Géopolitique: Faut-il penser à la reconfiguration du Sahel?

Les coups d’État, les conflits et l’instabilité se sont multipliés au Sahel sans s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité. Dans une tribune intitulée « Il faut repenser la sécurité du continent selon une perspective stratégique africaine », rédigé par Niagalé Bagayoko, spécialiste de la gestion des conflits, « les échecs actuels doivent inciter à faire le bilan de plusieurs décennies de coopération technique avec les partenaires extérieurs ». L’auteur décrit la tendance à la sécurisation de la politique étrangère de l’UE et souligne la nécessité urgente pour l’UE et ses États membres d’examiner comment adapter leur approche et prendre en compte les leçons apprises de l’Afghanistan et d’autres pays.

Compte tenu de la stratégie révisée de l’UE pour le Sahel, qui appelle à un réveil civil et politique, il est essentiel, comme base de solution pour la paix, de passer d’une stabilisation centrée sur l’État à davantage d’engagements de la société civile et des communautés. Il est nécessaire de s’attaquer aux causes structurelles à long terme de l’incertitude qui mine le Sahel. Il s’agit notamment de graves inégalités, d’une gouvernance faible et corrompue, de la violence contre les civils, de l’impunité, de la criminalité, de la violence sexiste, des conflits entre agriculteurs et éleveurs, des restrictions à la liberté de mouvement, des déplacements internes, des menaces environnementales, de la sécurité alimentaire et hydrique, de la gestion de la croissance démographique rapide, du faible accès à l’emploi, de la santé et de l’éducation.

L’UE, très présente dans le Sahel, même si une reconfiguration est en perspective, devrait donner la priorité à la sécurité humaine et appliquer une perspective fondée sur les conflits et équitable entre les hommes et les femmes à toutes ses initiatives, mais surtout avec des solutions d’abord locales. En outre, l’assistance en matière de sécurité devrait être axée sur les besoins de sécurité des personnes, leurs exigences juridiques et judiciaires et la protection des civils, renforçant ainsi le contrôle démocratique du secteur de la sécurité et instaurant la confiance entre les forces de sécurité ou armées et la population civile.

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Les motivations de Bruxelles pour la sécurisation étaient principalement sa quête d’un rôle mondial plus fort, la réduction de la migration et de la défense territoriale, et l’influence géopolitique. Cependant, il a été entraîné dans le paradigme européen de lutte contre le terrorisme dirigé par la France.

Le choix reste entre une attitude d’entêtement stratégique qui n’a pas conduit à la paix ou à la stabilité (bien au contraire), ou une refonte et une réorientation des mesures vers des stratégies centrées sur les personnes et s’attaquant aux causes structurelles de l’insécurité.

Aujourd’hui, nous sommes passés des récits de la contre-insurrection à la lutte contre le terrorisme et ensuite à ce que nous avons maintenant : la géopolitique des blocs concurrents, où la population civile est prise à plusieurs reprises entre les fronts des intentions et des idées internationales. De nombreuses organisations de la société civile, tant à Bruxelles que dans le monde, s’inquiètent de la prévalence des réponses sécuritaires simplifiées aux conflits complexes et multidimensionnels.

L’Occident a échoué au sahel

Le 15 août le dernier continent de l’armée française a quitté le Mali fermant une longue présence de la France aux côtés des maliens pour combattre le terrorisme, mais ces derniers temps le torchon a fini de se consumer entre Paris et Bamako sous forme de plusieurs tension politiques. Situation renforcée par le mécontentement de la population malienne vis-à-vis de la puissance protectrice française qui au début avait été accueillie avec une grande euphorie.

La colère des populations maliennes est accentuée par des accusations très lourdes « les frappes aériennes françaises touchent souvent les mauvaises personnes, notamment les populations civiles. »

Il y a deux ans, des manifestations de masse ont éclaté dans la capitale, Bamako, non seulement contre le gouvernement l’ex président, décédé, Ibrahim Boubacar Keita, mais aussi contre la puissance protectrice française. Le soulèvement a ensuite été mis fin par le colonel Assimi Goïta Goïta, qui a invité la Russie pour l’aider à combattre le terrorisme que la France et ses alliés de l’OTAN n’ont pas pu vaincre.

Moscou entretient de bonnes relations avec le Mali depuis l’indépendance en 1960. Le Premier ministre Maïga et le ministre de la Défense ont même étudié en Union soviétique.

L’escouade militaire russe est jugée efficace, partout où elle apparaît. Elle avait déjà été utilisée dans le Donbass ukrainien, en Syrie et, de plus en plus, en Afrique. Par exemple au Mozambique, au Soudan, en République centrafricaine et maintenant aussi au Mali.

Aujourd’hui, la France partie, la MINUSMA, mal en point la Russie et le Mali font face aux terroristes sur fond de vive tension politique entre Paris et Bamako. Cette reconfiguration appelle à repenser à une réorganisation géostratégique de la zone.

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