France/Covid: un vaccin pour les plus de 55 ans, les hôpitaux toujours sous tension

Avec les plus de 55 ans autorisés à se faire vacciner, la France franchit lundi une nouvelle étape dans sa campagne de vaccination contre le Covid-19, mais trop tard pour empêcher la troisième vague épidémique de frapper toujours plus durement les hôpitaux.

Tous les plus de 55 ans, sans pathologie particulière ni condition de comorbidité, peuvent en théorie prendre rendez-vous, chez leur médecin ou en pharmacie, pour une piqûre de vaccin AstraZeneca ou de Johnson & Johnson, dont la France doit recevoir une première livraison de 200.000 doses cette semaine.

Mais il s’agira surtout d’écouler les stocks déjà disponibles.

« Compte tenu des volumes d’approvisionnement très limités en vaccin AstraZeneca, le portail de télé-déclaration ne sera pas ouvert à la commande (…) la semaine prochaine » pour les médecins et les pharmaciens, a indiqué la Direction générale de la santé dans un message dimanche soir.

« On vaccine le mercredi et le vendredi et cette semaine c’est déjà complet » avec les précédentes réservations, explique Mohammed Telha le responsable de la grande pharmacie des Halles, dans le centre de Lille.

Cette ouverture à tous les plus de 55 ans « donne plus de visibilité », mais « en ville, ça ne change pas grand-chose », faute d’approvisionnements suffisants, ajoute le président de l’URPS pharmaciens des Hauts-de-France et conseiller régional UDI, Grégory Tempremant.

Il a souligné que les commandes passées avant mercredi dernier, qui devaient être livrées cette semaine, arriveront en fait étalées sur deux semaines.

Les deux autres vaccins (Pfizer/BioNTech, Moderna) qui utilisent la technologie de l’ARN messager, seront ouverts aux plus de 60 ans à partir de vendredi.

Depuis le 19 mars, la France réserve aux plus de 55 ans le vaccin du laboratoire anglo-suédois, après des cas très rares mais graves de troubles de la coagulation observés sur des patients plus jeunes. Quant au vaccin fabriqué par Janssen, filiale européenne de l’Américain Johnson & Johnson, il a été autorisé en Europe, puis en France, sous un protocole à une dose.

« L’industriel américain a indiqué qu’une dose unique suffirait. Je reste pour l’heure sceptique car je ne vois pas pourquoi il aurait réussi cette prouesse à l’inverse des autres vaccins », déclare pourtant le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, Alain Fischer, en ajoutant que « des études cliniques sont en cours », dans un entretien lundi à Libération.

La campagne de vaccination s’ouvre à de nouvelles catégories, mais les précédentes n’ont pas encore fait le plein : si près de 75% des résidents d’Ehpad ont été vaccinés avec deux doses, le taux descend à 37,5% pour les 75-79 ans (68% en première dose), 9% pour les 70-74 ans (52% en première dose), 5% chez les 65-69 ans (29% en première dose).

Au moment où les Britanniques retrouvent leurs terrasses, après un long hiver confiné, la France doit toujours faire face à une troisième et violente vague épidémique. La semaine dernière, durant les trois jours qui ont suivi le week-end prolongé de Pâques, entre 41.000 et 60.000 patients étaient testés positifs chaque jour.

Depuis lundi il est possible de se tester soi-même avec des autotests disponibles dans les pharmacies approvisionnées, mais les autorités sanitaires insistent sur le fait qu’un test PCR est nécessaire pour confirmer un éventuel résultat positif.

Le nombre de malades du Covid-19 accueillis dans les services de réanimation continue lui de progresser, à 5.838 dimanche, obligeant les hôpitaux à déprogrammer des soins moins urgents. Ce niveau de suroccupation des réanimations n’avait pas été atteint depuis un an, pendant la première vague de l’épidémie, et il dépasse désormais largement celui de la 2e vague de l’automne (4.900).

Avec un total de 98.778 morts depuis le début de l’épidémie, le bilan des décès devrait franchir les 100.000 cette semaine.

« Si les contaminations redescendent en France, il faudra maintenir l’effort au-delà des vacances du printemps », a prévenu, dimanche, l’épidémiologiste Antoine Flahault dans le JDD.

« Trois semaines de vacances en avril ne suffiront probablement pas à revenir sous la barre des 5.000 cas quotidiens », ajoute-t-il.

Emmanuel Macron a fixé pour la mi-mai la réouverture des premières terrasses de bars et de restaurants et de lieux culturels, en promettant un protocole sanitaire strict, mais sans fixer de condition sanitaire, comme un chiffre maximal de contaminations.

« Le risque majeur, avec la stratégie actuelle, est de revenir sur ce plateau élevé qui a pourri la vie des Français depuis décembre, au-dessus de 10-15.000 cas par jour. Il serait alors difficile de relancer la vie économique, culturelle et sportive, d’ouvrir les restaurants et les bars, avec une circulation menaçant à tout moment de repartir à la hausse », a mis en garde Antoine Flahault.

( Avec AFP )

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