Il y va de notre police comme de l’Etat…

Par Hassan Alaoui

Les événements tragiques – le mot n’est pas exagéré – du week-end dernier et les violences commises dans différentes villes du Maroc porteront la marque d’une rupture sociale.

Responsables de niveaux différents, journalistes, commentateurs, blogueurs, facebookeurs se sont donné à cœur joie, chacun y allant de son avis et de son couplet qui pour dénoncer un « dérapage », qui pour tenter la brillante analyse sociologique et psychologique du statut des jeunes, qui enfin pour les soutenir, envers et contre tous. Le décompte des méfaits et des « casses » urbaines n’était pas encore fait que certaines voix s’élevaient déjà pour s’en prendre à l’Etat et aux pouvoirs publics.

Or, l’état des lieux comme on dit des violences commises a mis en relief une réalité plutôt affligeante : la haine exprimée envers les forces de l’ordre et de la police. Et, au-delà, l’impunité avec laquelle elle s’est déchaînée contre cette dernière. Personne , sauf mauvaise foi caractérisée, ne nous contredira sur ce fait, visible, interpellatif, d’une police claquemurée par devoir et respect, les nerfs à vif, calme confrontée à des groupes de jeunes – visiblement – transformés en « casseurs », hallucinés, qui ont décidé de détruire mobilier urbain, de brûler des voitures, d’agresser les policiers en faction ou venus assurer le calme dans les quartiers. Rien ne justifiait en effet les violences perpétrées contre une police inoffensive, ni la prise à partie dont elle fait l’objet par des habitués des réseaux alimentés de l’extérieur.

Tout pays, chaque nation digne de ce nom s’articule sur une organisation politique et sociale où la sécurité tient lieu d’axe majeur et la police joue l’un des rôles les plus importants. Or, la police c’est l’Etat. Elle est assure la défense intra muros, la stabilité sociale, la paix et la cohésion nationale. La police est une institution constitutionnelle dont le rôle dépasse et transcende toute idéologie et tout système politique, elle n’est pas l’auxiliaire de quelque gouvernement que ce soit et quel qu’il soit, parce que sa mission est d’être au service de la nation, du peuple et des citoyens. Lorsque le Roi Mohammed V fonda le 16 mai 1956 la police nationale, il lui confia la mission d’assurer la sécurité des populations, des villes et des agglomérations, la paix sociale et au-delà d’autres missions venues renforcer l’activité du pays. Dieu sait que depuis, elle a fait du chemin et s’est transformée avec des hauts et des bas pour être aujourd’hui un corps d’Etat envié, une institution dont on ne cessera jamais de louer depuis quelque temps le professionnalisme, la culture d’enracinement dans les valeurs démocratiques et l’ouverture sur la société. Bras armé de l’Etat, certes, la police est aussi un acteur social majeur dont l’histoire, tout au long des dernières années, nous donne l’exemple de dévouement et de sacrifices multiples.

Mission de protection et de sécurité, les deux dimensions gémellaires ne sont pas de vains mots. Elles sont ce que le socle est à la fondation d’un Etat qui se respecte, par la loi, la légalité et aussi par la force. Aucun Etat ne survit sans lois et sans justice, autrement dit sans force publique qui veillent à leur respect. Jusqu’ici , une certaine bien pensance s’est illustrée par une critique systématique de la police et de la force publique, accusée de répression et de violences contre le peuple. Elle a vite fait sienne la rhétorique dénonciatrice de certaines ONG qui, au nom de la défense des droits de l’Homme, se font régulièrement les procureurs patentés de la police. Elle relaie même, cette bien pensance, les accusations infondées des organisations étrangères qui , maîtres d’agendas douteux, s’acharnent contre le Maroc.

Le procès « intellectuel » de la police fait par des romanichels en mal de bouleversements et d’anarchie, est proprement un démoniaque mimétisme de ce qui se passe dans les sociétés occidentales et, surtout, un écho au verbiage des comploteurs. On se prend à rêver d’une intelligentsia consciente et reconnaissante des efforts que le Royaume du Maroc a accomplis jusqu’ici en termes de promotion des droits de l’Homme et de leur défense, inscrits dans la Constitution et gravés au burin. Non qu’il faille se glorifier que notre démocratie – en dépit des insuffisances voire des défaillances qui surgissent ici et là –  demeure un exemple eu égard à ce qui sévit ailleurs et pas si loin de chez nous, mais notre fierté est que notre police demeure un modèle.

Les modèles de répression sont légion , ceux qui ne badinent pas avec la loi et l’ordre : à commencer par les Etats-Unis, « pays de la liberté » s’il en est où la police, maton et balles réelles en liberté, tire sur la foule et ne fait pas de cadeau, en Chine et en Russie où il ne fait pas bon de manifester, en France même et en Algérie où la police sévit sans ménagement… La semaine dernière, à Tanger, Rabat- Salé, Casablanca pour ne citer que ces villes, la police a essuyé des tires de projectiles, des jets de pierre et des violences de la part de bandes de jeunes – sont-ils si jeunes ? – dont on nous dit qu’il sont « frustrés et en manque » de moyens,  des « hooligans », au mieux des « victimes du système » que psychologues et prétendus sociologues en mal de rhétorique nous décrivent à grands traits. Dans ce qui est clairement affirmé comme agressions et violences contre l’Etat par des hordes déchaînées, ces sociologues veulent voir une inattendue justification, l’explication que les « jeunes » sont les victimes du mal de vie, les laissés pour compte du modèle de société et, à la limite, du système politique et social. De ce fait, ni l’incivisme, ni l’agression délibérée contre les représentants de l’autorité ne sont pris en considération, pourvu qu’ils mettent en cause l’Etat et les institutions.

Analyse si courte et arguments si fallacieux qu’ils nous désespèrent. Les derniers événements, outre qu’ils nous prennent au dépourvu, nous disent l’ampleur de la dérive sociétale. Nous garderons, à l’instar des événements d’al-Hoceima le calme et la sérénité des forces de sécurité face à des hordes qui n’en démordaient pas de leur haine et de leur volonté de « casser du flic »…

Aucun mot ne suffira pour rendre hommage à une police qui s’est transformée en peu d’années et s’est inscrite dans l’exigence démocratique, devenue institution citoyenne grâce à une série de réformes mises en œuvre par Abdellatif Hammouchi depuis son arrivée à la tête de la DGSN en 2015. La police est l’incarnation de l’Etat, dont la souveraineté est indivisible.

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