Faute de mur, Trump envoie l’armée à la frontière mexicaine

Frustré par son incapacité à obtenir l’assentiment du Congrès ou du Mexique pour le financement d’un mur frontalier, Donald Trump a ordonné l’envoi de la Garde nationale à la frontière mexicaine, au risque de raviver encore les tensions avec Mexico, qui parle d’une « insulte de plus » à son encontre.

Le projet est toutefois encore loin d’être finalisé et pourrait se limiter à la fourniture de renseignements par les réservistes de l’armée, plutôt qu’aboutir à une militarisation de la frontière comme l’a affirmé Trump.

L’administration fédérale travaille avec les gouverneurs des quatre Etats du sud-ouest des Etats-Unis partageant leur frontière avec le Mexique afin de coordonner ce déploiement, a déclaré mercredi la secrétaire à la Sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen.

Ces troupes ne seront pas chargées du maintien de l’ordre, elles auront un rôle de soutien, peut-être de reconnaissance aérienne, auprès de la police des frontières afin d’empêcher l’entrée d’immigrants clandestins, a précisé Kirstjen Nielsen.

Dans une note, Donald Trump a donné instruction au secrétaire à la Défense James Mattis de requérir l’utilisation du personnel de la Garde nationale, qui constitue la réserve des forces armées américaines. Il demande à Mattis, Nielsen et à l’Attorney General (ministre de la Justice) Jeff Sessions de luir remettre un rapport dans les trente jours détaillant un plan d’action et leurs recommandations.

La décision du chef de la Maison blanche a été critiquée par le Parti démocrate.

« Malheureusement, ce président ne sait pas diriger, et plutôt que de trouver de vraies solutions sur l’immigration, il continue à entretenir la peur », a déclaré le sénateur démocrate du Colorado Michael Bennet dans un communiqué.

A Mexico, le ministère des Affaires étrangères a averti que « si le déploiement annoncé de la Garde nationale se transforme en militarisation de la frontière, cela endommagera gravement les relations bilatérales ».

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Il a ajouté que Nielsen avait discuté mercredi du projet avec le chef de la diplomatie mexicaine Luis Videgaray et assuré que les troupes ne seraient pas armées. « UNE DÉCISION IMPULSIVE »

Face à la presse américaine, Kirstjen Nielsen n’a pas dit quand aurait lieu ce déploiement ni donné de détails sur le coût de l’opération.

« Comme tant de décisions présidentielles, celle d’envoyer des troupes à la frontière semble impulsive, vindicative et politiquement motivée », écrit le New York Times dans un éditorial mercredi. « La Maison blanche peine à expliquer ses intentions, notamment sur le nombre et le type de troupes qui seront déployées. »

« A l’approche des élections de mi-mandat (en novembre, NDLR), (Donald Trump) semble vouloir à tout prix trouver un moyen de compenser son incapacité à tenir sa promesse de construire un ‘grand mur magnifique’ à la frontière mexicaine », note encore le quotidien américain.

Donald Trump a obtenu jusqu’ici le déblocage par le Congrès de 1,6 milliard de dollars pour six mois de travaux de construction du mur, alors qu’il demande 25 milliards de dollars (20,4 milliards d’euros).

« En attendant d’avoir un mur et une véritable sécurité, nous allons garder notre frontière avec l’armée. C’est une grande avancée », a-t-il dit mardi.

L’envoi de la Garde nationale à la frontière n’est pas une nouveauté. George W. Bush y a eu recours entre 2006 et 2008 et Barack Obama en 2010. Dans les deux cas, il s’agissait d’épauler l’US Border Patrol dans la surveillance des frontières.

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