Face au spectre de sécession, le Cameroun préconise un dialogue consensuel et inclusif

Othman Semlali

Le spectre d’une sécession menaçant son intégrité territoriale et son unité nationale, le Cameroun en appelle à une concertation sous l’égide panafricaine. La crise dans les zones anglophones du Cameroun continue de susciter les inquiétudes des observateurs et de la communauté internationale.

Dans la foulée de cet intérêt grandissant pour ce pays africain, le Forum Africain, une plateforme regroupant d’anciens Chefs d’Etat et de gouvernement africains ainsi que d’autres personnalités du Continent de premier rang, a formulé, tout récemment, le vœu le plus ultime en faveur de la tenue d’un Colloque dédié au Cameroun pour débattre de sa situation et explorer des voies de sortie de crise.

L’idée d’un Colloque dédié au Cameroun émane du fait que le Forum Africain qui a pour mission de soutenir l’action de l’Union Africaines (UA) dans le cadre des initiatives qu’elle met en œuvre conformément à son Acte Constitutif, a déjà eu le privilège de transmettre certaines ses observations et suggestions au président Camerounais, Paul Biya.  Donc ce n’est pas un hasard de voir le Forum Africain s’intéresser de près à la situation préoccupante au Cameroun et par là, de juger important de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour s’informer de la manière la plus compète et objective possible sur la situation dans ce pays africain.

Au rang des propositions, le Forum Africain estime nécessaire d’organiser prochainement à Addis-Abeba (Ethiopie) un Colloque sur le Cameroun, ou éventuellement dans tout autre pays africain. Le Forum Africain se propose, en outre, de contacter un large éventail de citoyens camerounais qu’il invitera à participer à cette rencontre, appelée à servir de haut lieu pour un dialogue inclusif, ouvert et franc. Dans ce schéma, le Forum Africain dit toute sa conviction que ce Colloque contribuera grandement à lui offrir les moyens de pouvoir mieux accompagner le gouvernement et le peuple camerounais à relever les défis auxquels ce pays africain est confronté.

D’ailleurs, la situation au Cameroun inquiète depuis quelque mois déjà et pour preuve : La crise dans la zone anglophone a été récemment en débat au Conseil de Sécurité des Nations Unies, dans le cadre d’une réunion informelle. A cette occasion, les membres du Conseil de Sécurité qui, dans un premier temps, ont préféré faire usage des pressions bilatérales c’est-à-dire via la négociation directe entre des Présidences et Yaoundé, ont donc tiré, officiellement, la sonnette d’alarme sur la dégradation continue de la situation dans le pays.

Ainsi, le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, a dressé un bilan sombre de la situation dans la partie anglophone en proie à de graves violences entre l’armée et des groupes séparatistes.Selon le langage des chiffres, ce sont 4,3 millions de personnes qui manifestent un besoin d’aide urgent dans l’ensemble du pays, soit en moyenne un Camerounais sur six. Cela correspond à une hausse de 30% par rapport à l’année dernière, d’autant plus que la moitié de ces personnes sont des enfants, déplore le responsable onusien.

Lui emboitant le pas, l’ambassadeur allemand, Christoph Heusgen, dont le pays co-organisait la réunion, avait insisté, quant à lui, sur « un dialogue politique inclusif qui doit avoir lieu ». D’ailleurs, ce sont plusieurs pays qui ont appelé le gouvernement camerounais à prendre ses responsabilités. Le diplomate allemand avait estimé que même si le gouvernement de Yaoundé entreprenait des actions pour l’aide humanitaire, cela demeure insuffisant.

Un état de fait qui n’est pas vu du même œil par le Cameroun, qui a préféré se défendre, profitant du soutien dont il bénéficie de la part des membres africains du Conseil de Sécurité mais aussi de la Russie et de la Chine. Pour balayer les critiques à sa charge, le Cameroun par le biais de son ambassadeur à l’ONU, Michel Tommo Monthe dénonce, lui, ‘’une exagération’’ de la situation humanitaire. « Le Cameroun est gouverné. Nous faisons face à la sécession, nous faisons face au terrorisme, nous faisons face à l’insurrection. Et nous y ferons face », avait-il rétorqué.

La crise au Cameroun a fait 1850 morts et plus de 530.000 déplacés internes et des dizaines de milliers de réfugiés en 2017, selon les chiffres de l’International Crisis Group. Tout récemment, le premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, sur une lueur d’espoir, a annoncé lors de sa présence dans les régions anglophones du Nord-ouest et du sud-ouest, le lancement d’un dialogue national inclusif. Un dialogue, certes très attendu, mais qui tarde encore à se mettre en place surtout, qu’aucun cadre géographique ni date n’ont été officiellement communiqués.

Dans les zones touchées par la crise, les Camerounais d’origine anglophone en dehors des radicaux et sécessionnistes, restent vivement attachés à l’idée d’un dialogue national inclusif. Si le dialogue national tarde encore à voir le jour au Cameroun et qu’une certaine ambigüité continue de l’entourer, une difficulté de taille pourtant, persiste, celle concernant le choix d’un médiateur devant mener cette concertation populaire.

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