Ethiopie: des restrictions imposées durant l’état d’urgence pour une durée de six mois

 La possession d’armes dans les lieux publics ou le transfert d’armes à feu à un tiers ainsi que le soutien à des activités qui nuisent à la paix et au bien-être des citoyens font partie des activités limitées pendant l’état d’urgence, rapporte la radio d’Etat Fana, citant le directeur du Poste de commandement créé pour surveiller la mise en place de la loi martiale pour une durée de six mois, décrétée, vendredi dernier, par le gouvernement éthiopien.

Décidé, selon le gouvernement, en raison du risque de nouveaux « affrontements sur des lignes ethniques », de la nécessité de protéger l’ordre constitutionnel et de préserver le pays du « chaos et du désordre », l’état d’urgence prévoit aussi l’interdiction des manifestations, selon la même source.

Lors de l’annonce, mercredi, des détails sur des restrictions imposées durant l’état d’urgence, Siraj Fegessa, secrétaire au Poste de commandement et ministre Ethiopien de la Défense, a également présenté les actions et les mesures qui seront prises contre tout individu ou groupe violant les directives.

Cette mesure interdit entre autres toute déclaration relative à la sécurité sans l’autorisation du Poste de commandement, la publication d’informations erronées contredisant la loi et les directives émises par le Poste de commandement et le port d’armes dans les régions non-autorisées du pays.

L’état d’urgence, en vigueur depuis le 16 février, comprend également des couvre-feux empêchant la circulation des individus autour de certaines infrastructures, des zones d’investissement et d’autres lieux. Le Conseil national de sécurité d’Ethiopie a récemment appelé les citoyens du pays à respecter l’état d’urgence.

Selon M. Fegessa, l’état d’urgence pourra être prolongé si les résultats escomptés ne sont pas atteints.

Cette mesure intervient au lendemain de la démission du Premier ministre éthiopien, sous pression au sein de la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF) et emporté par une crise politique marquée par des manifestations antigouvernementales sans précédent depuis un quart de siècle.

Le mouvement de protestation avait débuté fin 2015 en région Oromo (sud et ouest), la plus importante ethnie du pays, puis s’était étendu courant 2016 à d’autres régions, dont celle des Amhara (nord). Sa répression a fait au moins 940 morts, selon la Commission éthiopienne des droits de l’Homme.

>>Lire aussi :Indonésie: Onze personnes portées disparues et 14 blessés dans un glissement de terrain

Un calme relatif n’était revenu qu’avec l’instauration d’un état d’urgence entre octobre 2016 et août 2017 et au prix de milliers d’arrestations.

Ces manifestations étaient avant tout l’expression d’une frustration des Oromo et des Amhara, qui représentent environ 60% de la population, face à ce qu’ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), la coalition qui renversa le dictateur Mengistu Hailé Mariam en 1991.

Les manifestants dénonçaient également une limitation des libertés individuelles et un déséquilibre dans le partage des richesses.

Ces dernières semaines, les autorités éthiopiennes ont toutefois libéré des centaines de prisonniers – dont des figures de l’opposition et des journalistes – et abandonné des poursuites, à la suite de la promesse du Premier ministre, le 3 janvier dernier, de libérer un certain nombre d’hommes politiques pour « améliorer le consensus national ».

Le Premier ministre éthiopien doit rester en poste jusqu’à la désignation de son successeur.

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