Forum Economique Mondial : le Maroc sur la bonne voie

ABDELLAH CHBANI

Le rapport du Forum Economique Mondial permet de percevoir les qualités et les faiblesses de la situation structurelle du Maroc. D’après ledit rapport, le Royaume se classe au 71ième rang, le plus haut score depuis le début de la série en 2007, ce qui en fait, le pays le plus performant d’Afrique du Nord. Ce rapport est aussi un moyen de le situer au niveau mondial. Ainsi, des questionnements permettant de mieux prévoir l’avenir économique de notre pays sont posés, à savoir : Comment les évolutions technologiques vont-elles influencer l’économie marocaine dans les années à venir ? Sur quels aspects du développement tabler pour le futur ? Sur quels facteurs miser pour améliorer notre compétitivité sur le marché ?

Le monde arabe, dans son ensemble, est à un tournant critique, d’après le rapport. De grandes promesses économiques font face à une cohésion sociale en pleine érosion. Les inégalités sont creusées plus qu’ailleurs dans le monde et l’équité sociale est souillée par des tares que sont l’accès à l’éducation et le marché de l’emploi. «Dans le monde arabe, le Maroc, la Tunisie et l’Égypte présentent la plus grande diversité de compétences, tandis que Bahreïn et les Émirats arabes unis, avec une prépondérance d’étudiants en administration des affaires et en droit, présentent la moins grande diversité.», déclare le rapport.

Au Maroc, la corruption représente un manque à gagner clair dans l’économie nationale. Elle ronge les soubassements d’une société plus juste et crée un climat d’insécurité des affaires. Pour les auteurs du rapport du Forum Economique Mondial. «Étroitement liée à l’inégalité des revenus, la polarisation croissante des sociétés est également sur le point d’affecter la région à l’avenir, dans la mesure où elle exacerbe le risque d’instabilité sociale et d’échec de la gouvernance nationale. Les préoccupations concernant la polarisation des sociétés ont diminué dans la plupart des pays, à l’exception du Maroc, de l’Algérie, de la Jordanie et du Qatar. »

Au niveau national, le Royaume est encore, souvent, choqué par l’état de l’enseignement public et des infrastructures de santé. D’un point de vue continental ou régional, la situation pourrait être pire. En effet, « le pays peut compter sur de bonnes conditions de santé et d’enseignement primaire, des infrastructures améliorées et un environnement macroéconomique favorable, soutenus par des institutions stables». Mais malgré ce constat positif, il faut faire l’écho de « […] l’inadéquation entre les compétences et les domaines d’études (en particulier pour les diplômes d’études supérieures) et les besoins du marché du travail. »

Toutefois, le pays s’est particulièrement amélioré en termes d’infrastructures routières et portuaires. D’après le rapport, la dernière décennie a fait gagner au Maroc près de 17 places au niveau des infrastructures, en comparaison à d’autres pays. Il fait état de la nouvelle ligne de TGV entre Tanger et Casablanca qui marque une exception dans le domaine du transport en Afrique : « L’amélioration des infrastructures et la réduction du droit de douane moyen à l’importation de 18,9% à 10,5% ont favorisé l’intégration du Maroc dans le commerce international, ce qui a accru le niveau général d’efficacité de son marché des biens (58e position, en hausse de 10 places depuis 2007). »

Mais le domaine où le Royaume peine, comme bon nombre de pays en voie de développement, est l’innovation et la formation supérieure qui doit l’accompagner. Pour créer de la valeur ajoutée sur un marché globalisé, des poches de développement sont loin d’être suffisantes. Aussi, le Maroc doit sortir d’un mode de formation ancien à celui de la quatrième révolution industrielle. Il est question dans une économie compétitive et ouverte d’avoir des emplois à forte valeur ajoutée pour une jeunesse éduquée et un entrepreneuriat du secteur privé. « Le principal défi pour le pays reste d’améliorer son environnement d’innovation (94ème), son système d’enseignement supérieur et de formation (101ème) et l’efficacité de son marché du travail (120ème). Ce sont les trois seuls domaines dans lesquels l’écart avec les économies avancées s’est creusé, au cours de la dernière décennie plutôt que de se réduire, et les TIC et l’état de préparation technologique (82ème, avec des progrès lents), constituent l’énigme que le Maroc doit résoudre pour continuer sur sa lancée de croissance et passer à des secteurs innovants à plus forte valeur ajoutée. Avec le 4ème plus grand marché de la région (36ème mondial) ».

La législation qui soutient les investissements du secteur privé est un des points sur lesquels on peut noter une progression du Maroc. Contrairement aux pays qui possèdent de larges quantités de ressources naturelles, la situation du Royaume l’oblige à avancer rapidement sur cette question car « les changements nécessaires pour encourager une diversification plus rapide du monde arabe incluent des cadres réglementaires assurant la concurrence et soutenant les investissements du secteur privé ; amélioration de la qualité de l’éducation ; ouverture au commerce et aux investissements étrangers ; et un secteur financier qui répond mieux aux besoins des micros, petites et moyennes entreprises (MPME). Certains des pays pauvres en ressources du monde arabe, notamment la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie, ont réussi à mieux se diversifier en progressant dans ces domaines. »

Au final, au niveau de son économie, le royaume présente une santé positive qui la positionne sur la bonne voie. C’est ce que renseigne le rapport en ces termes : «Le Maroc a présenté une dynamique sensiblement différente et a bénéficié d’une plus grande stabilité, d’une réduction de la dette et de l’inflation, et d’une augmentation de l’épargne nationale.»

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