précédent dans la fabrication d’apatrides nouvelle génération.

La gymnastique juridique algérienne rappelle la trilogie (Terra Nullius, droits historiques et autodétermination) de Mohammed Bedjaoui en 1974 à l’occasion de son plaidoyer en faveur de l’Algérie sur la question du Sahara marocain. Un plaidoyer, quoique vieux de plus de quatre décennies, qui risque de se retourner contre l’Algérie dans plusieurs parties du pays à commencer par la Kabylie et le sud sur les frontières avec le Mali et le Niger (K.F. Sadni, août 2021).

Cependant, plus dramatique encore est la myopie géopolitique des rédacteurs de l’article 32 de la Constitution qui n’auraient pas imaginé le retour de manivelle des principes juridiques qui avaient, dans le temps, fait leur bonheur. Et c’est encore ce principe de l’autodétermination qui va leur faire mal.

Preuve en est cette annonce de la fin des travaux de bornage des frontières entre l’Algérie et « la pseudo-rasd », concomitamment à la réunion du Haut Conseil de Sécurité. Pourquoi l’Algérie devrait le regretter ? Pour plusieurs raisons. Elle met la tête à la merci de ses protégés du polisario qui sont installés à Tindouf. Comment ? Voilà une entité créée de toute pièce par l’Algérie (qui n’est plus reconnue que par une poignée de pays) qui dispose désormais d’un territoire, d’une population et d’une structure politique. Les locataires de Tindouf, dont une grande partie de subsahariens dont les enfants ont grandi là-bas, qui sont habitués aux slogans d’une existence aléatoire, devraient bien fêter leurs victoires imaginaires quelque part. Provinces du Sud ? Même pas dans une autre vie. La Mauritanie ? Il faut rêver. Pas mieux qu’à Tindouf. Et voilà le constat limpide de l’arroseur arrosé.

L’Algérie, qui refuse d’autoriser le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à recenser les populations des camps de Tindouf, aurait du mal à se débarrasser de gens qui n’ont nulle part où aller. Il en découle qu’en vertu du principe de soutien de l’Algérie au ‘droit des peuples à disposer d’eux-mêmes’, les populations de Tindouf qui disposent, du reste de la nationalité algérienne -pour avoir participé aux différentes échéances électorales- peuvent décider de s’autodéterminer là où bon leur sied, réclamer le droit de voir leur structure s’épanouir et avoir, enfin, quelque chose à se mettre sous la dent.

Si l’Algérie rechignait, il y aurait d’autres soutiens. Pourquoi pas l’Iran, qui aurait pris la place de Cuba dans la formation d’éléments du polisario aux techniques de guérillas et autres pratiques de sabotage ? Bientôt, ce mouvement aurait son ‘Hachd Ach-chaabi’ qui commencerait d’abord par morceler l’Algérie qui aurait dans quelques années ‘ses Husseiynitates‘ et ses fêtes religieuses qui poseraient une question identitaire et existentielle au peuple algérien.

Exagérions-nous le scénario ? Pas du tout. Comble d’ironie, l’Algérie, qui a été créée par la France à partir de 1830, aura mis 132 ans pour voir se constituer son premier État indépendant. Le Protectorat français sur le Maroc a duré 44 ans, sans que la continuité de l’État marocain soit entachée. La ‘pseudo-rasd’ créée par l’Algérie (et la Libye) est installée à Tindouf depuis 47 ans.

La magie des chiffres fait que 44 ans de présence française n’ont pas pu faire disparaitre le Maroc impérial, alors que 47 ans d’existence éphémère d’une entité éphémère vont participer au morcellement de l’Algérie qui, à défaut de méditer l’histoire, sera sa risée. Tout cela à cause de la malédiction du chiffre 32 (trônant dans la durée de la colonisation (132) et dans le mécanisme de la décomposition programmée par inadvertance (32) ou par une lecture louche de la géopolitique).

L’ironie du sort, c’est aussi deux dates importantes dans la guerre que l’Algérie livre au Maroc : deux défaites de l’armée algérienne respectivement à Amgala en 1976 et à Bir Anzarane en 1979, au lendemain de l’abandon par la Mauritanie, sur instigation de l’Algérie, d’Oued Eddahab avec l’objectif d’en faire la capitale de la ‘pseudo-rasd’.

L’intervention de l’armée algérienne en soutien aux éléments du polisario aura été le constat d’une obsession de leadership qui s’est enfouie dans le sable du Sahara marocain. Curieux épilogue, de surcroît, est de voir tous les stratagèmes de l’institution militaire et des politiques algériens tomber dans l’eau sans recevoir un soupçon d’iode de l’Océan atlantique.

La course contre la montre pour faire signer aux pays voisins (Mauritanie, Mali, Niger et Tunisie) des accords frontaliers en 1983, entérinant le fait accompli du tracé injuste des frontières héritées de la colonisation, sera identique, mais  dans le sens inverse. On comprendra mieux la proposition du partage du territoire faite en 2002 faite par Abdelaziz Bouteflika à James Baker, Envoyé Spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara lors de son déplacement à Huston.

 Le moment de vérité est arrivé pour que l’Algérie comprenne la signification réelle des principes de l’autodétermination, de l’intégrité territoriale ou du jargon de l’intangibilité des frontières. A force d’être boulimique, l’Algérie va finir peau de chagrin.

La réinvention de l’histoire peut épater la galerie des apologistes, mais pas les historiens, les politicologues ou les planificateurs politiques et stratégiques aguerris. Et les feux de forêts en Kabylie, bien qu’ils soient la conséquence du réchauffement climatique, peuvent ne pas être juste un mauvais souvenir pour l’Algérie. Des pays européens et nord-africains en sont victimes, y compris le Maroc, accusé par le Haut Conseil de Sécurité algérien d’être le pyromane de service. Ces pays étaient préparés. Pas l’Algérie.

Des sapeurs-pompiers pyromanes

Alors, la question demeure la même : L’Algérie est-elle un « État-pivot » ou un « État défaillant » ? On coupera la poire en deux et on dira que l’Algérie serait « un État défaillant en devenir ou un projet d’État défaillant« , à moins d’un sursaut autocritique et non pas une fierté pyromane qui rappelle la mentalité des maquisards friands de la terre brûlée que les décideurs algériens n’arrivent pas à liquider. Comment ? Simple. Il faut faire comme un certain nombre de pays africains qui ont obtenu des résultats impressionnants.

La solution aux problèmes de l’Algérie se trouverait dans la libération de la structure mentale de l’institution militaire et d’une grande partie de la classe politique du syndrome de l’ennemi intérieur manipulé par l’ennemi extérieur. Mieux encore, les décideurs algériens gagneraient à s’inspirer du Rwanda qui a tourné, de belle manière, la page de la guerre civile et du génocide. Ils peuvent demander conseil auprès de l’Afrique du Sud qui a tourné la page de l’apartheid (bien que des séquelles subsistent, mais ne menacent pas la stabilité du pays). Ils peuvent aussi (pourquoi pas) étudier l’expérience du Maroc qui a tourné la page des années de plomb et décidé de se regarder dans une glace pour corriger les anomalies et prendre ses responsabilités sur la voie du développement participatif ?

A moins que la structure mentale des décideurs algériens ne perçoive tout ce qui se réalise chez les pays voisins, le Maroc et la Tunisie, comme un danger pour la révolution algérienne ! Ce serait comme effacer de la mémoire historique algérienne les rappels, à n’en point finir, de la contribution de ces deux pays à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie !

La fierté, dont s’enorgueillissent les Algériens, est un sentiment noble, encore faut-il qu’il s’exprime dans le bon sens. Oui, il est à craindre que l’Algérie ne soit sur la voie de devenir un « État défaillant« . Un État dont les décideurs cherchent des boucs émissaires partout, qui sont plus rapides que leurs ombres dans l’invention des alibis pour se déculpabiliser. Un pays qui constate une pénurie de la plupart des denrées, besoins élémentaires et vitaux de la population. Un pays qui ne reçoit plus (ou peu) d’investissements étrangers, alors que les investisseurs sur place songent à plier bagages – s’ils ne l’ont pas déjà fait. Un gouvernement aux abois qui ordonne à des entreprises nationales de ne plus faire d’affaires avec des entreprises marocaines, alors que la balance commerciale est en faveur de l’Algérie. Un pays qui a cru que la configuration géopolitique des années 1990, qui l’avait placé, théoriquement, dans la case des « État-pivots« , allait être un atout tangible éternellement renouvelable.

En somme, des décideurs qui vivent dans la nostalgie de ‘L’axe Alger-Abuja-Pretoria’. Des décideurs qui n’arrivent pas à comprendre que l’Afrique du Sud, qui est contrôlée par les multinationales (qui font les affaires et construisent véritablement le pays et laissent le triomphalisme idéologique s’égosiller au sein du Congrès national africain-ANC) voit désormais le Maroc comme un compétiteur et non plus comme un rival viscéral. Les Africains du Sud, qui souffrent eux aussi du syndrome d’une histoire compliquée dans laquelle les complots de palais et les trahisons de toutes sortes n’ont pas encore été soldées, sont conscients que le Maroc est un passage obligé pour les affaires dans le continent. Ils viendront, tout ou tard, frapper à la porte du Maroc.

Tout comme le Nigéria. Abuja a compris, elle aussi, que la géopolitique, surtout celle de l’énergie, a changé. La transition énergétique, mais aussi les besoins de nourrir sa population de 219 millions environ. Alors, le Nigéria se rapproche du Maroc. Elle laisse les jérémiades populistes aux professionnels en la matière qui ne sont plus pignon sur rue. Le Nigéria, en bonne intelligence avec le Maroc, embarque en 2016 dans un projet gigantesque de construction de gazoduc reliant quatorze pays africains, parce que le pays dispose de planificateurs politiques et stratégiques dignes de ce nom.

 Le Nigéria a constaté que le projet initial (gazoduc Nigéria-Algérie) ne pourrait jamais voir le jour. Non seulement parce que l’Algérie ne pourrait pas mobiliser le financement nécessaire, mais parce que ce n’est pas un projet fédérateur s’inscrivant dans la logique derrière la constitution de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, comme le Maroc défend grâce à une politique africaine participative et inclusive. Par ailleurs, le gazoduc passerait par un espace où végètent des réseaux de terrorisme et du crime organisé, dont des mouvances inféodées aux services secrets algériens ou étrangers.

Et puis, dans l’état actuel des choses, l’Algérie a du mal à contracter des prêts, même auprès des institutions financières internationales les plus robustes. Et tous les économistes se rappellent de cette nouvelle doctrine algérienne, sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika qui, en 2000, rembourse d’un seul coup la dette globale de l’Algérie auprès de ses créanciers bilatéraux et multilatéraux de 12.1 milliards de dollars.

Ceci, parallèlement à l’effacement, entre 2010-2013, de la dette de certains pays africains de 1,4 milliards de dollars, puis plus tard,  de 902 millions de dollars pour les soudoyer à soutenir la position de l’Algérie dans l’affaire du Sahara marocain. Et pas seulement cela, car la générosité algérienne s’expliquait aussi par l’absence de projets intranationaux, où il était possible d’injecter les milliards générés par la manne pétrolière. Sans oublier naturellement la question des monopoles.

Maintenant, même les alliés d’hier s’interrogent sur la situation financière réelle d’un pays qui se vante d’être une puissance régionale et qui n’arrive même pas à honorer, par exemple, la facture de la formation pendant des décennies d’étudiants et d’éléments originaires des camps de Tindouf à Cuba. Cuba aurait réclamé, en 2019, le paiement d’une facture estimée à 480 millions de dollars pour des services rendus de quelques mois seulement.

On n’en sait rien sur des factures potentielles dont le paiement serait réclamé par d’anciens pays de l’Est ou d’Amérique Latine. Ceci sans parler de l’utilisation, depuis quelques années, de moyens de diversion pour empêcher le retour de certains éléments à Tindouf de peur qu’ils ne partagent leur prise de conscience de la futilité d’un combat perdu d’avance avec les autres séquestrés. Nombreux sont ceux qui deviennent des immigrés en Europe, notamment en Espagne.

Un pays qui rappelle son ambassadeur pour consultation, à la suite de la publication d’un article critiquant la mauvaise gestion ou le cheminement du pays vers des lendemains obscurs, est un pays qui se nourrit de sa fragilité et augmente sa vulnérabilité. Plus précisément, le pays qui rappelle son ambassadeur pour consultation et menace de rompre les relations diplomatiques, à la suite d’un droit de réponse de la diplomatie marocaine à la diplomatie algérienne, en juillet dernier, fait preuve d’une nervosité hallucinante. Pourrait-il récidiver avec la France ? En effet, l’oserait-il, après l’organisation à Paris, il y a quelques jours, d’un rassemblement de Kabyles pour s’interroger sur l’identité des véritables commanditaires des feux de forêts en Kabylie et réaffirmer leur droit à ne plus faire partie de l’Algérie ?

L’ambassadeur algérien pourrait-il écrire une lettre à un organe de presse (comme il l’avait fait avec le quotidien Le Monde, le 6 juin 2021), à la suite de la publication, la veille, d’un article d’opinion sous le titre ‘L’Algérie dans l’impasse autoritaire’ en prévision des élections législatives du 12 du même mois ?

Le problème de l’Algérie, selon Mohammed Harbi, c’est la confusion entre l’histoire du FLN et l’histoire de l’Algérie’ (M. Harbi, 2015). On peut y ajouter, que dans leurs efforts de s’inventer une légitimité post-décennie noire, les ‘usurpateurs’ de la légitimité populiste révolutionnaire du FLN, déjà remise en cause, se sont mis à la tâche en vue d’inventer l’histoire de l’Algérie en brassant large dans des matériaux controversés. En échouant, ils ont imputé leur échec au refus qui leur était administré d’accéder aux archives qui seraient scellées hermétiquement dans les coffres de l’ancien colonisateur.

Les décideurs algériens ont un problème de logiciel. En politique étrangère, ils doivent se rendre à l’évidence que l’Algérie a perdu la guerre du Sahara. La main tendue du Maroc est une chance pour qu’ils se remettent du chaos dans lequel ils ont plongé le pays depuis bientôt cinq décennies. Le Maroc leur offre la chance de la complémentarité et de l’intégration régionale face aux groupements économiques lesquels, malgré des difficultés de passage, progressent pour le bien de leurs peuples.

Cependant, même s’ils reviennent à la raison, les décideurs algériens doivent accepter le fait qu’ils ont accusé beaucoup de retard par rapport à certains pays en développement, notamment le Maroc. Ils doivent se mettre à niveau. Cela risque de prendre autant de décennies que la période durant laquelle ils ont semé la zizanie en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. « État-pivot » ou « État défaillant » ? L’embarras du choix est une insulte à l’intelligence des planificateurs politiques avertis et un embrassement à l’entendement des planificateurs dindons de la farce.

Notes

– Chase R., Kennedy P. & Hill E.: ‘The Pivotal States and the U.S Strategy’, Foreign Affairs, January/February, Vol.75 No 1, 1996): 33-51.

– Harbi Mohammed : Entretien avec Houda Ben Hamouda Rodi Moder, in MATIERE POUR L’HISTOIRE DE NOTRE TEMPS, 2015/3-4 (No 117-118) p.57-64.

– Hemingway Ernest: ‘The Old Man and the Sea’, Charles Scribner’s Sons, New York, 1952.

– Hitchcock Alfred: ‘Birds’, film en noir et blanc, 120 minutes, 1963.

– Lahouari Addi: ‘Algeria’s Army, Algeria’s Agony’, Foreign Policy July/August, 1998: 44-53.

– Goumiri Mourad : ‘Pourquoi Bouteflika est poussé vers un cinquième mandat ?’, Middle East Eye, November 21, 2018.

– Rotberg Robert I. ‘Failed States in a World of Terror’, Foreign Affairs July/August, Vol. 81 no 4, 2002: 127-140.

– Sadni Kamal F. : ‘La manipulation du droit international’, Maroc Diplomatique, 02 août, 2021.

———————– : ‘Allemagne-Algérie : réinvention laborieuse ‘des coups marchandages-attention-quémandée’, Maroc Diplomatique, 17 août 2021.

– Sartre Jean-Paul : ‘Huis clos’, pièce de théâtre, créée le 27 mai 1944, jouée au Théâtre du Vieux-Colombier et publiée par les éditions Gallimard en 1947.

– Yergin Daniel: ‘The Prize: The Epic Quest for Oil, Money & Power’, A Touchstone Book, Published by Simon & Shuster, 1992.

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