Instagram interdit les photos d’automutilation

Instagram, très populaire chez les jeunes, a décidé d’interdire les photos montrant des blessures infligées à soi-même, pour aider à lutter contre l’automutilation et le suicide, a annoncé jeudi la plateforme, propriété par Facebook.

Très récemment, « nous avons relevé que, concernant les questions d’automutilation et de suicide, nous ne sommes pas au point et que nous devrions en faire davantage afin d’assurer la sécurité des utilisateurs d’Instagram », a indiqué la plateforme dans un texte publié sur son blog officiel.

Le site, qui interdisait déjà toute publication encourageant ou promouvant suicide ou automutilation, va désormais aussi interdire et retirer les « images violemment explicites d’automutilation, comme les coupures » infligées à soi-même.

Quant aux photos moins dures mais liées à l’automutilation –comme des cicatrices par exemple–, elles n’apparaîtront pas dans les résultats de recherche et ne seront pas recommandées par les algorithmes d’Instagram, qui dit travailler avec des experts en santé mentale.

Ce type de contenu moins directement explicite ne sera « pas complètement supprimé car nous ne voulons pas stigmatiser ou isoler des gens pouvant être dans la détresse et publiant des contenus liés à des actes d’automutilation pour appeler à l’aide », ajoute la filiale de Facebook.

Cette décision intervient après que le père d’une jeune Britannique, Molly Russell, qui s’est suicidée en 2017 à l’âge de 14 ans, a accusé Instagram d’avoir une responsabilité dans ce drame. Elle avait selon son père consulté beaucoup de contenus liés au suicide ou à l’automutilation.

→ Lire aussi : Démission des cofondateurs et dirigeants d’Instagram, propriété de Facebook

Le patron d’Instagram, Adam Mosseri, s’est dit « bouleversé » par la mort de l’adolescente. « C’est le genre de chose qui vous frappe en plein coeur et ne vous quitte plus », a-t-il déclaré dans une interview au quotidien britannique The Daily Telegraph publiée vendredi.

« Nous ne nous sommes pas concentrés comme nous aurions dû l’être sur les effets des images sur ceux qui les consultent », a-t-il reconnu. « C’est quelque chose que nous cherchons à corriger et à corriger rapidement. C’est regrettable que nous n’ayons compris cela qu’au cours des dernières semaines. Il nous incombe maintenant de régler ce problème le plus rapidement possible ».

Le patron d’Instagram a expliqué au quotidien avoir transmis ses condoléances au père de Molly, Ian Russell. Ce dernier a jugé « encourageantes » les mesures prises par Instagram, appelant les autres réseaux sociaux à lui emboîter le pas.

M. Mosseri a aussi rencontré le ministre britannique de la Santé Matt Hancock jeudi au Royaume-Uni. « Ce qui est arrivé à Molly Russell est le cauchemar moderne de tout parent », a tweeté M. Hancock, qui s’est dit « ravi » des engagements pris par Instagram.

Comme sa maison-mère, Instagram mais aussi Twitter ou Google tentent de limiter les contenus problématiques sur leurs plateformes tout en cherchant à éviter toute accusation de censure.

La plateforme de partage de photos, qui revendique plus d’un milliard d’usagers dans le monde, réfléchit aussi à d’autres mesures, comme le floutage de certaines images de façon à ce qu’elles ne soient pas immédiatement visibles.

Née comme simple plateforme de partage de photos, Instagram a été rachetée par Facebook en 2012 et est devenue au fil du temps un réseau social à part entière où les usagers dialoguent via les commentaires placés sous les photos.

MD avec l’AFP

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