Hydrogène vert : Le Maroc structure sa filière et s’impose en leader régional

Dans le cadre de sa transition vers une économie plus verte, le Maroc place l’hydrogène vert au centre de sa stratégie énergétique, avec pour objectif de devenir un hub régional de production et d’exportation. À travers l’initiative baptisée « Offre Maroc », le Royaume entend tirer parti de son potentiel en énergies renouvelables, de sa situation géographique avantageuse et d’un climat d’investissement favorable pour s’imposer sur la scène internationale.
Le Maroc confirme son positionnement parmi les pionniers de la transition énergétique en Afrique, en plaçant l’hydrogène vert au cœur de sa stratégie. Avec le lancement de l’« Offre Maroc », le Royaume entend capitaliser sur ses ressources renouvelables abondantes, sa situation géographique stratégique et un environnement réglementaire incitatif pour devenir une plateforme régionale de production et d’exportation de cette molécule d’avenir.
Présentée par la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, cette initiative nationale adopte une approche intégrée qui couvre toute la chaîne de valeur : production, transport, conversion et valorisation industrielle. Elle s’appuie notamment sur une vision à long terme. Dans une réponse orale à la Chambre des représentants lundi 23 juin 2025, la ministre a affirmé que le Maroc revendique plus de trois décennies d’ouverture au capital privé dans le secteur énergétique, et a déjà atteint, en 2024, un mix électrique composé à 45 % d’énergies renouvelables. À l’horizon 2030, plus de 15 GW supplémentaires sont prévus, représentant un investissement estimé à 120 milliards de dirhams, dont 80 % proviendront de sources renouvelables. C’est sur cette base solide que le Royaume construit désormais sa filière hydrogène, à travers des projets industriels intégrés.
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Déjà, près d’un million d’hectares ont été identifiés pour accueillir ces projets, dont 300.000 hectares mobilisés dans une première phase. Selon les médias, six consortiums, nationaux et internationaux, ont été retenus pour développer sept projets dans les régions du Sud (Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra, Dakhla-Oued Eddahab), avec une puissance prévue de 20 GW en énergies renouvelables, dont 10 GW pour l’électrolyse, afin de produire jusqu’à 8 millions de tonnes de dérivés d’hydrogène vert.
Cependant, la promesse de l’hydrogène se heurte à un paradoxe bien connu. Surnommé par certains experts le « champagne de la transition énergétique », il ne se trouve pas à l’état naturel et doit être produit à partir d’électricité, un procédé coûteux s’il n’est pas basé sur des sources vertes. C’est là que l’atout marocain entre en jeu : l’abondance solaire et éolienne permet d’envisager une production compétitive, tout en assurant une empreinte carbone minimale.
Au-delà de l’export, le Maroc entend structurer un écosystème local. Le projet du groupe OCP visant à produire un million de tonnes d’ammoniac vert d’ici 2027 en est une illustration concrète. L’enjeu est de transformer l’hydrogène en un levier de réindustrialisation durable et territoriale. Les infrastructures de dessalement alimentées par les énergies renouvelables, nécessaires à l’électrolyse, devraient également contribuer à la sécurité hydrique, avec un besoin estimé à 63 millions de mètres cubes d’eau par an pour les projets retenus.