Facebook accusé de limiter la liberté d’expression devant un tribunal polonais

Facebook est accusé d’exercer une censure préventive et de limiter la liberté d’expression lors d’un procès qui a commencé mercredi à Varsovie, suite à la plainte d’un historien, par ailleurs dirigeant d’une organisation anti-diffamation.

Maciej Swirski, président de l’organisation antidiffamation Reduta Dobrego Imienia qui se propose de défendre l’image de la Pologne, surtout dans le contexte de la 2e guerre mondiale, reproche en son nom personnel au géant du numérique d’avoir suspendu en 2016 quelques comptes qui fournissaient des renseignements sur la « Marche de l’indépendance », importante manifestation organisée par l’extrême droite.

« Je ne suis pas membre du Mouvement National (un des des organisateurs de la marche – NDLR), mais en tant que citoyen je voulais m’informer sur l’événement en question et on m’en a empêché« , a expliqué M. Swirski à l’AFP, invoquant l’article 54 de la Constitution polonais qui interdit la censure préventive.

« Cette censure ne concerne pas mes posts à moi, mais des contenus que j’aurais voulu connaître« , a-t-il répété.

Il a estimé que le fait même que le procès se déroule en Pologne était un succès, affirmant que Facebook voulait le déplacer à Palo Alto aux Etats-Unis.

→ Lire aussi : La CNDP et Facebook se penchent sur le dispositif de protection des données

Selon lui, Facebook aurait souhaité également que le procès se déroule à huis clos, mais le tribunal l’a refusé. « Nous voudrions connaître les mécanismes de modération des contenus chez Facebook« , a encore ajouté le plaignant polonais.

Il n’a pas été possible de contacter dans l’immédiat les responsables de Facebook en Pologne.

Les avocats de l’entreprise ont fait valoir que la « censure » ne peut être exercée que par un Etat, qu’un média privé n’est pas obligé de publier un contenu donné, et qu’aucune action de Facebook n’était dirigée contre le plaignant à titre personnel.

Pour Swirski, Facebook, « un géant mondial », n’est pas un média comme un autre.

Le procès a été ajourné au 30 octobre.

Le géant américain est la cible de nombreuses enquêtes, notamment aux Etats-Unis, où des poursuites ont été lancées contre lui par le procureur de Washington, concernant sa gestion des données personnelles, dans le cadre du scandale planétaire Cambridge Analytica.

L’ONG Internet Society France a annoncé en mars qu’elle déposerait en septembre une assignation contre Facebook devant la justice française, pour des manquements à la législation sur la protection des données personnelles.

Avec AFP

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