Former un gouvernement serait-il une impasse pour Benkirane?

On dirait que depuis quelques jours, les discussions pour former un gouvernement patinent ou plutôt rentrent en apnée politique ou dans un état comateux latent! On a comme l’impression que le pays est paralysé sur le plan politique et que tout est en stand by.

Finalement, le Parti Justice et Développement bien qu’il soit sorti majoritaire des Législatives du 7 octobre met du temps à conclure des accords de gouvernement, montre son incapacité à former son équipe ministérielle n’ayant pas de majorité au Parlement et s’en remet à un hypothétique appui des autres partis qui pourraient lui sauver la mise. Toutefois cette éventualité reste encore insuffisante pour atteindre la majorité absolue. Un parti gagnant mais toujours pas de majorité parlementaire ! Vérité de La Palisse ?

En tout cas, cela met en évidence une certaine incapacité des représentants politiques à trouver un consensus et à laisser de côté les différences et les différends en faveur d’un gouvernement qui porterait sur des réformes institutionnelles, économiques et sociales afin de sortir le pays de la crise qui s’annonce chronique et alarmante.

C’est dire que les Marocains, las des politiques d’austérité, de la corruption, des injustices et du clientélisme, ont voté pour des personnes et non pour des partis. C’est dire aussi que sans vraiment le vouloir, les électeurs ont concouru pour bloquer une quelconque majorité alternative en vue de se venger d’une scène politique qui n’a jamais répondu aux besoins du citoyen lambda.

Ceci dit, au Maroc, la politique a besoin d’être réhabilitée étant donné que les Marocains ont fui les urnes sous le coup du désenchantement. Les partis, dépouillés de leur crédibilité à plus d’une occasion, ont ôté toute confiance en la politique voire le processus électoral. La plupart de ses hommes qui peinent à hisser le niveau du débat sont assimilés à des gangsters modernes dont les citoyens se méfient. Et malgré les promesses de changement distillées et servies, à volonté, aux dernières élections, le changement reste visiblement de la mer à boire au sein des partis. A force de voir des femmes et des hommes politiques, adeptes de la transhumance, valser d’un parti à un autre, d’une coalition à une autre, on s’éloigne de la scène politique qui reste un véritable bazar et on laisse la voie libre devant ceux qui monnayent leur adhésion à un parti faisant fi des principes et de l’éthique qu’ils troquent contre des conditions bien définies, des avantages sociaux, des privilèges et des postes de responsabilités négociés.

 En 2011, Benkirane et consorts se vantaient d’avoir été le parti providentiel qui avait assuré la stabilité du pays. Aujourd’hui, quel serait donc leur apophtegme ? Celui qui croyait que la politique était d’abord une affaire de conviction manquait probablement de réalisme. Aujourd’hui, la politique a d’autres moteurs qui l’animent : l’enrichissement matériel et l’appauvrissement moral qui supplantent l’idéologie, le nationalisme et le militantisme. L’opportunisme est plutôt le mot d’ordre et tous ne visent que le fauteuil confortable et douillet.

Y aurait-il alors quelqu’un pour allumer la lumière surtout au sein d’un gouvernement qu’on imagine d’ores et déjà ombrageux ?

Une chose est sûre ! Cette fois-ci le chef de gouvernement ne risque pas de pleurer d’émotion quand la compétition de surf prendra fin. Par contre, il rira jusqu’aux larmes peut-être de son exploit inimaginable. Celui d’avoir amené « l’opposition » à courber l’échine devant ses exigences pour ne pas dire ses caprices. Aussi peut-on dire que quand on s’appelle Abdelilah Benkirane on change bien le ton de la scène politique même en en faisant une dissonance tumultueuse.

Pour nous autres, Marocains de tous bords, cette politique de l’absurde continuera à nous faire vivre de chimères…

 

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