« J’ai tué l’hiver » de Kamal Benkirane

«J’ai tué l’hiver » est un titre du roman de Kamal Benkirane, professeur, poète et essayiste, installé au Canada. Il retrace le cheminement d’une famille marocaine immigrante à Montréal ; elle se trouvera exposée aux affres d’une injustice patente, personnifiée par l’émission d’un certificat de sécurité à l’encontre de son fils Adam. C’est une histoire d’amour à travers le Québec, et où interviennent les agréments du parcours identitaire d’une famille en quête des grands espaces. Adam et Anis Karam quittent leur Maroc natal pour immigrer au Canada. Les deux frères ont faim de liberté et de découverte d’un mode de vie occidental qu’Internet diffuse de par le monde. Adam y trouvera très vite sa nouvelle place en tant que musicien, s’imprégnant des paysages caractéristiques du Québec et des rencontres qu’il y fait. Mais le soir de son premier concert, il est interpellé par les autorités qui l’accusent de préparer un attentat terroriste sur un vol régulier. Sa famille va donc intenter un procès public à l’Etat pour faire jaillir la vérité. Elle luttera contre ce destin Kafkaïen à travers lequel la liberté, l’amour et l’aventure vont de pair avec l’errance et la quête de soi. L’écrivain tente, à travers son roman, une certaine indexation du droit à la vie et à la spontanéité versus le droit à la liberté de conscience et la liberté de religion. Cette dualité est apparente aussi dans la nuance entre le droit « d’être » et le droit « d’avoir ». Au-delà de toute vision manichéenne ,se dessine alors une vision idéaliste, celle de l’être humain à part entière, capable de basculer à n’importe quel moment au nom d’une certaine pureté de son être, et d’une certaine transcendance pour la vie et l’au-delà. La fin imprévue de ce roman confirme que tout homme est assujetti à la loi non seulement de la nature mais du « nouvel ordre universel » aussi.

Extrait :

« Jusqu’à maintenant mon frère, ce que tu ignores complètement est qu’un certificat de sé- curité, c’est « Big Brother » qui vient de perdre ses jumelles en plein désert du Sahara. Alors, essaie de comprendre cela, et n’oublie pas que c’est toi qui nous as ramenés dans ce pays des grandes glaces ! Foudroyé, je crus voir des phalènes sanctifier mes cieux embrigadés. Encore le même maudite reproche ! Je tentai d’oublier en fermant les yeux. Je pensais à ce moment-là au mot « terrorisme » qui pompait ma tête comme une ortie vénéneuse, ourdissant ses torpeurs sur mes convictions. Ce mot-valise inspirait « Big Brother », motivait « Carlos » et confinait « Salman Rushdie » dans une vie de bohème. N’y avait-il pas d’autre choix que des pistes ultimes ou quelques détails de pacotille pour dénouer le nœud ? »

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