H5N1 au Brésil : Le Maroc anticipe la menace

La détection d’un cas de grippe aviaire hautement pathogène (H5N1) au Brésil, premier exportateur mondial de viandes, a semé l’inquiétude sur les marchés. Cependant, au Maroc, la faible dépendance au poulet brésilien et la solidité de la production nationale permettent de relativiser la menace.
Le 22 mai, le Brésil, leader mondial des exportations de viande, a annoncé la détection d’un premier cas confirmé de grippe aviaire dans un élevage commercial situé à Montenegro, dans l’État de Rio Grande do Sul. L’incident a conduit plusieurs pays partenaires à suspendre leurs importations en provenance du Brésil.
Cependant, certains pays, dont la Chine, l’Union européenne, l’Afrique du Sud et le Maroc, ont choisi de maintenir leurs dispositifs sanitaires existants, estimant que les mesures prises étaient suffisantes pour limiter les risques. Cette décision reflète la volonté d’éviter toute perturbation supplémentaire dans un contexte marqué par une interconnexion commerciale forte.
Au Maroc, les acteurs du secteur avicole se veulent rassurants. Selon la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA), les volumes de volaille importés du Brésil demeurent marginaux, voire inexistants. Seuls quelques produits transformés en provenance du Brésil sont parfois importés, sans impact sur l’approvisionnement national. Parallèlement, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a renforcé les contrôles aux frontières pour prévenir tout risque de contamination.
Lire aussi : Allemagne : Un cas de grippe aviaire dans une exploitation, 30.000 volailles abattues
Le système marocain repose sur une diversification des origines d’approvisionnement, privilégiant des pays comme l’Espagne, la France et, dans une moindre mesure, les États-Unis pour l’acquisition de poussins de reproduction. En 2024, ces importations ont atteint 4,245 millions d’unités, marquant une progression de 13 % par rapport à l’année précédente. En revanche, les importations de dindonneaux ont diminué à 154 000 unités, soit une baisse de 3 %.
D’un point de vue économique, le secteur avicole traverse une phase délicate. Après une flambée des prix en 2024, le début de l’année 2025 est marqué par un recul des prix à la ferme, situés entre 13 et 14 dirhams le kilo vif. Ce niveau est jugé non viable par de nombreux éleveurs, qui enregistrent des pertes.
Cependant, une reprise est attendue, notamment grâce à l’annulation de la célébration de l’Aïd Al-Adha cette année, un événement qui pourrait entraîner un redressement de la demande en volaille, plus accessible pour les ménages. Les prix pourraient ainsi se redresser à 15-16 dirhams le kilo vif pendant la saison estivale, traditionnellement favorable à la consommation de volaille. Une hausse est également anticipée sur le marché des œufs.
La FISA indique que les capacités de production nationale fonctionnent actuellement à plein régime, assurant ainsi l’autosuffisance du pays. Mieux encore, le Maroc parvient à exporter vers plusieurs marchés ouest-africains. En 2024, les exportations de poussins de chair ont bondi de 125 %, tandis que celles des œufs à couver ont progressé de 15 %.
Malgré les turbulences internationales, la stratégie marocaine, qui repose sur une production locale forte et une diversification des sources d’approvisionnement, apparaît comme un gage de sécurité alimentaire et de stabilité pour les consommateurs.