Ilyas El Omari et Abdelilah Benkirane : le franc jeu annoncé

 

Désormais les dés sont jetés et le manège se dévoile de plus en plus. Loin des coups de théâtre qui ont marqué les élections, Ilyas El Omari, acclamé par tous les membres du parti, a pris donc les commandes du PAM, quand bien même il cumulerait plusieurs responsabilités, notamment la présidence de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et celle de la commune de Bouarfa. Sans oublier le groupe de presse de plusieurs supports médiatiques qu’il vient de fonder.

En effet, les « Pamistes » ont tous manifesté leur grand contentement, dimanche 24 janvier, suite à l’élection à main levée (!!!) de leur nouveau secrétaire général. Un choix qui, il faut bien le dire, ne constituait pas une surprise, puisque son nom faisait écho depuis plusieurs jours déjà et battait les pavés du congrès. Ce n’est donc qu’un processus qui se concrétise officiellement, surtout que Mustapha Bakkoury, secrétaire général jusqu’à dimanche dernier, a attendu la dernière minute pour retirer, en douce, sa candidature et favoriser, pour ainsi dire, un candidat unique applaudi et acclamé par tous les congressistes.

Ainsi, élu à l’unanimité à la tête du Parti authenticité et modernité, Ilyas El Omari devient évidemment l’homme de confiance, d’influence qui a su faire montre d’une calme ténacité et d’une grande crédibilité au sein du parti.  Il pourra à présent, jouer franc jeu et se lancer encore plus dans sa volonté de contrecarrer la stratégie de Abdelilah Benkirane, en l’affrontant aux prochaines élections avec l’objectif de les gagner et d’enrayer un éventuel nouveau mandat du présent chef de gouvernement. Les deux « ennemis » déclarés à plus d’un égard, « bêtes politiques », aiguisent leurs couteaux d’affrontement pour l’imminent duel qui s’annonce brûlant voire fracassant.

La hache de guerre est déterrée à coup sûr, et les deux leaders ne ratent plus aucune occasion pour se tacler au vu et au su de tout le monde, en attendant le verdict d’octobre 2016. C’est dire que Abdelilah Benkirane a trouvé un rival à sa taille, une autre personnalité trempée dans le « combat », et ce n’est autre que l’enfant du Rif, celui qui tirait les ficelles du PAM, derrière les rideaux depuis déjà 2009.

Baptisé « l’homme fort » du PAM, il sort d’emblée de l’ombre pour se mettre au devant de la scène et croiser le fer avec le PJD qui est son antithèse. Sous ses ordres, les troupes et militants du PAM se placent désormais en ordre de bataille. D’ailleurs, l’élection de Fatima-Zahra Mansouri  – candidate annoncée par la rumeur – en tant que présidente du Conseil National du parti ne constitue-t-elle pas la meilleure preuve que le PAM, outre un fer de lance de la campagne électorale , fait de la femme un point d’honneur et non un lustre ?

D’emblée et pour les mois à venir, la montée d’adrénaline est assurée. Et les médias en feront leurs choux gras. Entre les modernistes et les traditionnalistes les citoyens vacilleront. Néanmoins, en filigrane, un tableau se dessine en toile de fond. Ilyas El Omari qui s’engage à conduire le PAM à la victoire, a affirmé juste après son élection, lors d’une conférence de presse, qu’il n’est confirmé que le secrétaire général d’un parti accède automatiquement au poste de chef de gouvernement, et que le choix revient in fine aux instances supérieures et élues du parti. Pourrait-on, dans ces conditions, imaginer que le choix, en cas de victoire aux élections législatives, se porterait sur un autre nom , en l’occurrence Mustapha Bakkoury ?

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