France : les banlieues dénoncent le racisme et les violences policières

Depuis le début de l’état d’urgence, des scènes surréalistes font le tour de la Toile et cumulent les vues. Les violences et bavures policières se succèdent, entre confinement et crise économique, les banlieues accusent le coup.

Violences policières et colère des banlieues
Les Français commencent à voir le bout du tunnel, avec un déconfinement progressif, prévu pour le 11 mai. Mais ce déconfinement aura lieu dans une ambiance particulière, pesante. Si le nombre effroyable de pertes humaines et les problèmes économiques vont changer le quotidien de la population, un autre problème se pose aujourd’hui. Dans un récent rapport, l’ONG Amnesty International se penche sur les cas récents d’usage de la force par les forces de l’ordre dans le cadre du confinement. Coups au sol, plaquages dangereux, usage inapproprié du taser. Des procédés illégaux en France, et qui ont valu plusieurs inculpations. Les plaintes se succèdent, après un Tollé lors d’une agression ensanglantée pendant des manifestations des gilets jaunes, les dérapages reprennent de plus belle durant l’état d’urgence sanitaire.

Le 21 avril, c’est une arrestation qui a lieu à l’Île saint Denis où des propos racistes sont tenus par les policiers envers la personne arrêtée. Début mai, 3 CRS sont arrêtés à Marseille pour violences policières.

Si le rôle de la police qu’est d’instaurer l’ordre, ne peut être remis en question, le procédé par lequel certains ont recours, dans un pays dit développé et démocratique, suscite de nombreux questionnements. Les actes de racisme, les bavures, les discriminations, les injustices, sont les mots qui surviennent dans la plupart des banlieues, souffrant d’un long historique avec la police, qui ne date pas d’hier. Des actes qui refont surgir de mauvais souvenirs, de la mort de Fofana, en 2018, ou encore d’Adama Traoré, en 2016, à celle des mineurs Zyed et Bouna, en 2005, morts électrocutés à 15 et 17 ans alors qu’ils se cachaient dans un transformateur. Des drames qui ont, à chaque fois, secoué la République et donné lieu à des émeutes historiques dans les banlieues françaises, déjà fragilisées par la précarité. Des confrontations tragiques, plus de 10.000 véhicules brûlés et une jeunesse désemparée et en colère qui accuse une police gangrenée par l’extrême droite.

Si l’opinion publique est divisée à ce sujet, et que le non-respect de l’état d’urgence est un acte grave devant être sévèrement puni, n’en demeure pas moins que les forces de l’ordre doivent, avant tout, protéger l’État et le citoyen et ne pas le mettre en danger. La division compte d’une part, ceux qui accusent les jeunes des banlieues de tous les maux, et ceux qui justifient la situation par le confinement dans des quartiers sensibles et déjà défavorisés, laissés pour compte durant de nombreuses années, et victimes de discrimination. Fin avril, la ligue des droits de l’Homme saisit la justice et demande l’annulation d’un arrêté instauré sous l’initiative du maire de Nice, Christian Estrosi. Une mesure jugée discriminatoire, puisqu’elle demande un couvre-feu avancé à 20h au lieu de 22h, uniquement pour certains quartiers populaires. L’association dénonce une « manœuvre politicienne » et « l’autoritarisme » de la municipalité pour une mesure qui stigmatise certaines populations, le tribunal administratif a, quant à lui, donné raison au maire.

Pour sensibiliser et lutter contre la montée de ces violences et des injustices, une trentaine d’organisations, d’associations, de syndicats et de partis politiques appellent à « une chaîne humaine contre les violences policières » le 11 mai, dans le respect des gestes sanitaires.

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