« Faillite » de l’Algérie, menaces sur le Maghreb

Par Hassan Alaoui

Depuis quelques jours, avec une récurrence qui ne laisse personne indifférent, les échos nous parviennent d’un peu partout sur le retour en force du Hirak en Algérie. Les manifestants, dont beaucoup appartiennent à la jeunesse, ont annoncé leur volonté de célébrer le deuxième anniversaire de leur mouvement le 22 février prochain.

Fébrilité, stress , craintes même semblent s’emparer des esprits , aussi bien du côté du gouvernement que de celui du peuple, lequel hébété attend non sans inquiétude cette journée butoir. D’ores et déjà le ton a été donné mardi soir à Kherrata, ville située à l’est du pays, où des milliers de citoyens se sont rassemblés pour dénoncer le pouvoir de la junte militaire et réclamer l’instauration d’un régime civil. Discours déchaînés, harangues de leaders improvisés, une sourde et lourde marche de protestation populaire, l’expression de détresse et de colère d’un peuple qui n’en finit pas de subir les effets de la plus grave crise économique et sociale que le pays ait connue jusqu’ici.

Cependant, la revendication populaire n’est plus seulement économique et sociale, elle se déplace de plus en plus sur le champ politique et institutionnel. « Nous ne voulons plus d’un régime militaire, mais un pouvoir civil », n’ont cessé de crier les manifestants à la cantonade. Ce langage est d’autant plus inédit , en tout cas prononcé ex-abrupto, qu’il ne laisse pas de surprendre. Pour autant, l’action du Hirak tendrait-elle à prendre une dimension politique cohérente ? Personne ne se hasardera à l’affirmer, tant il est vrai que le mouvement contestataire d’une région à l’autre demeure hétérogène. Ses caractéristiques ne sont pas les mêmes entre Alger qui polarise la révolte et les contrées lointaines, comme Kherrata, connue pour esprit protestataire.  Si en effet le mouvement obéit à la règle de géométrie variable, comme on dit, les motifs du soulèvement en revanche constituent le dénominateur commun : le ras-le-bol général d’un régime à double façade . Celui de l’Etat profond, militaire s’entend, masque de fer qui détient et ne lâche pas le pouvoir depuis 1965, celui d’un gouvernement potiche , nommé et diligenté par l’armée, sur fond de mécontentement grandissant d’ un peuple sacrifié sur l’autel des archaïques grandeurs, et qui en paye lourdement les frais.

On se prend à rêver, non sans tristesse, de cette Algérie riche et rayonnante sous l’occupation française, et tout de suite après la Libération , de son agriculture exportatrice, de cette immense plaine de cette fière Mitidja qui produisait fruits et légumes, l’une des avicultures les plus prisées qui fournissait à la France l’essentiel de ses importations…aujourd’hui décimée…La guerre de libération qui s’est traduite par un gigantesque sacrifice du peuple, le coup d’Etat militaire du 19 juin 1965 contre Ahmed Ben Bella, synonyme aussi de confiscation de la Révolution algérienne, l’instauration d’un système d’Apparatchiks, à leur tête Houari Boumediene, la démesure exaltée , la gabegie, l’illusion de puissance au détriment des pays voisins, l’usurpation des richesses nationales, notamment pétrolières, le mythe de « l’industrie industriante » qui a détruit l’agriculture, enfin – et ce n’est pas le moindre désastre – , cette haine nourrie, déchaînée contre le Royaume du Maroc.

Les images de détresse qui nourrissent , à tort le contenu des réseaux sociaux nous livrant des scènes de longues queues du peuple algérien devant les magasins, , épiciers,  laitiers ou pâtissiers sont inadmissibles pour nous. Elles ne nous réjouissent pas, ne nous rassurent pas non plus, l’Algérie possédant de potentielles richesses, des hommes et des femmes compétents, un peuple généreux. Nous ne gardons de ce pays que le meilleur, et n’insulterons jamais l’avenir au motif que ses dirigeants , frappés d’amnésie, restent caparaçonnés dans le tenue de haine militaire, et leur vision courtermiste. Les sorties dans la rue du peuple algérien ne sont, en définitive, que la face visible d’un profond iceberg où se logent , on dira s’abiment crise institutionnelle profonde, détérioration des mécanismes économiques et financiers, confiance d’un peuple à bout.

Il faut imaginer un pays qui, il y a seulement un an et demi, avait encore dans ses caisses l’équivalent en devises de pas moins de 300 Milliards de dollars et dont l’ascension, suivant la courbe du prix de pétrole, lui offrait une bagatelle à nulle autre pareille. De la dilapidation à la gabegie, tout ce pactole s’est envolé. On a dit ici et là que le régime militaire, dans son fol espoir de détruire le Royaume du Maroc, a dépensé entre 1975 et aujourd’hui pas moins de 45 Milliards de dollars pour le polisario, et que plus cette désastreuse contribution aux mercenaires va continuant, plus elle appauvrit le peuple algérien qui la dénonce violemment. La révolte du Hirak pourrait-elle inciter le pouvoir algérien à procéder à une révision déchirante de son emprise, pour débloquer une situation verrouillée et sans issue.

Les politiques de rapiéçage à la petite semaine, dont le peuple algérien dénonce la nature et la caricature, comme la nouvelle Constitution votée à moins de 23% et renforçant encore plus la mainmise de l’armée, montrent leurs limites. Les acquisitions multiples de nouvelles armes, notamment des sous-marins russes il y a si peu , obèrent un budget national devenu un « fromage » pour ne laisser au peuple que les miettes. Ce dernier en a ras-le-bol de payer pour le polisario et une guerre de propagande factice contre le Maroc et son peuple frère…Il faudra tout de même parvenir quelque jour à raison garder, il faudra surtout nous prémunir et nous animer de bonne volonté pour raffermir – ce n’est pas une illusion – la fraternité qui unit les deux peuples et construire l’entende et la détente. Autrement, le danger de l’éclatement pèserait de tout son poids sur la région …

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