Guerre des mots et des chiffres entre le PJD, Bank al-Maghrib, la CGEM et le GPBM ?

C’est un branle-bas de combat inhabituel qui a caractérisé la réunion, organisée samedi par les dirigeants du PJD, pour préparer et rendre publique la riposte au mémorandum de Abdellatif Jouahri, Miriem Bensalah-Chaqroun et Othman Benjelloun, respectivement Wali de Bank Al-Maghrib, présidente de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) et président du GPBM (Groupement professionnel des banques du Maroc). Ce mémorandum, cosigné par les trois instances met à l’index, sans ménagement aucun, un ralentissement de la croissance et une baisse inquiétante des investissements. Il survient quelques jours après que le Wali de Bank al-Maghrib ait fait sa sortie pour dénoncer, entre autres, le recul des crédits en faveur des PME depuis 2013.

L’état-major du Parti de la justice et du développement (PJD) n’a pas avalé les critiques – professionnelles et pertinentes – des trois instances réunies pour dénoncer l’état critique de l’économie et des finances du Royaume, autrement dit de la gestion du gouvernement dirigé par le parti islamique depuis 2012. Aussi, le PJD, par la voix de quelques uns de ses experts économiques, estime que les critiques envers la gouvernance économique sont injustifiées et ont un « objectif politique », celui de déstabiliser le parti, à quelques mois des élections législatives. Quand bien même, affirment les mêmes experts, ces critiques ne sous-tendraient pas des intentions malencontreuses ou ne seraient pas inspirées d’une mauvaise foi quelconque, elles restent marquées au coin d’une volonté politique évidente, puisqu’elles sont exprimées dans un  contexte particulier, à quatre mois du scrutin du 7 octobre prochain.

Ce sont donc Abdelali Lakhdar et Mohamed Yatim, proches conseillers économiques de Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD et chef du gouvernement qui sont montés au créneau pour apporter la réponse à la note de Bank al-Maghrib, de la CGEM et du GPBM. Ils soulignent en substance que ni le parti islamique , ni Abdelilah Benkirane ne sauraient être les seuls responsables de la « récession » actuelle, alors que le gouvernement est constitué de quatre formations politiques…Il s’agit, selon eux, d’une « campagne politique ciblée » menée depuis quelques temps contre le PJD ; elle a commencé avec le discours retentissant de Miriem Bensalah- Chaqroun, présidente de la CGEM, prononcé à l’occasion d’une journée organisée par le département des finances sur le programme économique national, et  dans lequel elle s’est fendue d’une violente critique de la gestion du gouvernement et des résultats navrants de l’économie. Les dirigeants du PJD n’en démordent pas – obsession politique oblige – de voir dans cette « sortie » de la patronne du patronat un signe annonciateur de la guerre contre leur formation.

L’échange de propos peu amènes entre le chef du gouvernement et les trois acteurs économiques institutionnels que sont la Banque centrale, la CGEM et le GPBM, traduit en définitive une exacerbation continue de leurs rapports qui n’ont jamais été au beau fixe. Entre Abdelilah Benkirane et Miriem Bensalah-Chaqroun en particulier, les finasseries des premiers temps ne sont plus de mise. Le constat économique n’invite pas à l’optimisme, illustré par un fatal chiffre de taux de croissance qui ne dépassera par le 1,8%, alors que Benkirane croyait le faire caracoler au-delà de la réalité. Récession ? Qu’à cela ne tienne, tentent d’expliquer les dirigeants du PJD, mais le gouvernement a réglé ses dettes et financé de grands projets, dont notamment les Académies… L’argument ne tient pas, comme si le Maroc a commencé à peine aujourd’hui à en construire…

Le PJD a tort de voir dans les termes du mémorandum tripartite une dimension politique, car ce ne sont pas les partis de l’opposition ou autres instances qui se sont élevées pour tirer la sonnette d’alarme. Mais des institutions économiques représentatives

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