Nous intervenons pour protéger les civils !

L’enfer est pavé de bonnes intentions, peut-être, mais les interventions militaires des grandes puissances, doivent aller plus loin que l’alibi récurant de «la protection des populations civiles.» Les Américains en Irak, les Français et les Anglais en Libye, ont peut-être mis fin à des dictatures, mais ils ont plongé les deux pays dans le chaos.

Au moment où l’on parle, de nouveau, d’une éventuelle intervention militaire en Libye, il serait bon, en amont, mesurer ses chances de succès, eu égard au but recherché. Nous devons, au préalable, nous poser quelques bonnes questions, avant de donner la parole aux armes. Ces chaos auraient pu être évités, si l’impréparation politique, sociale et administrative, n’avait été aussi flagrante, aussi bien chez les Américains que chez la coalition franco-anglaise. Les grandes puissances devraient respecter trois axiomes avant de se lancer dans de telles aventures.

Le premier est d’avoir prête une relève gouvernementale, locale et compétente, capable de prendre en mains, immédiatement, l’administration du pays. Le deuxième axiome est plus morale que matériel : être capable de garantir aux populations pour lesquelles on a accouru les protéger, des conditions de vie meilleures. Le troisième est de se poser, en toute franchise, la question de l’intérêt, pour le pays de la force intervenante, d’une telle opération. Ces conditions n’ont jamais été réunies, ni en Irak, ni en Libye. Aujourd’hui, l’Irak sort, peu à peu, d’un chaos dû à l’ignorance des Américains du monde arabe.

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La Libye est encore dans le chaos, sanctuaire à djihadistes, déstabilisant l’ensemble de la bande sahélienne, et danger permanent de déstabilisation pour l’Egypte et la Tunisie. La Libye, aujourd’hui, est devenue une plaque tournante du trafic des êtres humains en provenance de l’Afrique noire, avec le retour de l’esclavage. En outre, elle est devenue l’une des routes favorites pour l’acheminement de la drogue. L’intérêt des pays du nord de la Méditerranée est de mettre fin à cette situation. Encore fautil une réelle coalition d’intérêts et une préparation minutieuse. L’improvisation n’est pas de mise, vu la situation catastrophique en Libye. Les pays du G5 du Sahel, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina Faso, ainsi que les pays amis du Maghreb, devraient se joindre à eux pour, mettre, enfin, de l’ordre dans la région.

L’Angleterre et la France sont responsables du problème libyen. Il leur appartient de prendre la tête de cette nouvelle croisade, clairement et sans tabous. Ces deux pays ne pourront pas faire l’économie d’une nouvelle intervention militaire, cette fois-ci préparée, sans précipitation et sans l’alibi de «la protection des civils» mais dans l’intérêt bien compris de tous les pays de la région, y compris ceux de l’Union européenne. C’est à cette condition, et à cette condition seulement, que les pays du G5 du Sahel se mobiliseront. En matière militaire, rien ne vaut la force de l’exemple.

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