Intelligence artificielle : Pour le meilleur OU pour le pire ?

Dossier du mois

 Dr. Ahmed KADA, Directeur International et Coopération GBAM, Di­recteur CTR de l’Afrique Ouest et Vice-Président CEP UPU

Intelligence artificielle : « Le biologiste passe et la grenouille reste »

 Sans aller jusqu’à donner des exemples des métiers, des ac­tivités et des grandes entre­prises qui faisaient les beaux jours, jadis, et que nous avons vu dispa­raître de nos radars ; et à l’instar de la citation de Charles Darwin : « Ce n’est pas l’espèce la plus forte qui survit, ni la plus intelligente, mais bien celle qui s’adapte le mieux au changement », nous pouvons affirmer que les métiers qui peuvent espérer continuer à exister et à se développer dans l’ère des grands changements et des mutations permanentes que connaît notre monde, sont ceux qui vont pouvoir s’adapter aux nouveaux paradigmes de l’e-société et intégrer dans leurs ADN(s) l’Intelligence Artificielle (IA) contemporaine.

En effet, Il faut garder en mémoire que le développement de l’IA était et restera l’obsession de l’humani­té dans sa conquête perpétuelle pour maîtriser le monde et découvrir son univers. A cet égard, l’IA était au coeur des 4 dernières révolutions industrielles. Ainsi, elle a été opé­rée, respectivement, lors de l’indus­trie 1.0 via (machanization, steam power et weaving loom), l’industrie 2.0 via (mass production, assembly line, electrical energy), l‘industrie 3.0 (automatization, computers and electronic) et l’industrie 4.0 via (cyber physical systems, internet of things, networks). Donc, on peut prévoir qu’à court et à moyen terme, les métiers et les activités qui vont pouvoir persister sont ceux qui vont réussir à héberger et opérer l’IA af­férente à leurs secteurs aux niveaux des technologies contemporaines notamment les technologies mobiles.

Donc à l’ère de la transformation digitale, les grands champions éco­nomiques, à savoir les opérateurs de prestations de services, pour pré­tendre perdurer, misent sur l’inté­gration de l’IA dans leur ADN mé­tiers en l’opérant et en l’hébergeant sur les smartphones. Ainsi, les principaux domaines dans lesquels ils donnent la priorité à l’IA sont ceux qui offrent une expérience client plus personnalisée et plus rapide, avec un contrôle et une compréhension rapide d’impor­tantes quantités de données afin de prendre des décisions plus in­telligentes ou d’être conforme.

Ainsi, on peut noter 4 domaines suivants : l’Onboarding « em­bar-quement : extraire et analyser des informations accessibles au public et les comparer avec les produits et services que l’entreprise peut offrir », le traitement des comptes fournisseurs et des factures, la « main-d’oeuvre numérique » et la conformité et les risques. A titre d’exemple avec l’essor de l’e-commerce, nous pou­vons remarquer les degrés élevés d’introduction de l’IA au sein des processus métiers des principaux intervenants dans la chaîne de valeur y afférente, notamment avec l’utilisation accrue de la ro­botique par les opérateurs postaux aux niveaux de la chaîne logistique (tri et manu­tention), de la blockchain par les opérateurs de paiements, du cloud par les Market place pour sécuriser les transac­tions.

Sous un autre angle, la dis­ruption afférent à l’IA et qui est une transformation fondamentale, radi­cale et irréversible du système ca­pitaliste, continuera à faire émerger de nouveaux modèles créant ainsi des marchés plus vastes avec des services plus accessibles, là où il y a des oligopoles non transparents. En effet, les « disrupteurs » sont quali­fiés d’innovateurs qui trouvent des solutions aux problèmes qu’ils ren­contrent. A cet égard, on peut citer le domaine de l’assurance comme un cas d’école, avec l’émergence de ce qu’on appelle les Insurtech qui désignent l’ensemble des star­tups mettant à profit les nouvelles technologies pour « disrupter » le secteur de l’assurance. A l’échelle européenne, déjà 139 millions de dollars d’investissement dans les Insurtech ont été enregistrés, sur le premier trimestre 2018.

En ce qui concerne la perte et la création de l’emploi, il y a lieu de se référer à l’énonciation at­tribuée à Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se trans­forme ». Donc, on peut conclure que lorsqu’on perd des emplois au sein des activités en déclin, on les récupère, au sein d’autres activités émergentes ou en pleine ascension. Des emplois exigeant plus de qua­lifications techniques et opération­nelles et créant ainsi plus de valeur.

En effet, sur le plan économique, disposer de machines qui exécutent des tâches demandant, jusqu’ici, une intervention humaine et qui apportent, immanquablement, as­sez de puissance de calcul pour produire une tâche gérée intellec­tuellement par une machine est une solution efficace. Notamment pour « penser » plus rapidement et traiter davantage d’informations que le cerveau humain. Ainsi, l’IA a fait émerger des technologies basées sur les algorithmes génétiques et neuronaux, inspirés, eux-mêmes, des systèmes nerveux humains.

Néanmoins, il est à noter que l’objectif escompté de l’IA est, avant tout, de soutenir l’employé et d’étendre ses compétences, plus largement, les performances de l’entreprise, et de ne le remplacer, partiellement ou totalement, qu’aux niveaux des environnements qui lui sont inaccessibles pour des raisons de sécurité notamment, comme dans le cosmos ou sur des territoires isolés où l’expertise humaine, par exemple, médicale, peut être utile.

Donc, d’après ce qui précède, on peut considérer, respectivement, les métiers et les emplois d’une part et l’IA d’autre part comme l’homme et la grenouille, cités respective­ment dans la citation de Jean Ros­tand : « Le biologiste passe et la grenouille reste »

 

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