Hassan Ouriagli au 6ème FIAD : le développement est « positif » s’il est écologiquement mais aussi socialement durable.

Discours de M. Hassan Ouriagli, Président Directeur Général – Al Mada, à l’occasion du Forum International Afrique Développement.

Monsieur le Président de la République,

Messieurs les Ministres,

Messieurs les Ambassadeurs,

Monsieur le Président de la région du Grand Casablanca,

Mesdames et Messieurs les Présidents directeurs généraux,

Chers amis,

Nous sommes honorés et ravis de votre présence en cette 2e journée du Forum International

Afrique Développement – conduite sous le Haut Patronage de Sa Majesté Mohammed VI que Dieu l’assiste.

J’ai ce matin l’immense plaisir d’ouvrir ce panel sur le Positif Impact – un thème particulièrement important dans le cadre de cette problématique de l’intégration régionale qui nous réunit cette année.

Un thème d’autant plus important qu’il illustre l’ADN d’Al Mada, fonds d’investissement privé panafricain, Positive Impact qui est en quelque sorte notre « raison d’être » et traduit le sens de notre responsabilité sociétale, la portée bénéfique de nos actions dans le long terme. Le nom d’Al Mada lui-même est porteur de cet engagement…

Alors dans quelques instants, nos illustres invités que je remercie d’avoir accepté notre invitation, interviendront sur ce thème.

Permettez-moi, en préambule, de partager avec vous notre vision du Positive Impact, pour Al Mada, pour les territoires et les populations auprès desquelles nous intervenons, et plus largement dans le cadre de notre vision panafricaine.

Il existe un lien fort entre une entreprise, un fonds d’investissement, plus généralement tout acteur économique, et les territoires, populations auprès desquels il exerce son action.

Pourtant, par le passé, ce lien et cette empreinte ont pu être niés, subis ou vécus à minima.

Ainsi l’entreprise agissait-elle avec une philosophie économique simple : la rentabilité économique, garante de sa pérennité, justifiait la focalisation de la mission des entreprises sur le seul profit.

L’impact positif de l’entreprise n’était qu’une victoire annexe, une sorte d’effet positif collatéral, « nice to have » et son action sociale assimilée à une forme de paternalisme ou d’action de charité.

Nos amis d’obédience anglo-saxonne ici présents se souviendront de la formule, « Are you running a business or a charity ? » qui opposait vocation financière de l’entreprise et préoccupation sociale. On s’engageait pour son entreprise OU pour une œuvre philanthropique – l’un et l’autre ne pouvaient aller de pair…

Cette conception de l’entreprise en tant qu’acteur n’obéissant qu’à de simples impératifs économiques a vécu.

Elle n’est plus acceptable socialement.

Elle n’est plus acceptable sur le plan environnemental.

Rares ont été les acteurs économiques à avoir anticipé ces changements ou œuvré à cette mutation. Pourtant, la plupart ont muté – sous pression.

Les grandes crises des années 1970/1980 ont remis en cause le profit comme seule finalité de l’entreprise.

Les innombrables enjeux environnementaux – épuisement des ressources, pollutions multiples, réchauffement climatique – ou problématiques de santé publique sont venus, dès les années 2000, renforcer les exigences de base et attentes sur l’impact des acteurs économiques.

Un mouvement parallèle s’est engagé avec la démocratisation de l’avoir. Partout où des classes moyennes se sont développées, des attentes fortes en matière de consommation sont apparues. La transparence est devenue la norme, la traçabilité un effort de tous les jours.

Enfin, la crise financière de 2008 est venue rappeler que l’économie devait être au service du monde réel – et les réseaux sociaux ont parachevé cette mutation, favorisant partage d’information et mobilisation quotidienne pour l’adoption par tous les acteurs économiques d’une conduite saine et durable.

Mais, Mesdames, Messieurs, je ne vous brosserai pas ici un portrait « hors sol » du consommateur africain, de l’économie du continent. En Afrique, de fortes disparités de développement économique existent. Des régions demeurent enclavées, des populations en marge. Résorber ces disparités est un mouvement qui prendra du temps – mais ce mouvement est un mouvement de fond, il est le sens de l’Histoire. Il nous conduit vers une Afrique moderne, fière de sa culture, oeuvrant pour l’équilibre et le bonheur des peuples qui la composent.

Al Mada, depuis ses origines, s’inscrit dans ce mouvement. Il investit dans des projets structurants pour l’économie marocaine et plus généralement africaine, catalyseurs de progrès au niveau économique et social. Il n’a eu de cesse en effet de favoriser une croissance pérenne et partagée, à l’échelle nationale puis panafricaine. Cette croissance, nous l’appelons « développement positif » – une dimension plus large que le seul « développement durable », un développement qui fait une référence trop exclusive aux aspects écologiques.

Pour nous, le développement est « positif » s’il est écologiquement mais aussi socialement durable.

Notre signature, Positive Impact, exprime notre engagement : inscrire notre empreinte dans une dynamique inclusive et à long terme.

Permettez-moi, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, chers amis, de vous en livrer quelques illustrations très concrètes, à commencer par ce qui demeure dans nombre de régions au Maroc comme en Afrique la préoccupation première de tous : l’emploi mais pas n’importe quel emploi. Al Mada veille à la création d’emplois de qualité, correctement rémunérés, avec des conditions de travail dignes, un bon niveau de protection sociale, des cotisations pour la retraite. Avec plus de 40 000 salariés au sein de nos participations, nous contribuons ainsi à la création d’un écosystème dans lequel chacune et chacun peut s’épanouir.

Autre préoccupation : le pouvoir d’achat. Avec Marjane – un groupe de grande distribution qui compte aujourd’hui 55 millions de clients par an – nous avons été le pionnier à donner accès à tous les Marocains à un mode de consommation aujourd’hui plébiscité car il s’efforce de proposer les meilleurs prix.

A propos du désenclavement de nos territoires, le fonds Al Mada contribue fortement au développement local notamment dans les mines avec Managem ou les énergies renouvelables avec Nareva. Dans l’énergie éolienne par exemple, Nareva opère plusieurs parcs totalisant 1650 mégawatts soit la consommation annuelle de 8 millions de marocains, c’est-à-dire près d’un quart de la population marocaine. Territoires dont nous accompagnons l’évolution vers une économie bancarisée en rendant accessible des services financiers au plus grand nombre. Attijariwafa bank, dont Al Mada est l’actionnaire de référence, est devenue le 1er réseau bancaire en zone francophone – et ses filiales, telle que Hissab Bikhir, permettent de toucher des personnes encore non bancarisées…

Tout ceci n’excluant pas bien entendue l’action philanthropique à travers l’action de la Fondation Al Mada – qui intervient dans les domaines de l’éducation, l’entrepreneuriat et la culture – ainsi que des associations telle Injaz Al Maghrib, fondée en 2007 et dont les programmes pour stimuler l’esprit d’entreprise ont pu toucher près de 100 000 jeunes au Maroc – et ceci n’est qu’un début puisque nous avons l’ambition de toucher 250 000 jeunes à l’horizon 2022.

Monsieur le Président de la République,

Mesdames et Messieurs les Présidents directeurs généraux,

Chers amis,

Voilà ce que nous entendons par « Al Mada – Positive Impact ». Partout où nous prenons la décision d’investir, nous nous efforçons de rencontrer cette double finalité de l’entreprise : créer des richesses ET contribuer au bien commun en renforçant le tissu social de manière durable et respectueuse de la dignité humaine et de la nature. Il en va de notre RESPONSABILITE – une conception de la responsabilité qui remet à plat les anciens fondamentaux de l’économie, « capitalisme contractuel » et « capitalisme financiarisé ».

Quelle nouvelle forme de capitalisme appelons-nous de nos voeux ?

La question de la finalité de l’entreprise est de plus en plus présente dans le débat public, et l’élargissement de son objet social est évoqué au niveau mondial. Les Etats-Unis ont ainsi créédes « Public Benefit Corporations » qui associent but lucratif et intérêt général. En Europe, lemouvement s’étend avec la « Società Benefit » italienne, les « Community interest

companies » en Grande-Bretagne ou les entreprises avec « raison d’être » en France.

Il y a là pour l’Afrique une opportunité, celle du « quantum leap », prendre un train d’avance et adopter dès aujourd’hui le modèle d’avenir, plus efficient pour son développement…positif. Inclure dans les statuts de l’entreprise une mission sociale, scientifique ou environnementale qui vient compléter la recherche du profit n’est pas qu’un argument marketing. Les entreprises qui s’engagent pour l’intérêt général attirent des collaborateurs plus motivés, mieux formés, qui cherchent à donner du sens à leur parcours. Au sein d’Al Mada, la RSE est intégrée de manière native dans la stratégie profonde de nos participations, leur progrès étant mesuré à partir d’une performance globale, incluant des dimensions sociales et environnementales en plus de la dimension économique. Chez nous, il y a quelques temps déjà que le ROI a changé de sens, qu’il est passé de Return on Investment à Return On Involvement, le retour sur engagement – un gage d’attractivité pour tous les talents que nous souhaitons fédérer à nos côtés et qui assureront demain notre capacité à adresser nos enjeux.

Ce modèle, nous souhaitons bien sûr qu’il essaime partout en Afrique. Il nous ferait honneur devant le tribunal des générations futures.

Je vous parle d’avenir – mais ce modèle de fonds, qui place le « Positive Impact » comme le retour sur engagement au coeur de ses pratiques, demeure au présent bien rare en Afrique.

Al Mada espère modestement ouvrir la voie. Nous sommes une avant-garde. Et si le « positive impact » devient la marque de fabrique d’une approche économique africaine, alors sans aucun doute aurons-nous oeuvré collectivement pour répondre pleinement aux enjeux qui nous rassemblent et inventer un « capitalisme positif » que nous appelons tous de nos voeux.

Monsieur le Président de la République,

Mesdames et Messieurs les Présidents directeurs généraux,

Chers amis,

Peter Drucker, le père du concept « d’esprit d’entreprise » et souvent décrit comme le fondateur du management moderne disait que « La raison d’être d’une organisation est de permettre à des gens ordinaires de faire des choses extraordinaires. » Faire des choses extraordinaires. C’est ce qui nous réunit et mobilise chaque jour. C’est tout ce que je nous souhaite et souhaite aux organisations que nous représentons collectivement ici.

Puissions-nous avec le Positive Impact rendre tangible cette vision pour l’Afrique et les

Africains.

Je vous remercie.

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