Géopolitique à distance, géopolitique qui rapproche

Kamal F. Sadni

(Géopoliticien)

Il y a trois jours, j’ai assisté à la présentation du livre de Fouad Laroui ‘Plaidoyer pour les Arabes : vers un récit universel’ 1, un événement  organisé par le Club de Lecture de la Ville Verte (CLVV) de Bouskoura, au Papers Club de Casablanca. Un texte aussi pertinent que provocateur, dont l’auteur, ayant honoré l’assistance par sa présence, est célèbre. La présentation et les débats étaient très animés et l’assistance n’a pas regretté le déplacement, tant le contenu colle à la réalité d’ici et maintenant.

Quelques heures auparavant, dans le local d’un mensuel de renom, une discussion à bâton rompu a eu lieu sur l’actualité internationale. Un journaliste, fort sympathique, observa qu’il ne comprenait pas que le Maroc, qui a réalisé des percées diplomatiques intéressantes ces dernières années, n’en parlait pas assez. Ayant côtoyé des professionnels en la matière, j’ai expliqué tant soit peu ce dont ma mémoire a retenu.

En réalité, le journaliste s’étonnait un peu des lectures géopolitiques faites par les planificateurs politiques marocains, notamment au sujet de certaines alliances régionales loin du pré-carré stratégique traditionnel du pays. Le journaliste en avait pour preuve, entre autres, le cas de la coopération entre le Maroc et l’Association des Etats d’Asie du Sud-Est (Asean).

 Quel lien y aurait-il entre le ‘Plaidoyer pour les Arabes’ et l’interrogation sur l’Asean ? Simple : la culture de la précipitation, le confort des vérités premières et de l’amnésie identitaire. Je laisse le Plaidoyer à son auteur qui se défend, ma foi, de belle manière, et je me concentre sur les choix stratégiques du Maroc hors son espace géopolitique immédiat, l’Asean étant un exemple.

Je commence par faire une analogie. Dans la construction des pistes montagneuses au Maroc, les gens ont tendance à commencer par les points extrêmes, et de manière presque aléatoire pour, au final, faire la jonction entre tous les points dans une ligne droite. C’est un trait de la structure mentale des Marocains souvent ignoré.

C’est cette même structure mentale qui a fait que le pays a réalisé des transitions entre les différentes dynasties recourant à la même démarche : des alliances par les extrêmes, mais jamais -ou rarement- par le centre ; le centre étant la destination finale. On se rend compte de cette perception en prenant du recul par rapport à certaines décisions stratégiques prises par le Maroc depuis la fin des années 1980.

Déjà en 1990, le discours prononcé par le président Mitterrand à la 16e Conférence des Chefs d’Etats d’Afrique et de France de la Baule,  faisant valoir la perception française de la coopération franco-africaine basée, croirait-on à l’époque, sur la conditionnalité droits de l’Homme-aide au développement, avait dessiné les contours de la volonté du Maroc de réfléchir – et d’agir– différemment.  Le Maroc y voyait une démarche ‘hypocrite’ pour empêcher certains régimes africains de chercher des alliances en dehors de la coopération-dépendance franco-africaine.

Le Maroc y avait défendu une autre perception basée sur la complémentarité de la coopération Sud-Sud. Cela avait déjà commencé, en 1989, avec la mission de restructuration des banques nationales du Mali et de Guinée (Conakry), qu’il a menée a bien en étroite coopération avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ; ensuite la mission a été enrichie par une présence plus accentuée au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, pour ne citer que ces pays etc.

Du bilatéralisme trait d’union vers le matérialisme codéveloppement

Une perception qui privilégiait le bilatéralisme, en attendant que le multilatéralisme africain fonctionne. Aujourd’hui, ce multilatéralisme est sur les rails, malgré les écueils placés par certaines puissances régionales, dépassées par les évènements et par la réalité sur le terrain.

Et c’est dans la même optique que le Maroc lance et parraine (2009) l’idée de la Conférence ministérielle des Etats africains riverains de l’Atlantique. Une initiative, qui avait failli achopper, si ce n’était la détermination de la diplomatie marocaine. En effet, à l’époque, des écueils ont été dressés par certains pays, dont notamment l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Nigéria et la Namibie.

La Conference a été relancée en 2022 quand les pays riverains ont compris les dividendes qu’une telle organisation leur apportera. Les pays concernés se retrouveront, du reste, pour une réunion de concertation, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies au cours du mois de septembre 2022.

Coopération certes, mais aussi anticipation de la suite des événements. Aujourd’hui, les observateurs neutres en mesurent le doigté et la quintessence en appréciant, à sa juste valeur, la décision du Maroc d’étendre sa souveraineté maritime par la délimitation du plateau continental fixant la limite des eaux territoriales avec l’institution d’une zone économique exclusive de deux cent miles marins des côtes marocaines ; le tout dans l’esprit et la lettre de la Convention sur le droit de la mer de 1982.

Et c’est dans le même esprit que la politique de construction de ports maritimes d’envergure internationale a été échafaudée, puis exécutée. Tanger-Med, que certaines mauvaises langues, à l’époque de son lancement (2004), ne se limitaient pas au seul dénigrement. Maintenant, on se félicite de cette vision maritime du développement du pays. Et personne, sauf quelques détracteurs de service, n’ose mettre en doute la clairvoyance et la finalité derrière les projets de construction des ports de Nador Med West (entamée en 2016) et de Dakhla (entamée en 2020) et l’élargissement  ou la construction d’autres ports sur la Côte atlantique.

Il y a donc, une vision argumentée par une visibilité que seuls des myopes géopolitiques récusent. Preuve en est, la série de conclusion d’accords de libre-échange (ZLE). Tout d’abord, avec les Etats-Unis (2004). Tout le monde était conscient que l’accord profitera davantage aux Etats-Unis. Mais, la vision marocaine était politique et diplomatique et pas forcément économique ou commerciale.

 Le résultat de cette vision, en dépit des lamentations des économistes dans la pure tradition de l’orthodoxie, est plutôt positif : le Maroc a joint l’utile à l’agréable dans la gestion de la question des provinces des Sud. L’économique est en train de prendre ses quartiers dans l’esprit du partenariat mutuellement avantageux.

La série d’autres accords de libre-échange entrait dans le cadre de la même logique : démontrer que le Maroc est un pays ouvert sur l’économie mondiale. Le Maroc est partie de  la Zone arabe de libre-échange (1981), de l’Accord d’association Maroc-Union européenne (1996), de l’Accord de libre-échange Maroc-AELE (1997), de l’Accord avec les pays arabes méditerranéens (2004), de l’Accord de libre-échange Maroc-Etats-Unis (2004) et de l’Accord d’intégration à la ZLE continentale africaine (2018).

Des accords de libre-échange que le pays révise avec ses partenaires quand l’équilibre idoine des échanges n’est plus observé (des ajustements ont été introduits avec la Turquie (2020). D’autres pays sont sur la liste comme l’Egypte ou la Tunisie sur la question des ajustements tarifaires et sur d’autres questions à connotation politique.

Parallèlement, le Maroc fait sienne le développement des régions frontalières à l’Est, au Nord et au Sud. C’est largement justifié dans la mesure où il est attesté, de par l’histoire récente, que des zones problèmes (issues areas)  dans lesquelles l’instabilité est endémique, peuvent être soulagées par la promotion des zones frontalières des pays en conflit.

Ceci est d’autant plus évident que la vulnérabilité et la sensibilité ressenties altèrent les tentations belliqueuses et invitent les partenaires extrarégionaux à avoir confiance dans les potentialités d’investissement et d’installation de leurs projets en toute sécurité.

Preuve en est la question de Nagorno-Karabakh opposant l’Azerbaïdjan et l’Arménie, dont les affrontements militaires ont repris, depuis quelques jours. Le territoire est azerbaidjanais, mais l’Arménie soutient un mouvement dissident arménien dans le but de le rattacher, plus tard, au pays.

L’Azerbaïdjan a récupéré une grande partie du territoire à la suite de la guerre qui a opposé les deux pays en 2020-2021. Bakou veut en finir avec le conflit, maintenant que la Russie, soutien en sourdine à l’Arménie, est préoccupée par la guerre contre l’Ukraine.

De quoi s’agit-il ?  Si le plan de construction d’oléoducs de l’Azerbaïdjan à destination de l’Europe (le cas de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Seyhan)  était accepté, avant son lancement en 1999, comme l’avait proposé  Zbigniew Brezinski, ancien Conseiller à la Sécurité nationale de Jimmy Carter, on aurait résolu une grande partie du litige par la magie de l’économie. L’économique au service du politique.

Or, la question de l’espace vital de la Russie n’était pas prise au sérieux par les Américains et les Européens. D’où l’Ukraine (la Crimée, Donbass etc.), la Géorgie (l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en 2008). Maintenant, on assiste à des affrontements frontaliers entre le Tadjikistan et le Kirghizistan identiques à ceux ayant opposé l’Ouzbékistan et le Kirghizistan (2010-2012) devant l’œil impuissant de l’Organisation du Traité de la Sécurité collective.

Diversification des partenaires dans l’esprit de blocs économiques viables

La logique est observée dans l’ouverture du Maroc sur des régions longtemps négligées telles que l’Asie. Les expériences de certains pays asiatiques sont étudiées et appréciées. C’est dans cet esprit que le Maroc compte parmi les rares pays arabes à avoir adhéré au projet de la route de la soie (signature, d’un mémorandum d’entente en 2017 avec la Chine).

Ce faisant, le Maroc nargue les pays membres de l’Union européenne qui veulent en faire le fer de lance pour leur propre modèle de route de la soie (une sorte d’hameçon auquel le Maroc, instruit par l’expérience du passé, ne mordra sans doute pas, ou du moins ne le fera pas renoncer à sa politique de diversification de partenaires stratégiques). La coopération avec la Chine est au centre de cette vision, mais aussi la Russie dans la même optique de l’ouverture du Maroc sur le monde.

L’essoufflement de l’Union européenne, accentué encore depuis le Brexit, en est une première réponse. Mais, il y a aussi les difficultés que connaissent plus particulièrement l’Union pour la Méditerranée (2008) et le Partenariat oriental (2009).

Le Maroc était conscient que la volonté politique de tirer le Maghreb, l’Afrique subsaharienne et d’anciennes républiques soviétiques vers le haut n’était pas sincère de la part de l’Union européenne agissant collégialement ou individuellement.

Le Maroc a été confirmé dans son choix de chercher par ses propres moyens comment tirer son épingle du jeu et se libérer de ‘la mentalité de la victime’ ou de ‘dépendance stratégique’ ; un processus qu’il avait esquissé bien avant les recettes concoctées à la  Baule (1990), à Barcelone (1995), ou de façon épistolaire à Bruxelles.

Dans la foulée, l’ouverture du Maroc sur l’Union économique eurasienne (Uee) dans l’esprit du partenariat stratégique entre le Maroc et Russie (2016), était passée inaperçue. Il s’agit d’un espace économique regroupant la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie, le Kirghizistan. L’objectif des pays membres était de faire face au Partenariat oriental prôné par l’Union européenne à l’adresse des anciennes républiques soviétiques du Caucase du Sud.

La logique de la diversification, dans la démarche marocaine,  était éloquente et sans équivoque. S’inscrivant dans la perspective de la route de la soie et de l’ouverture sur d’autres marchés, outre que ceux de l’Union européenne, le choix de l’Uee n’était guère destiné à concurrencer les autres pays membres notamment d’Asie centrale.

Le Maroc brasse large et laisse les géopoliticiens à la carte mijoter des recettes dépassées par les événements et la réalité sur le terrain. Et il en a comme compasse, le rejet des relations à connotation féodale, que certains parmi ses partenaires en font leur priorité en matière de partenariat stratégique. Il est évident que le comportement marocain fait grincer des dents et attise les tentatives de déstabilisation, notamment psychologique, qui font, à chaque fois, long feu.

La vision est donc globale. Les relations avec les pays membres du Conseil de Coopération du Golfe en sont l’illustration limpide. Des relations équilibrées avec tous ses membres, malgré le passage à vide enregistré jusqu’à une date récente.

Cela se justifie dans la mesure où le Maroc refusait d’être otage de l’Union du Maghreb arabe, une organisation mort-née, et échapper aux vicissitudes des politiques d’axes stériles. Il n’avait de choix que de lorgner de nouveaux airs pour mieux respirer. Le Maroc était confiant dans ses moyens et il fallait, en outre, se dégager de l’étau de la dépendance unilatérale, loin des sentiers battus.

 Et c’est dans la même optique que se situe la candidature marocaine d’adhésion à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Une logique de partenariat et non pas une velléité de domination. L’adhésion ne fera qu’officialiser la qualité des relations que le Maroc entretient sur le plan bilatéral avec chaque pays membre.

Une ouverture se fait déjà avec la détermination du Maroc et du Nigéria à faire aboutir le projet du gazoduc qui embrasse quinze pays, dont certains ont rejoint récemment le club des producteurs de gaz, le Sénégal et la Mauritanie (signature le 15/09/2022 d’un mémorandum d’entente) confirmant l’engagement des pays membres de la Cedeao et l’ensemble des pays traversés de contribuer à la réalisation de ce projet d’envergure.

Ceci dit, rien n’empêchera la construction de l’autre gazoduc entre le Nigéria et l’Algérie (un mémorandum a été singé entre les deux pays en juillet 2022). Il faudra, sans doute, que l’Algérie soigne son image de crédibilité déjà entamée. Outre la question de l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne, que d’aucuns y voient une main algérienne, il y a surtout le fait que le Nigéria ne serait pas prêt à oublier qu’à Alger on continuerait à voir dans le gazoduc transsaharien un concurrent au gaz naturel algérien et non pas un complément stratégique.

Qui vient vers moi, je vais vers lui

Et c’est dans la même perspective que s’insère les relations ambitieuses du Maroc avec l’Association des Etats d’Asie du Sud-Est (Asean). La logique de la libéralisation du commerce international et la diversification des partenaires entre dans cette perception.

Le principe est simple : des pays viennent ou tentent de venir chez nous, on ira chez eux. Pourquoi ? La géopolitique des deux prochaines décennies se fera à partir de deux zones stratégiques : l’Asie-pacifique et l’Afrique. Au sein des deux zones, il y a des sous-ensembles qui se complémentent. L’Asean en fait partie. Les pays membres de cet ensemble grignoteront des points aux dragons asiatiques dont certains commencent à s’essouffler.

Le rapprochement par la distance. Depuis la saccade des crises financières internationales, 1990-2000-2010-2021, on se rend compte que les recettes des échanges commerciaux ‘one way are over.’ De même que le système d’alliances traditionnelles et les ambitions dans le partenariat stratégique ont largement changé de trajectoire.

D’aucuns, depuis  la pandémie de la Covid-19, parlent d’un nouvel ordre mondial. Une  configuration  qui remet  en cause le schéma  de départ ambitionnant de mettre sur pied un groupe de six joueurs (Etats-Unis, Chine, Inde, Russie, Japon et Union européenne) pour contrôler le système international de la deuxième moitié du XXIe  siècle. Il n’est plus certain que l’Union européenne puisse y trouver une place confortable, et encore moins d’y associer la Chine ou l’Inde sans  provoquer, au passage, des dommages collatéraux.

Preuve en est le lancement, en 2020, du partenariat tripartie Australie-Royaume-Uni- Etats-Unis (Aukus), qui a ébranlé les certitudes des partisans du Partenariat transatlantique. Les Etats-Unis privilégient le partenariat Asie-Pacifique. Les autres partenariats, se nourrissant dans les jardins privés des possessions coloniales, amorcent déjà leur érosion.

Le Partenariat tripartite Aukus cherche à intégrer des pays comme la Corée du Sud, le Japon et l’Indonésie. Et conséquence logique de ce chamboulement, l’agitation des pays membres de l’Asean. En effet, les pays d’Asie du Sud qui ont, jusqu’à une date récente, réussi un équilibre géopolitique relatif les mettant à l’abri des luttes d’influence entre les grandes puissances et les puissances émergentes, redoutent l’Aukus.

Cependant, à la longue, ils y verront une issue honorable pour ne pas subir totalement l’influence chinoise ou la domination d’autres pays de la région sur fond de litiges frontaliers et de délimitations unilatérale  de la souveraineté maritime qui n’en finissent pas d’ébranler les équilibres géopolitiques régionaux.

Force est de relever que ces deux dernières années, les complexes sécuritaires régionaux commencent à reprendre des couleurs dans le sens sinon de la résolution des conflits endémiques, du moins jouer la carte du repositionnement sur l’échiquier géostratégique. Ce repositionnement ne peut plus dépendre du seul vouloir des acteurs étatiques, mais de la concertation collective pour ne pas trop secouer les équilibres fragiles maintenus en l’état, jusqu’à présent.

Preuve en est le récent Sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (Ocs, 15-16/2022 en Ouzbékistan),  qui se veut la projection d’un nouvel ordre mondial en gestation. Un exercice difficile dans la mesure où les membres influents au sein de l’Ocs, la Chine et la Russie, cultivent des ambitions différentes qui dépassent le seul fait de contrecarrer l’hégémonie des Etats-Unis.

Le Maroc et l’Asean : une suite dans la cohérence

Alors, pourquoi l’Asean ? Simple, là encore, une suite dans les idées, et une cohérence dans l’approche marocaine. L’Asean a été créé en 1967. Elle compte dix pays membres (la Birmanie, le Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines,  le Singapour, la Thaïlande et le Vietnam). Elle présente un bloc économique mondial dans la lignée des économies florissantes des Etats-Unis, de la Chine, du Japon et de l’Union européenne,

De même que ces pays démontrent qu’ils partagent la même perception de l’intégration régionale ; preuve en est la création de la communauté économique de l’Asean en 2015.

Le Maroc et l’Asean ont signé, en 2016, le Traité d’amitié et de coopération sur la voie, pour le Maroc, de devenir Partenaire du dialogue sectoriel (candidature présentée en 2018). Il obtient le statut de partenaire de développement de la Commission de la Rivière Mékong. Il obtient, en 2020, le Statut d’Observateur auprès de l’Assemblée interparlementaire de l’Asean (Aipa, créée en 1977). Il obtient également le Statut de Membre Associé auprès de l’Organisation de l’Education d’Asie du Sud-Est (Seameo) en 2021.

Les pays de l’Asean comportent des populations d’origine chinoise. Elles sont actives et entretiennent la culture chinoise tout en s’intégrant dans les pays d’accueil. La Chine tient à son initiative de la route de la soie. Elle vise, entre autres, l’Afrique. Le Maroc est intégré dans cette vision qu’il considère complémentaire de sa perception rénovée de la coopération Sud-Sud et de sa politique africaine basée sur le codéveloppement.

La Chine ambitionne de faire des investissements importants au Maroc, dans le cadre de sa stratégie d’influence dans le continent africain pour les quinze années à venir. Le Maroc est déjà présent en Afrique, étant parmi les premiers investisseurs africains dans le continent. Quoi de plus normal que de joindre les efforts, non seulement sur le plan bilatéral, mais aussi sur le plan triangulaire : certains pays de l’Asean ont un coup à jouer. Et le Maroc aussi.

Fouad Laroui a fait un plaidoyer pour les Arabes, afin de les réveiller de leur hibernation et espérer, peut-être, convaincre des esprits avertis en Occident et ailleurs, de ne pas faire de l’amnésie historique et de l’altérité culturelle un fonds de commerce.

Il s’agit d’un cri de révolte contre les fossoyeurs d’hier et d’aujourd’hui qui cherchent à maintenir les populations des pays en développement dans ‘la mentalité des soumis’. A une question de savoir quel conseil l’auteur pourrait-il donner aux jeunes pour combattre cette mentalité, Laroui a dit qu’il faut oser poser des questions, prendre des initiatives et sortir des sentiers battus.

En géopolitique, c’est pareil. A la mentalité de ‘la structure féodale des relations internationales actuelles’, il faut répondre par la quête des ressources profondes qui conditionnent la structure mentale des décideurs en vue de jauger leurs potentialités et voler de leurs propres ailes. Car, des carnassiers élevés dans la tradition de tout avoir sans rien céder montrent leurs dents pour empêcher des pays en développement de vaincre la hantise qui les cloue au sol et les empêche  de se libérer pour faire mieux qu’eux.

1 Fouad Laroui ‘Plaidoyer pour les Arabes : vers un récit universel’, Mialet Barrault, 2021, 304 p.’

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