L’Iran s’enfonce dans la violence et le régime confronté à une nouvelle grave crise

L’Iran est de nouveau plongé dans une profonde crise, suite à l’annonce de la hausse du prix du carburant. Blocage de routes, stations-services incendiées et magasins saccagés, les iraniens sont en colère. L’ONG Amnesty International annonce plus d’une centaine de manifestants tués.

Suite à l’annonce du gouvernement, sans préavis, de la hausse de 50% du prix à la pompe, la situation en Iran n’a cessé de dégénérer. L’agence de presse Fars annonçait près de 87000 manifestants et l’ONG Amnesty International déplore plus de 100 morts par balles, suite à des affrontements avec les forces de l’ordre. Un bilan qui pourrait même s’avérer deux fois plus important, toujours selon la même source. La mission iranienne auprès des Nations Unies quant à elle, rejette ces « allégations infondées et les chiffres inventés » d’Amnesty. Alors que le pays annonçait une bonne nouvelle et un « petit cadeau du gouvernement au peuple » suite à la découverte d’un gisement pétrolier de 2400 km², cette mesure prise quelques jours plus tard a plongé le pays dans le chaos.

Une économie déjà asphyxiée par l’embargo américain

Le retrait des Etats-Unis en 2018 de l’accord sur le nucléaire et le rétablissement des sanctions à l’encontre du pays, sur une dizaine de secteurs comme le transport, le tourisme, le pharmaceutique et le pétrole, a fortement fragilisé l’économie du pays qui est entré en récession. L’embargo imposé sur le pétrole a provoqué une chute historique des exportations iraniennes, passant de 2.5 millions de barils par jour en avril 2018, juste avant le retrait unilatéral des américains, à 100 000 barils par jour en juillet 2019, soit une chute de plus de 90%. Les conséquences de ces sanctions sont désastreuses et ont paralysé l’économie du pays. Baisse de la devise étrangère et dévaluation de la monnaie locale, l’inflation atteint un taux record et devrait dépasser les 35.7%, selon les prévisions du Fonds Monétaire International.

Cette crise est davantage ressentie par la jeunesse iranienne qui souffre de la fermeture d’usines et du retrait d’investisseurs étrangers suite aux menaces des américains. Le taux de chômage ne cesse de grimper et le pouvoir d’achat est particulièrement touché, pour ce pays où 75% de la population à moins de 40 ans, et dont une grande partie vit des petits boulots de taxi ou de VTC.

Téhéran accuse les Etats-Unis de complot

Selon Ali Khamenei, guide suprême de l’Iran, les émeutes sont provoquées par l’extérieur. L’agence Fars parle d’iraniens ayant également la nationalité allemande, turque ou afghane, et qui auraient été financés par des services étrangers pour semer le trouble. Un communiqué des Etats-Unis, annonçait le « soutien à la population dans leur protestation pacifiste contre le régime. Ils condamnent l’usage de la force meurtrière et les restrictions sévères imposées aux manifestants ». Dans ce même communiqué, les américains reprochent à « la classe dirigeante d’abandonner son peuple pour se lancer dans une croisade pour le pouvoir et pour son enrichissement personnel ». Le Ministre des affaires étrangères, Mohammad Dzavad Zarif, a aussitôt répliqué « qu’un régime qui impose un terrorisme économique et empêche l’envoi de nourriture et de médicaments » ne peut manifester son soutien à l’égard du peuple iranien.

Mais il en faut bien plus pour destabiliser Rohani, qui n’a pas hesité à exprimer sa fierté suite à des rassemblements pro-gouvernementaux dans plusieurs villes du pays, filmés par la télévision iranienne. Selon lui, « Les manifestations spontanées que vous voyez sont le plus grand signe de la puissance du peuple iranien« . Des manifestions qui surviennent quelques jours après le blocage de l’accès à internet, rendant toute communication avec l’extérieur quasiment impossible.

Des contestations économiques à la révolte politique

Ces révoltes font écho aux contestations des gilets jaunes en France, qui ont démarré suite à l’annonce d’une taxe sur les carburants,  et au Liban, suite à l’annonce d’une taxe sur l’application Whatsapp. Ras-le-bol face à une situation économique qui ne cesse de se dégrader et peur d’un déclassement social chez les classes moyennes, les iraniens dénoncent entre autres, la baisse du pouvoir d’achat, le chômage et la corruption.

Si aujourd’hui les responsables politiques iraniens ne cessent de pointer du doigt les américains, selon eux, principaux coupables de cette situation économique désastreuse, force est de rappeler que l’Iran a été le théatre de révoltes successives où le régime à été remis en question à de nombreuses reprises. En effet, durant les contestations de 2017/2018, les iraniens manifestaient leur mécontentement vis-à-vis des multiples ingérences dans les pays voisins :  « Lâchez la Syrie, pensez à nous», « ni Gaza, ni le Liban, ma vie uniquement pour l’Iran»  et plus globalement du régime : « A bas Khamenei, Rohani» .

Aujourd’hui, « Les partisans de la résistance iranienne » ont appelé à organiser des rassemblements de soutien partout dans le monde, en Europe, au Canada ou encore en Australie pour condamner la répression du régime et « soutenir le soulèvement du peuple en faveur de l’instauration d’une démocratie ». La situation est inquiétante et difficilement évaluable, pour le pays qui connait un blackout depuis samedi soir.

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