Il y a 66 ans le complot contre Mohammed V poussé à l’exil et le scénario d’abdication forcée

Par Hassan Alaoui

Voici une rétrospective des évé­nements ayant marqué les premiers 50 ans du siècle passé, entamant leur cours dramatique à Fès et dé­bouchant le 20 août 1953, sur l’acte odieux de l’exil forcé de Moham­med V en Corse et à Antsirabé. En­suite à l’Indépendance en novembre 1955.

Entre le 30 mars 1912 et le 20 août 1953, il s’est passé exactement 41 ans, 3 mois et 20 jours. La première date a correspondu à la si­gnature à Fès d’un accord léonin, es­tampillé « Traité de protectorat », par un diplomate du nom d’Eugène Louis Georges Regnault et par le Sultan Moulay Hafid , poussé par la suite à ab­diquer pour son frère Moulay Youssef. Pendant ces quatre décennies et douze mois, la France imprima son cachet co­lonial pur et dur, réadapté toutefois par la dimension humaniste d’un Hubert Lyautey, maréchal de son état qui tem­pérait les ardeurs des ultras à Paris et au Maroc. Il avait été nomme Résident général de France au Maroc et y exer­ça, d’avril 1912 à octobre 1925, et dans cette intermittence, il façonna le pou­voir monarchique, imposant le sultan de sa prédilection : Moulay Youssef qui régna jusqu’en 1927, date à laquelle lui succéda Sidi Mohammed Ben Youssef, dans un contexte d’autant plus compli­qué, fertile en rebondissements que le jeune sultan n’était guère préparé à la relève, ni même préféré…

 Le général Guillaume, dans son désespoir ultime, prendra la grave décision d’exiler Mohammed Ben Youssef le 20 août 1953, en Corse d’abord, à Madagascar ensuite… Ce fut-là le déclenchement d’une prise de conscience.

En 1927, deux ans après le départ de Lyautey qui avait, pour des rai­sons de sécurité déplacé la capitale du Royaume de Fès à Rabat, Mohammed Ben Youssef est intronisé. Il démen­tira l’image du Sultan docile que les militaires et les colons français dési­raient. Il sera intransigeant, intraitable même et sera confronté aux différents Résidents généraux de la France. Le général Guillaume, dans son déses­poir ultime, prendra la grave décision d’exiler Mohammed Ben Youssef le 20 août 1953, en Corse d’abord, à Ma­dagascar ensuite…Ce fut-là le déclen­chement d’une prise de conscience et la renaissance du mouvement nationa­liste, lancé déjà à Fès dans les années trente.

Depuis, nous célébrons chaque 20 août, l’anniversaire de l’exil forcé de Mohammed Ben Youssef, appelé aussi Mohammed V. Combien d’entre nous, notamment les jeunes générations, savent-ils ce que cette date signifie ? Pourquoi a-t-elle été « baptisée » « Ré­volution du Roi et du peuple » ? Quelle portée politique a-t-elle de nos jours ? Le 20 août signifie la sinistre date de l’exil forcé du Roi Mohammed V en Corse, le 20 août 1953. Le Maroc était encore un protectorat français, dirigé de Paris bien sûr mais représenté par un Résident à Rabat qui, sorte de proconsul, administrait le Maroc et était doté de tous les pouvoirs politiques, institutionnels, décisionnels et militaires.

 Les délibérations franco-françaises pour le choix du nouveau sultan aboutissent alors à cette conclusion : Sidi Mohammed est apparemment docile, il s’accommodera de la présence française et ne la contestera jamais !

Depuis plusieurs décennies, nous avons pris l’habitude de célébrer cet anniversaire avec la même ferveur, certes, mais aussi une sorte de recueil­lement qui nous fait presque oublier le contenu et l’objet de cette sacralisa­tion ! Combien de jeunes d’aujourd’hui sont-ils au fait de la signification de cet événement ? Combien de ceux qui ont vécu les années de l’indépendance peuvent-ils encore se souvenir de ce duel majeur qui a mis face-à-face le Roi Mohammed V et la camarilla or­ganisée autour du Résident Guillaume, composée des Glaoui et les zaouiyas encadrées par Kettani, dit le « chrif » ?

La déposition de Mohammed V, un complot planifié

La radio, la télévision, une par­tie de la presse écrite s’en donnent à coeur joie à la même célébration, avec les mêmes images, les mêmes termes et presque les mêmes clichés. Ce qui fut un pan entier de notre mémoire collective, est simplement livré sans originalité et presque sans pédagogie, l’histoire étant écrite d’une certaine façon linéaire, alors que les ruptures constituent paradoxalement ses grands traits ! L’histoire du Maroc en ces an­nées cinquante était d’autant plus mê­lée à celle de la France, qu’elle mé­rite plus qu’une simple description, images, rares images encore à l’ap­pui… Mais une analyse centrale !

Nos manuels d’histoire consacrent inégalement la part qu’il faut à cet événement majeur, ils le survolent et le figent dans une chronologie qui a vite fait de réduire sa force, dans ce que les historiens appellent une « séquence ». La déposition de Mohammed V le 20 août 1953 participait ni plus, ni moins d’un complot, organisé, planifié, exécuté par le représentant colonial, un militaire borné, au passé pourtant célébré et tout à sa gloriole… et ses affidés marocains ! Ils’appelait le général Augustin Guillaume, dignitaire haut gradé comme la 3ème République française en savait faire. Leur objectif affiché ? Outre l’exil forcé du Souverain légitime, outre son remplacement par une potiche, du nom de Mohamed Ben Arafa, mettre au pas les résistants à la colonisation, ces jeunes nationalistes qui remplissaient les bagnes installés un peu partout au Maroc, écraser la revendication d’indépendance deve­nue persistante… Mais, au-delà : c’est l’histoire et la mémoire du Maroc qui étaient dans le collimateur !

L’intronisation de Mohammed V et rien d’autre

Or, jusqu’à nos jours encore, la question essentielle demeure de savoir si le général qui a voulu destituer le sultan, avait agi seul et de son propre chef, autrement dit contre son gouver­nement à Paris, ou s’il bénéficiait de soutiens, d’une complicité avérée. Ou simplement de certains appuis, margi­naux mais décisifs au point qu’il a fail­li faire endosser son coup de force par la France comme si c’était décidé par celle-ci. Peut-être qu’une rétrospective s’impose-t-elle à nous, aujourd’hui, pour restituer dans ses grandes lignes de force, le long processus qui a conduit en quelques années à l’acte odieux ! Le Sultan Moulay Youssef, bâtisseur comme le Maroc en a connu en ce temps-là, est décédé en 1927, soit quinze ans après l’institution du protectorat français le 30 mars 1912… Troisième de ses fils, Sidi Mohammed est à peine âgé de 17 ans et mène une vie paisible à Fès, ensuite à Meknès, éloigné de son père. Son éducation est confiée alors à un précepteur algérien, al-Mâamri, comme le veut une cer­taine tradition. Mohammed V joue et fréquente les enfants pauvres de son quartier… Les autorités du protecto­rat se trouvent confrontées à un grave dilemme : qui choisir des deux en­fants pour succéder au Sultan Moulay Youssef, entre Moulay El Hassan et Moulay Driss, Sidi Mohammed étant simplement mis de côté, parce que « frêle et pâle » et effacé… Le calcul du colonisateur, relevant d’un cynisme affiché, voulait un roi docile, dépouillé d’ambition, neutre, maniable, mani­pulable et fragile… parce que l’œuvre coloniale devait continuer dans la droite ligne de l’occupation, et se ré­clamant même de l’héritage du maré­chal Lyautey, qui vouait pourtant un respect plus que scrupuleux à la mo­narchie et aux traditions marocaines… Les délibérations franco-françaises pour le choix du nouveau sultan abou­tissent alors à cette conclusion : Sidi Mohammed est apparemment docile, il s’accommodera de la présence fran­çaise et ne la contestera jamais !

C’était donc sans compter sur la re­doutable volonté d’un jeune prince, acharné, qui va apprendre la politique, la grande stratégie et affronter le pou­voir colonial, avant de libérer le Ma­roc. Un événement de taille se produit alors : un groupe de Oulémas se rend à Meknès et demande audience au fqih al-Mâamri, ils sont reçus par Sidi Mo­hammed et d’emblée lui proclament : « Sidna, Dieu vous glorifie, vous êtes notre Roi et notre Amir al-Moumi­nine…». C’est alors une précipitation de l’histoire !

Théodore Stegg, résident général ayant succédé à Lyautey, agrégé de philosophie et défenseur d’un pâle ra­dical-socialisme, se résoudra alors à ce choix. Mais Mohammed Ben Youssef, les colonisateurs le découvriront à leur dépens, non seulement ne sera pas un roi docile, mais secouera le joug co­lonial et, d’une révolution institution­nelle à un défi direct et frontal, il finira par libérer le Maroc en 1955.

Le Dahir berbère, pierre angulaire d’une politique coloniale aux antipodes des conceptions de Lyautey, suscite une forte émotion dans le pays.

Le Dahir berbère, pomme de discorde

A Rabat où il installe ses quartiers, le jeune Roi teste une sortie la même année 1927, sur un cheval blanc non loin des Oudayas, une foule l’acclame et accourt à sa rencontre… En 1928, il entreprend une visite en France et sera reçu avec tous les honneurs par le pré­sident Gaston Doumergue. Il renforce son réseau de connaissances et de contacts et construit une image inédite, celle d’un Roi conscient que son peuple doit avancer, par les réformes, le pro­grès et l’unité. Il s’impose comme un interlocuteur incontournable, parfois même aux dépens de l’administration française, installée au Maroc. En 1929, il est heureux parce que sa femme ac­couche d’un garçon qu’il prénommera Moulay El Hassan, en mémoire de son grand père, le grand Sultan Moulay El Hassan 1er… C’est la continuité dy­nastique, enracinée dans une histoire pétrie dans le texte et de la mission de défi colonial. Un an plus tard, en 1930, il est confronté à un grave problème : les autorités coloniales promulguent le sinistre Dahir berbère qui, au prétexte de renforcer le patrimoine culturel et linguistique du Maroc, entend d’abord creuser un grave fossé au sein du peuple marocain, entre Arabes et Berbères et dont le Collège berbère d’Azrou ( de­venu Lycée Tarik Ibn Zyad) incarnera la mise en oeuvre anachronique ! Il est installé, sous l’influence d’anthropo­logues coloniaux, une « juridiction de coutume berbère », une loi scélérate qui constituera la pomme de discorde, la première d’une série, entre le régime du protectorat et le Palais, c’est-à-dire Mohammed V.

Le Dahir berbère, pierre angulaire d’une politique coloniale aux antipo­des des conceptions de Lyautey, sus­cite une forte émotion dans le pays. Il constitue, à coup sûr, l’acte de nais­sance du nationalisme marocain que l’administration française jaugera à sa juste mesure, quatre ans plus tard, en 1934, devant l’accueil délirant ,ré­servé à Mohammed V par le peuple de Fès, sorti furieusement des tanières, le poing levé aux cris de «Yahia al-Ma­lik». Ce cri est un signal… On peut en effet avancer que la symbiose entre le Roi et le peuple a pris son point de dé­part avec le Dahir berbère et le voyage de Fès, la ville où le nationalisme ma­rocain commence à se profiler, la cité 14 fois séculaire qui, tour à tour a four­ni la civilisation, l’universalisme, la science, la culture et l’âme génératrice du combat patriotique.

Lui manque-t-il une plate-forme idéologique ? Il déploie alors l’espé­rance collective, inscrit déjà le militan­tisme comme une devise et la liberté sur son fronton comme une revendi­cation essentielle. Lui manque-t-il un leader et un guide ? Mohammed Ben Youssef en prendra la lourde responsa­bilité..

La leçon patriotique de Fès

Ce que les experts en politique colo­niale de la résidence craignaient le plus s’est soudain produit. A Fès, le peuple descend dans la rue, déborde services d’ordre et protocole, pour crier son at­tachement et sa fidélité au Sultan Mo­hammed V qui, ému, le lui rend avec noblesse. Pour lui, ce chaleureux bain de foule, est à l’évidence un grand mo­ment de son parcours personnel. Pour les administrateurs coloniaux les plus perspicaces, cette manifestation consti­tue une date historique avec laquelle il convient désormais de compter. C’est si vrai qu’un an plus tard à peine, un autre événement à signification poli­tique majeure survient pour renforcer leur conviction qu’il s’agit non pas de simples trublions~ comme les qualifie un certain Al Moqri, chambellan, non pas d’un groupuscule d’égarés, mais bel et bien d’un noyau de militants po­litiques.

Un groupe de jeunes nationalistes, dont Allal El Fassi, Mohamed Hassan Ouazzani, Mekki Naciri, Omar ben Abdeljalil entres autres, rédigeront, en décembre 1934, un texte revendica­tif, intitulé le Plan de réformes, qu’ils soumettent simultanément au roi, au chef du gouvernement français et à son représentant à Rabat, le résident général. La lutte continuera de plus belle et le sultan, enfoncera, en 1947, le clou avec le discours qu’il pronon­cera en avril 1947 à la Mandoubia de Tanger où, accompagné de tous ses cinq enfants, il posera officiellement la revendication de l’indépendance du Maroc… C’est le défi lancé à la France. Dans le Maroc profond, c’est la même revendication qui gronde, elle est de plus en plus politisée tan­dis que de nouveaux partis politiques voient le jour : le Parti de l’Istiqlal, le Parti populaire qui deviendra le Parti démocratique de l’indépendance (PDI) et qui, sous la direction notamment de Mohamed Cherkaoui, futur époux de la princesse Lalla Malika, et Abdel­hadi Boutaleb, jouera un rôle décisif avant et après la libération.

 La connivence, une vision implicite des objectifs, de la méthode et du contexte politique est partagée, entre le Sultan et les nationalistes. Le régime colonial en prend conscience et le redoute. La libé­ration ! Ce mot tabou n’avait-il pas pris une valeur de proclamation officielle le 11 janvier 1944, lorsqu’un groupe de 44 personnalités nationalistes avaient publié le fameux Manifeste de l’Indépendance. Le Protectorat y voyait une collusion objective entre le Roi et les signataires qui sont arrêtés les uns après les autres. Et pensant s’en prendre à l’influence du Sultan, ils s’en prennent sévèrement aux jeunes patriotes, ce qui ne va pas sans sus­citer un émoi général, aussi bien au Ma­roc que dans certains cercles libéraux en France. Commence alors un cycle de ré­pressions, mais s’affirme en contrepoids une radicalisation politique dont la figure de proue est le Sultan. Il est le leader des nationalistes.

Il arrachera l’indépendance, et fera un retour triomphal au Maroc le 16 novembre pour proclamer officiellement l’indépendance du Maroc le 18 novembre 1955…Une page douloureuse est alors tournée, une autre recommence

Il y avait déjà deux ans que le Sultan avait osé dire la vérité à de Gaulle lui-même. Celui-ci ne rapporte-t-il pas dans le tome III de ses Mémoires, du livre « Le Salut » les propos très fermes que Mohammed V lui avait tenus : « Le ré­gime du protectorat a été accepté par mon oncle Moulay Hafid, puis par mon père Moulay Youssef, et l’est aujourd’hui par moi-même comme une transition entre le Maroc d’autrefois et un Etat libre et moderne. Après les événements d’hier et avant ceux de demain, je crois le mo­ment venu d’accomplir une étape vers ce but. C’est ce que mon peuple attend ». Impératif catégorique, dirait Kant encore, le Souverain a tranché sans langue de bois devant le Libérateur de la France.

Le complot contre Mohammed Ben Youssef démarre avec Alphonse Juin, gé­néral de la Deuxième Guerre mondiale, nommé résident à Rabat en février 1951. Lui, veut annuler le statut de protectorat et transformer les provinces du Maroc en autant de départements français, à l’exemple de l’Algérie. Deux ans plus tard, le général Juin est rappelé à Paris, il fait nommer un autre général, Augus­tin Guillaume, militaire grotesque, sans nuances, soudard de sous-préfecture cha­marré, qui commettra l’irréparable en dé­posant le Sultan. L’année 1951 a été mar­quée par toute une série de manoeuvres qui, depuis la Résidence, mobilisent le pacha de Marrakech, Thami Glaoui, les confréries religieuses supervisées par Abdelhaï Kettani, sombre prédicateur aux accents rétrogrades, les colons ultras, ainsi que les militaires et, à Paris même un Georges Bidault, ministre des Affaires étrangères qui cautionne l’opération de déposition. L’objectif est manifestement de destituer le Roi Mohammed V et de mettre à sa place un autre Roi. La coali­tion féodale s’est donc ingéniée à fabri­quer une parodie de procès du Roi légi­time, de mise en doute de son intégrité morale et religieuse, bafouant le titre de Amir al-Mouminine de Mohammed Ben Youssef.

Nous sommes à 7 mois du forfait ! En février 1953, les prémices de ce qu’on ap­pellera le coup de force contre le Sultan sont réunies. A Rabat, un certain Jacques de Blesson, ministre délégué à la Rési­dence et faisant office d’ambassadeur, joue un rôle déterminant de comploteur intempestif et halluciné. Il fournit des rap­ports rassurants à Paris mais encourage, en revanche, la sédition au Maroc, ap­porte son appui aux comploteurs…dans le sillage du général Guillaume qui, sur suggestion de Thami Glaoui, décide d’ in­troniser Mohamed Ben Arafa…Comme si l’on rayait d’un seul trait 14 siècles d’histoire chérifienne, commencée à Ze­rhoun et à Fès par les Idrissides et finis­sant dans la vulgarité d’un général devenu le janissaire de l’Ordre colonial.

C’est une page d’histoire qui s’apprête à être écrite…

Mettant à profit la crise politique en France, provoquée par le renversement du Cabinet Mayer, Blesson reçoit en fanfare le Glaoui. Celui-ci lui remet officiellement le 21 mai la pétition des caïds, par laquelle le pacha, poussé par Guillaume, entend remettre en cause jusqu’au caractère imprescriptible de la béiâa (allégeance) prêtée au Souverain à Fès le 18 novembre 1927. Tout démontre, en effet, que le mouvement visant la destitution de Sidi Mohammed Ben Youssef parie sur la passivité du gouvernement et le double jeu de Bidault, le ministre des Affaires étrangères. Le pas sera franchi le 13 août 1953, à la grande joie du Glaoui, lorsque un prétendu piège est tendu au Souve­rain et dont on attend qu’il y tombe, pour ensuite prendre à témoins et l’opinion et le gouvernement Laniel qui, implicite­ment, a déjà approuvé le coup de force. On présente à Sidi Mohammed Ben Youssef une liste de textes à signer dans lesquels, supercherie ou bouffonnerie, il est clairement décidé de le dépouiller de ses pouvoirs et de ses attributions. Il lui est demandé d’entériner la création d’un Conseil auquel il déléguerait son autorité et qui est présidé par Mohamed Al Moqri, centenaire et plus que grabataire…

C’est le prétexte ! Mais aussi l’ouver­ture des hostilités. En filigrane se des­sine la « feuille de route » militariste d’un Guillaume plus que jamais résolu à en finir avec ce Roi sur lequel , en fin de compte, tout le monde s’est trompé puisqu’il incarne le fer de lance de résis­tance.

« Je m’incline pour préserver mon peuple, mais ne renonce pas »

Devant le refus catégorique du Roi, Guillaume ne trouve pas mieux que de recourir à l’encerclement armé du Palais royal et à l’arrestation du Prince Moulay El Hassan, qualifié… « d’agitateur com­muniste ». Malgré les pressions et les menaces, le Sultan tient bon. Il ne donne pas sa signature. Cependant, afin de pré­server la vie de ses citoyens et quitte à faire temporiser les ardeurs criminelles des Glaoui et consorts, il s’incline devant la décision coloniale de l’exil forcé. Mais il souligne que « s’incliner n’est pas re­noncer » !… Le général Guillaume jubile en ce 20 août 1953, lorsque le Souverain du Maroc est contraint de quitter son pays, ses enfants poussés violemment par un escadron de militaires vers la piste d’envol de Salé. L’exil de Mohammed V durera 28 mois, il commencera en Corse où la population lui exprime sympathie et dévouement. Ensuite à Antsirabé, à Madagascar, où naîtra sa dernière fille, la princesse Lalla Amina.. Mohammed V regagnera Paris fin octobre 1955, et entamera de longues et laborieuses né­gociations pour la libération du Maroc avec Antoine Pinay, président du Conseil français…Il arrachera l’indépendance, et fera un retour triomphal au Maroc le 16 novembre pour proclamer officiellement l’indépendance du Maroc le 18 novembre 1955…Une page douloureuse est alors tournée, une autre recommence.

 

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