Finances publiques : L’emprise de la pandémie n’en finit pas

Mouhamet NDIONGUE

Après quatre mois au pouvoir, le nouveau gouvernement a indiqué qu’il souhaitait donner la priorité au développement social et à la reprise post-pandémique alors que le pays est sous le choc de l’impact prolongé du Covid-19. Cependant, la stabilisation macroéconomique, les ressources financières limitées et l’augmentation des dépenses de défense limitent la mesure dans laquelle l’État peut poursuivre et financer efficacement des plans de développement social indispensables. En plus de cela, le rapport annuel du ministère des Finances vient de révéler un sous-financement élevé de l’État en 2021, ce qui pourrait contraindre le gouvernement à revoir ses plans de financements.

Cette semaine, le ministère des Finances a annoncé les chiffres préliminaires de la loi de finances PLF 2021 et à fin décembre 2021. Le budget de l’Etat affiche donc un solde budgétaire négatif de 63,6 milliards de dirhams. Cela a été annoncé par le Trésor du Royaume (TGR).

Ce déficit se compare à des recettes ordinaires (hors encaissements d’emprunts) de 393,3 milliards de dirhams et à des dépenses publiques (hors remboursements de la dette) de 456,9 milliards de dirhams, selon la TGR dans son rapport trimestriel d’exécution de la loi de finances (loi de finances) 2021.

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Compte tenu des entrées de trésorerie provenant des emprunts de 91,5 milliards de dirhams et des remboursements de la dette de 49,4 milliards de dirhams, le déficit budgétaire reste à 21,5 milliards de dirhams, précise le rapport. Ce déficit doit désormais également être couvert.

Conséquences de la pandémie

Selon Fitch, le budget révisé reflète une détérioration du déficit de l’administration centrale (CG) de 2020 à 7,5 % du PIB, son niveau le plus élevé depuis au moins trois décennies, et près du double de l’objectif budgétaire initial de 3,8 % (hors recettes de privatisation) et de 3,9 % déficit enregistré en 2019. La révision importante à la baisse du solde budgétaire prévisionnel reflète la combinaison d’une baisse de 18,6% (environ 4% du PIB) des recettes fiscales par rapport aux projections initiales, d’une augmentation modérée de 5% (2% du PIB) du CG dépenses ainsi qu’une contraction de 5 % du PIB. Cette prévision prend en compte d’importantes subventions externes et nationales couvrant les deux tiers du fonds spécial pandémie de 33 milliards de dirhams (3% du PIB) du gouvernement et limitant le coût budgétaire de la lutte contre la pandémie.

Pour l’agence de notation, le budget révisé ne contient pas de mesures fiscales majeures mais vise à soulager l’économie tout en limitant la hausse des dépenses. Les autorités estiment qu’environ 1,5 % du PIB des dépenses seront destinées à soutenir la reprise économique et ont renforcé le mécanisme de garanties de l’État sur les prêts bancaires aux PME, en vertu duquel 1,7 % du PIB en prêts ont été accordés jusqu’à présent. Le budget révisé augmente également les dépenses d’investissement du gouvernement de 22 % (2,5 % du PIB). L’augmentation des dépenses de santé et d’autres biens et services est compensée par des économies sur la masse salariale et d’autres dépenses récurrentes ainsi que par une baisse des dépenses consacrées aux subventions au gaz butane, car les prix internationaux devraient désormais être inférieurs de 17 % aux hypothèses budgétaires initiales.

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