La faim progresse de nouveau dans le monde

Le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde a augmenté depuis 2015 et risque de réduire à néant des années de progrès, a déclaré lundi José Graziano da Silva, directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’agriculture (FAO).

S’exprimant à l’ouverture de la 40è Conférence de l’agence onusienne, à laquelle participe une délégation marocaine conduite par l’ambassadeur du Maroc en Italie, Hassan Abouyoub, le directeur général a insisté sur le fait que 60 pc des personnes souffrant de la faim vivent dans des pays affectés par un conflit et sont confrontées au changement climatique. Il a notamment rappelé que son organisation a identifié actuellement 19 pays en situation de crise prolongée, faisant souvent face à des événements climatique extrêmes tels que des sécheresses et des inondations.

La FAO a également signalé un risque élevé de famine dans le nord-est du Nigeria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen avec 20 millions de personnes gravement affectées. Les moyens d’existence de ces populations, pour la plupart rurales, ont été perturbés et « nombreux sont ceux à ne pas avoir trouvé d’autres options que celles qui les ont conduit à augmenter les chiffres de la migration », a fait observer M. da Silva.

« Il est essentiel d’avoir un engagement politique fort afin d’éradiquer la faim, mais ce n’est pas assez. Nous pourrons uniquement mettre un terme aux souffrances liées à la faim lorsque les pays concrétiseront les engagements qu’ils ont pris, en particulier au niveau national et local », a-t-il précisé.

Il a souligné que la paix est la solution clé pour mettre un terme à ces crises, relevant toutefois que « nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre l’instauration de la paix ».

Pour sa part, le Premier ministre italien Paolo Gentiloni a décrit l’Objectif de l’ONU « Faim Zéro » comme une manière de parvenir à la paix, à la justice et à l’égalité tout en préservant l’avenir du monde.

M. Gentiloni a en outre appelé toute l’Europe à partager le fardeau des arrivées massives de migrants en Italie, afin de rester « loyal avec sa propre histoire, ses principes et par respect pour sa civilisation. Les efforts de développement doivent aller au-delà des interventions d’urgence », a-t-il déclaré.

Dans un message lu par le Cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican, le Pape François a exprimé son soutien au programme de la FAO, mettant l’accent sur le besoin de solidarité et de reconnaissance des droits de l’homme.

« Nous sommes tous conscients que le fait de pouvoir assurer à tous une nourriture quotidienne n’est pas suffisant, il est impératif de reconnaître que tout le monde a le droit à l’alimentation », a indique le souverain pontife, annonçant une visite à la FAO à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation le 16 octobre.

De son côté, M. Achim Steiner, qui pendant une décennie a dirigé le Programme des Nations unies pour l’Environnement et est actuellement l’Administrateur du Programme des Nations unies pour le Développement, a prononcé un discours en hommage à M. McDougall, économiste australien qui a milité pour la création de la FAO.

L’agriculture ne représente que 4 pc du PIB mondial, mais son rôle est bien plus important et sa portée est telle qu’elle a contribué à faire naître « d’incroyables histoires sur les gens, leurs terres et leurs cultures », a déclaré M. Steiner dans un discours qui a mis à l’honneur l’avenir de l’économie agricole dans le sillage de l’Accord de Paris sur le climat.

Des politiques inadéquates et un manque d’attention budgétaire dans un secteur qui est actuellement affecté par des niveaux élevés de gaspillage et par l’érosion des ressources naturelles, reflètent une « stratégie à haut risque », a-t-il ajouté.

La 40è session de la Conférence de la FAO se tient du 3 au 8 juillet à Rome. Il s’agit du plus important organe directeur de l’Organisation dont les sessions ont lieu tous les deux ans.

L’ordre du jour de la Conférence prévoit de revoir et de voter le Programme de travail et le budget proposé par le Directeur général ainsi qu’un dialogue sur les questions liées à l’alimentation et à l’agriculture.

Les participants discuteront de nombreuses questions pressantes, à savoir la meilleure manière de concrétiser les engagements pris en vue de parvenir à l’Objectif mondial Faim Zéro, les pénuries d’eau, la sécurité alimentaire et l’évolution du climat au Proche-Orient et en Afrique du Nord et des solutions durables pour prévenir la famine dans les pays touchés par les conflits.

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