Interpellation de 237 personnes impliquées dans des actes de pillage et saccages en Tunisie

Les autorités tunisiennes ont annoncé, mercredi, l’interpellation de 237 personnes impliquées dans des actes de saccages et pillage ayant accompagné les manifestations nocturnes contre la hausse des prix, éclatées ces derniers jours dans 11 gouvernorats tunisiens.

D’après le porte-parole du ministère tunisien de l’Intérieur, Khalifa Chibani, 58 agents de police ont été blessés lors de ces troubles, ayant touché les gouvernorats de Menouba, Ariana, Tunis, Ben Arouss, Kasserine, Sidi Bouzid, Beja, Sfax, Gafsa et Sousse.

La même source a précisé que ces personnes sont impliquées dans le saccage des sièges des unités de la garde nationale, ainsi que d’édifices relevant d’organismes gouvernementaux, dont les perceptions et les dépôts municipaux.

« La nuit dernière, des criminels ont pillé et brûlé des centres de sécurité, 45 véhicules de police ont été incendiés et des bâtiments publics ont été attaqués », a-t-il indiqué, ajoutant qu’« ils ont bloqué des routes et commis des vols dans de nombreuses villes. (…) A l’évidence, ce n’est pas de la protestation mais du vol et des dommages aux biens publics et privés ».

Parmi les personnes arrêtées figurent deux « takfiristes » impliquées dans ces actes qui ont causé la mort d’un manifestant à Tebourba, à l’ouest de Tunis où des heurts ont éclaté avec la police.

Après l’entrée en vigueur, le 1er janvier, d’une série de hausses des prix frappant notamment le gasoil, les voitures ou encore les services de téléphonie et d’accès à internet décidées dans le cadre du budget 2018, des manifestations ont été organisées à travers le pays où des « unités de l’armée » étaient présentes sur les lieux d’Institutions publiques et privées afin de parer à des actes de pillage.

Les manifestants ont scandé des slogans appelant le gouvernement à « revenir sur les dernières hausses des prix dictées par la nouvelle loi des finances, à consacrer la justice sociale et à mettre en œuvre des programmes de développement ».

Face à ce mouvement de protestation, le ministre des Finances tunisien, Ridha Chalghoum, a assuré que le gouvernement garderait le cap des augmentations d’impôts. « Le chef du gouvernement s’est engagé à ne pas augmenter les produits de première nécessité« , a-t-il rappelé. « Parmi les acquis de la démocratie il y a la possibilité de manifester, mais on a aussi l’obligation de travailler pour une économie tunisienne saine où cette croissance, qui a pointé le bout du nez en 2017, se consolide davantage et soit créatrice d’emplois », a-t-il ajouté.

Au parlement, plusieurs partis ont dénoncé les actes de pillage qu’ont connus certaines régions et mis en garde contre la gravité de pareilles dérives, appelant au respect du droit de manifester pacifiquement tel que garanti par la Constitution et à l’ouverture d’un dialogue national économique et social.

Ces formations politiques pointent du doigt « certaines parties politiques qui sont à l’origine de ces mouvements pour servir leurs propres intérêts dans le cadre d’une campagne électorale précoce ».

D’autres députés de l’opposition ont critiqué, pour leur part, une tentative de « réduire les protestations, contre la flambée des prix et la loi de finances 2018, à des actes de pillage et de vandalisme ». Selon eux, ces manifestations sont légitimes et la situation dans le pays commande une loi de finances complémentaire comportant des décisions annulant toutes les mesures prises.

Dans ce sens, le Front Populaire (FP) a dit soutenir les mouvements de protestation déclenchés contre la loi de finances de 2018 dans un grand nombre de gouvernorats de la Tunisie.

« Toutefois, le Front populaire s’oppose aux actes de violence et de vandalisme qui ont eu lieu la veille dans certaines régions et quartiers de la capitale », a déclaré le porte-parole du Front, Hamma Hammami lors d’une conférence de presse.

 » Ces actes de vandalisme et de pillage ne sont qu’une tentative visant à entacher les mouvements pacifiques de protestation et à les dévier de leur objectif « , a-t-il déploré.

Pour Hamma Hammami, « les autorités et la coalition au pouvoir auraient dû combattre les « grands voleurs du pays » et non les pauvres qui manifestent contre des injustices et des maux causés par une coalition qui défend les intérêts d’une minorité, des Etats et des établissements financiers étrangers au détriment de ceux de son peuple ».

D’après Monji Rahoui, membre du Front et président de la commission des finances au parlement, « les mesures stipulées dans la loi de finances de 2018, dont l’augmentation des impôts et des prix ont principalement pour but de collecter les 2 mille millions de dettes à rembourser pour cette année ».

Ces mesures qui pèsent lourd sur le simple citoyen favorisent, selon Rahoui, « l’injustice et l’inégalité sociale ». « La coalition défend ses propres intérêts au détriment des classes sociales et des catégories les plus démunies « , a-t-il accusé.

Pour le Secrétaire général du Courant populaire, Zouheir Hamdi, les mesures prévues par la loi de Finances n’émanent pas d’une volonté du peuple mais sont dictées par les puissances internationales.

« Certaines de ces dispositions ont été dictées par le Fond Monétaire International (FMI) et les puissances économiques comme l’Union Européenne, conformément à des accords préalablement signés avec eux », a-t-il dit.

Réagissant à ces troubles, le Premier ministre, Youssef Chahed, a lancé un appel au calme, annonçant une amélioration de la conjoncture économique cette année. Admettant le droit de ses compatriotes à manifester, il a en revanche déclaré que les violences étaient inacceptables.

« Les gens doivent comprendre que la situation est exceptionnelle et que notre pays est confronté à des difficultés, mais nous pensons que 2018 sera la dernière année difficile pour les Tunisiens », a-t-il promis.

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