Huit ans après la révolution, La Tunisie a-t-elle vraiment réalisé ses idéaux ?

Par Saad Bouzrou

Huit ans après la révolution, la Tunisie est souvent saluée comme une grande réussite, au sein d’une région toujours en proie à la guerre civile, aux crises humanitaires et aux déplacements. Mais pour de nombreux Tunisiens, les idéaux du printemps arabe, qui ont chassé Zine el Abidine Ben Ali, ne sont pas encore dûment respectés.

Jeudi, 17 janvier 2019, le pays a de nouveau été paralysé par des manifestations. Le puissant syndicat du pays, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a appelé ses 677 000 membres à descendre dans la rue pour protester contre les réformes financières « controversées » du gouvernement.

À l’extérieur du bâtiment de l’UGTT, dans le centre de Tunis, la foule s’est rassemblée sur la petite place, entassée dans l’espace étroit, tandis que, de haut, le secrétaire général du syndicat, Nourredine Taboubi, les inondait de roses et de flatteries.

Le dirigeant syndical Noureddine Taboubi lance des fleurs aux travailleurs avant son discours (AFP / Getty)

S’adressant aux foules enthousiastes, il a promis de rompre avec les conditions imposées par le Fonds monétaire international (FMI) et d’intensifier la campagne du syndicat en faveur des droits économiques du peuple tunisien.

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« La révolution du peuple tunisien avait pour idéaux initiaux les droits nationaux au travail, à la liberté et à la dignité », «Cependant, aucun de ces idéaux n’a été atteint par ce gouvernement ou par les gouvernements précédents, qui sont loyaux envers les‘ courtiers ’et le capital étranger ; tout en suivant les instructions du FMI. » a déclaré Lassad Hamdi, un fonctionnaire à la retraite, aux médias tunisiens.

Le déclin économique de la Tunisie, qui a en grande partie précipité la révolution du pays en 2011, s’est poursuivi jusqu’à présent, d’une campagne de recrutements massifs dans le secteur public sans pour autant compenser les troubles sociaux ni soutenir l’économie instable du pays.

Au cours des huit dernières années, la masse salariale dans le secteur public a doublé, passant d’environ 7,6 milliards de dinars (1,9 milliard de livres sterling en 2010) à 16 milliards de dinars (4,3 milliards de livres sterling) en 2018. Toutefois, selon l’Institut des études stratégiques du pays, le pouvoir d’achat a chuté de 40% depuis 2014.

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Soucieux de mettre fin à l’antipathie publique avant la grève, Youssef Chahed, Premier ministre tunisien, a prononcé un discours télévisé la veille du jour où l’action était planifiée. Il a déclaré aux téléspectateurs que la situation économique du pays lui avait ligoté les mains.

« Ce sont les augmentations de salaire admises après la révolution en l’absence de croissance réelle qui ont conduit à l’inflation, à l’endettement et à la baisse du pouvoir d’achat », a-t-il déclaré.

En conséquence, la violence et les manifestations sont devenues la norme dans de nombreuses villes du pays. L’ombre des élections législatives et présidentielles de novembre 2019 se profile à l’instar de cette situation instable, alors que toutes les parties cherchent à contrôler le discours public sur les prêts du FMI et sur les difficultés que beaucoup estiment difficiles pour le pays.

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