Hicham Daoudi : « Agadir avait besoin que son nom soit associé à un artiste incontournable »

Décidément, la polémique autour du logo de la ville d’Agadir a pris de nouvelles dimensions. Cité dans l’affaire comme patron de la société prestataire de la création artistique de la nouvelle identité visuelle, Hicham Daouidi a accepté de répondre aux questions de MAROC DIPLOMATIQUE pour apporter ses précisions et mettre la lumière sur certains détails inconnus du public.

Entretien

MAROC DIPLOMATIQUE : Le changement de logo de la ville d’Agadir a suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux et c’est votre société, CMOOA Ambitions, qui s’est occupée de sa réalisation. Comment s’est passée cette prestation ?
Hicham Daoudi : Je tiens à préciser tout d’abord que, contrairement à ce qui a été avancé, ma société ne s’est occupée que de la partie accompagnant la création de l’artiste et ses équipes graphiques. Nous avons simplement mis en place une plateforme logistique entre de jeunes designers et l’artiste Mohamed Melehi qui était en charge de toute la partie création artistique. CMOOA Ambitions a travaillé avec l’agence Atlas Collections pour la charte graphique et notre rôle premier était de superviser tous les postes logistiques de la mission. Concrètement, j’ai été consulté, comme d’autres sociétés, par la SDL Agadir Souss-Massa dans le cadre du programme de développement urbain de la ville 2020-2024 pour avoir mon avis sur la dimension artistique du logo. Je leur ai alors rappelé qu’il y avait un grand artiste marocain, Mohamed Melehi, qui avait déjà travaillé sur la région du Souss et qui avait une grande expérience dans l’espace public marocain. Il avait notamment travaillé dans l’espace public à Asilah, mais aussi en France en plus d’avoir été le premier à initier le graphisme artistique et qu’il avait dessiné beaucoup de logos de grandes structures marocaines. L’idée avait plu et la SDL a souhaité avoir une visibilité sur ce que ça pouvait donner concrètement.

Ce n’est donc pas passé par un appel d’offres ?
H.D : Non, ce n’était pas un appel d’offres. En matière de création artistique, c’est souvent l’étude de projets soumis par des interlocuteurs de différentes sensibilités dans le cadre de consultations. Je pense que je n’étais d’ailleurs pas le seul à être consulté. Et cette prestation offerte par mon entreprise est très modeste, elle n’est vraiment pas un enjeu économique pour ma structure. J’ai plus voulu accompagner un projet avec des challenges nouveaux où j’aurai forcément appris quelque chose à la fin.

Certaines personnes ont protesté parce que vous n’avez pas fait appel à un artiste local ou au moins, n’êtes pas passé par un appel à manifestation comme ce qui se fait ailleurs dans le monde ou pour le logo d’Al Boraq par exemple, pour émuler les énergies des jeunes de la ville…
H.D : Je comprends parfaitement, mais c’est un choix à faire par la ville dans le cadre d’une stratégie de marketing territorial. À mon avis, Agadir avait besoin que son nom soit associé à un artiste incontournable (comme d’autres villes qui sont devenues des marques aujourd’hui) qui allait servir le rayonnement de la ville. Comprenez-moi bien, je ne dis pas que les jeunes ne sont pas créatifs, je travaille avec de jeunes artistes magnifiques par ailleurs, mais en termes de notoriété, il faut pouvoir s’appuyer sur les artistes qui ont un rayonnement mondial. Mohamed Melehi a cette notoriété. N’oubliez pas qu’on parle d’un monsieur qui expose actuellement dans les capitales de l’Art : Dubaï, New York, Londres… et qui est présent dans plusieurs musées mondiaux. Sans oublier que cette notoriété allait aussi servir les jeunes. C’était surtout intéressant de réunir de jeunes talents autour de Melehi afin qu’ils apprennent de son expérience. J’ai d’ailleurs personnellement avisé pas mal de gens de la communauté artistique d’Agadir qui ont plutôt bien accueilli cette initiative.

Comment expliquez-vous alors toute cette polémique ?
H.D : Je pense qu’il y a plusieurs tenants et aboutissants politiques à cette affaire que je ne maitrise pas et qui ne me regarde pas pour être tout à fait franc. Par contre, j’insiste pour qu’à chaque fois que des décisions engagent la visibilité de la communauté, il faut communiquer. Je pense donc qu’il y a eu une séquence en communication qui nous a surprise dans cette affaire. À titre professionnel ou d’un point de vue éthique, je tiens à dire que je n’ai rien à me reprocher. J’ai juste mis mes compétences, mon énergie, mon équipe pour que Melehi puisse travailler avec des jeunes dans le cadre d’un projet intéressant. La région du Souss est extrêmement riche et a beaucoup à nous apprendre, nous sommes donc partis avec ces bonnes intentions et nous pensons toujours que nous avons réalisé le meilleur projet pour cette ville et que cette expérience est unique en Afrique. Agadir inaugure quelque chose de grand et j’espère que cette polémique ne ralentira pas les ambitions de cette ville pour qu’elle devienne une capitale culturelle et artistique.

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