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Immobilier : entre reprise prometteuse et obstacles structurels

En 2025, le secteur immobilier marocain poursuit sa relance, stimulé par le programme d’aide directe au logement. Face à une demande soutenue, les défis persistent, notamment le coût du foncier et la rareté de l’offre. Entre initiatives publiques, engouement pour le locatif et projets d’infrastructure, l’immobilier se réinvente au cœur d’une dynamique économique nationale en transformation.

Le secteur immobilier marocain est indiscutablement l’un des piliers de l’économie nationale, contribuant à hauteur de 7 % du PIB et générant plus d’un million d’emplois directs et indirects. L’année 2024 a ainsi marqué un tournant pour ce secteur, qui a connu de nombreuses turbulences ces dernières années. Cependant, grâce à des initiatives gouvernementales comme le programme d’aide directe au logement « Daam Sakane », 2025 marque une étape de redressement et de nouveaux espoirs pour l’avenir du marché immobilier.

En dépit des défis économiques et sociaux, le secteur immobilier a su maintenir le cap. Le programme « Daam Sakane », lancé en janvier 2024, a constitué un levier important pour soutenir l’accession à la propriété, notamment pour les ménages à revenu moyen ou modeste. Depuis le lancement du Programme d’aide directe au logement (PADL), le gouvernement a enregistré un fort engouement. Depuis le 1er janvier 2024, près de 128.000 demandes ont été formulées à travers la plateforme Daamsakane, et environ 30.000 bénéficiaires ont pu concrétiser l’acte d’achat.

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Cependant, certains experts demeurent lucides quant aux limites actuelles du programme. Le succès du programme se mesure aussi à travers le taux de conversion entre la demande et la concrétisation. Or, à ce niveau, des progrès restent à faire. La demande est bien réelle, mais elle nécessite une réponse concrète. Et y répondre, c’est rendre le produit demandé réellement disponible.

Le principal obstacle à une mise en œuvre fluide du PADL réside dans le coût élevé des intrants, notamment du foncier. Les professionnels de l’immobilier affirment que la rentabilité n’est pas au rendez-vous, et que l’équation est quasi impossible pour produire un logement à moins de 300 000 dirhams. Cette situation hypothèque l’investissement dans ce segment. Selon les professionnels du secteur, il devient donc essentiel d’analyser objectivement les facteurs qui empêchent le programme d’être pleinement efficace. Il faut identifier les blocages et prendre les mesures nécessaires, afin de respecter à la fois les intérêts de l’État et répondre aux attentes des promoteurs immobiliers.

Ce déséquilibre entre une forte demande et une offre encore insuffisante reflète des problématiques structurelles persistantes : raréfaction du foncier urbain, lourdeur administrative, rigidité réglementaire, et manque d’incitations fiscales adaptées pour les petits promoteurs.

Dans un contexte d’incertitude économique et de difficultés d’accession à la propriété, le segment du locatif connaît un véritable essor. Le locatif devient une niche en vogue, attirant un nombre croissant d’investisseurs, tant au niveau de la production que de l’exploitation. Cette tendance reflète la montée en puissance de la classe moyenne urbaine, la mobilité croissante des travailleurs, mais aussi l’essor des plateformes de location saisonnière qui redéfinissent les usages résidentiels.

Le marché immobilier ne se limite plus à l’accession sociale à la propriété. Les investisseurs, institutionnels comme particuliers, se tournent vers l’immobilier locatif touristique, meublé ou longue durée, à la recherche de rendements plus réguliers et d’une flexibilité accrue.

De plus, à l’approche de la Coupe d’Afrique 2025 et de la Coupe du Monde 2030, les perspectives sont prometteuses, mais exigent des choix politiques ambitieux. Il est nécessaire de renforcer l’offre foncière, fluidifier les autorisations de construire, encourager la construction durable, et stimuler les partenariats public-privé, notamment à l’échelle régionale.

Les projets d’infrastructure, les mutations urbaines des grandes métropoles, le dynamisme touristique et les évolutions logistiques créent un besoin croissant en logements, bureaux, espaces commerciaux… mais aussi en urbanisme de qualité. Certains experts insistent : construire pour construire ne suffit pas. Il faut créer des villes vivantes, dotées d’espaces verts, de services, et d’une vision d’ensemble pour une urbanisation équilibrée.

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