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Infrastructures : le Maroc muscle sa stratégie d’investissement à l’horizon 2030

Le Maroc engage une planification volontariste de ses infrastructures, portée par un triptyque ferroviaire, aéroportuaire et aérien. Objectif : transformer l’économie marocaine en profondeur d’ici la fin de la décennie. Ainsi, le Maroc fait cap sur 2030, année charnière pour le Royaume sur plusieurs axes de son développement.

Alors que la décennie 2030 s’érige en cap structurant pour la stratégie nationale, le Maroc affine ses instruments d’exécution. La huitième édition de la Journée d’information sur les programmes prévisionnels des marchés du bâtiment et des travaux publics, organisée le 25 avril sous la houlette du ministère du Transport et de la Logistique, a clairement affiché la couleur : le Maroc s’apprête à déployer une vague d’investissements sans précédent dans ses infrastructures.

À l’horizon 2030, trois priorités s’imposent : un réseau ferroviaire modernisé et étendu, des aéroports reconfigurés pour absorber le double de passagers, et une flotte nationale aérienne multipliée par trois. Le tout, adossé à une enveloppe globale estimée à 152 milliards de dirhams. À titre de comparaison, il s’agit d’un effort budgétaire d’ampleur équivalente à près de 10 % du PIB actuel du Royaume.

Au centre de ce basculement stratégique, le rail cristallise les ambitions les plus fortes. À lui seul, le secteur captera 96 milliards de dirhams, soit les deux tiers de l’investissement total. Un signal fort, à l’heure où les enjeux de mobilité durable et de désenclavement territorial s’imposent dans les priorités des États. Derrière ce chiffre, une volonté claire : renforcer les grands axes économiques (notamment Tanger-Casablanca-Marrakech) et accompagner l’essor des zones industrielles, en particulier dans le cadre des chaînes logistiques internationales.

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Sur le plan aérien, la transformation se joue à deux niveaux. D’une part, les 28 milliards de dirhams alloués à la compagnie nationale Royal Air Maroc doivent permettre de tripler la flotte d’ici 2030, en réponse à l’explosion attendue du trafic touristique et au positionnement du Royaume comme hub continental. D’autre part, un second bloc de 28 milliards de dirhams sera mobilisé pour moderniser et étendre les infrastructures aéroportuaires, en particulier celles de Casablanca, Marrakech, Dakhla et Nador, aujourd’hui saturées ou sous-dimensionnées.

L’année 2025 marquera la première étape tangible de cette bascule. Le ministre du Transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, a annoncé un volume d’investissement public dépassant les 20 milliards de dirhams, répartis sur 140 marchés dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics. Un effort inédit à l’échelle d’une seule année, qui traduit, selon lui, « la contribution déterminante du transport et de la logistique à la relance de l’économie nationale ».

Dans le détail, le rail absorbera près de 58 % de cette enveloppe annuelle, à travers 63 marchés de travaux et 21 marchés d’études. Le secteur aéroportuaire suivra avec 8,34 milliards de dirhams, affectés à la réalisation de 21 marchés de chantiers et 5 marchés d’ingénierie. La logistique, quant à elle, bénéficiera d’un cadrage de 540 millions de dirhams pour le développement de nouvelles zones d’activités, selon les annonces de l’Agence Marocaine de Développement de la Logistique (AMDL).

Derrière l’accumulation de chiffres et de tableaux budgétaires, c’est une architecture d’exécution qui se dessine. L’État entend, d’une part, imposer une gouvernance centralisée des projets structurants à travers un maillage renforcé entre les ministères, les agences d’exécution et les entreprises publiques. Et d’autre part, renforcer la contribution du secteur privé, en lui donnant de la visibilité sur les marchés publics et en le rendant responsable des délais et de la qualité des livraisons.

La présence simultanée, lors de cette journée, des principaux acteurs du BTP, des représentants d’établissements publics, des universitaires et des cabinets d’ingénierie, n’est pas anodine. Elle traduit une orientation : celle d’une planification dirigée, concertée, où la commande publique devient l’axe porteur d’une politique industrielle d’infrastructure.

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