Fuite des cerveaux : la saignée continue chez les médecins

Le ministre de l’Enseignement supérieur a donné des chiffres précis sur la perte de médecins qui quittent chaque année le Maroc. Certains de ces jeunes quittent le pays immédiatement après avoir terminé leur formation médicale, qui est généralement gratuite pour eux. Ce constat du ministre relance ainsi le débat sur la problématique fuite des cerveaux des jeunes cadres marocains vers des horizons qu’ils pensent beaucoup plus clément en termes de carrière et d’opportunités.

Depuis quelques années, le Maroc constate une saignée de ces hauts cadres dans beaucoup de secteurs, dont les discipline scientifique et techniques mais aussi les médecins. Cette fuite des cerveaux renseigne sur la politique de ces secteurs, qui pour ces acteurs n’offrent pas de sécurité sociale adéquate au métier, mais mieux, le plan de carrière est trop limité par rapport aux pays, notamment européens ou le Canada.
Selon le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, la moitié des 1.400 médecins qui se forment annuellement dans les facultés de médecine quittent le Maroc pour s’installer en Europe ou au Canada. Cela inclut les dentistes et les pharmaciens. La raison, selon le ministre, le médecin marocain est demandé en Europe.

Lors de son face à face avec les députés à la Chambre des conseillers, il a déclaré que : « Pour résoudre la grave pénurie de médecins, il ne suffit pas d’augmenter le nombre de places universitaires, mais il faut motiver les nouveaux diplômés à rester au Maroc ». Le ministre, qui défend la réduction de la durée de formation des médecins de 7 à 6 ans, a souligné que le gouvernement s’est penché sur cette question au regard des pays développés comme les USA et le Canada, où la durée de formation ne dépasse pas 4 ans. Le ministère de l’Enseignement supérieur avait précédemment annoncé que la période de formation devrait être raccourcie et que les places dans les facultés seraient augmentées de 20% dès la prochaine rentrée universitaire et doublées d’ici 2026.

Le syndicat des médecins libéraux a précédemment informé qu’environ 300 médecins quittent le Maroc chaque année. La plupart d’entre eux optent alors pour l’Allemagne et la France, où plus de 8 000 médecins marocains seraient installés.

Depuis longtemps, le Maroc est confronté à une nouvelle perte de travailleurs les plus performants et qualifiés. Les réformes des soins de santé sont menacées. Pourtant le Maroc investit depuis des années dans son système éducatif, qui continue d’être critiqué pour son inefficacité. Mais les jeunes peuvent bénéficier d’un système éducatif public largement gratuit jusqu’au premier degré, ce qui n’est pas une évidence dans le monde entier.

Bien que les étudiants ne soient pas principalement encouragés à penser de manière indépendante, innovante et critique, la formation scientifique est à un bon niveau par rapport à d’autres pays africains et sud-américains. Parallèlement, tous les jeunes formés sont multilingues et parlent le français comme première langue étrangère et, de plus en plus, l’anglais.

Mais au-delà des visées professionnelles, l’émigration suscite un grand intérêt chez les jeunes, car les universitaires sont particulièrement touchés par le chômage.

Cette pénurie dans le domaine médical menace le succès de la nouvelle réforme de la santé et la construction du système général de protection sociale, dont le cœur est l’assurance maladie et retraite universelle. Face à ces réformes, le Royaume s’attend à une demande croissante de services médicaux lorsque les coûts ne dissuaderont plus les citoyens d’aller chez le médecin. Dans le même temps, la société marocaine vieillit et, en raison de la prospérité croissante, elle devient également plus fragile aux maladies. Les maladies typiques telles que le diabète et l’hypertension artérielle sont en augmentation, mais le cancer est également de plus en plus diagnostiqué.

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