Journée Internationale de la Francophonie : Le Groupe des Ambassadeurs rappelle les valeurs essentielles

En marge de la journée Internationale de la Francophonie, le 20 mars, le Président du GADF (Groupe des Ambassadeurs et Délégués francophones accrédités au Maroc) et Ambassadeur du Bénin au Maroc, M. Serge Dagnon est revenu sur les activités du GADF, mais aussi des valeurs prônées par la Francophonie en Afrique.

Au-delà des défis auxquels fait face la Francophonie, M. Serge Dagnon a évoqué d’autres sujets très importants de l’organisation, dont la gouvernance et la démocratie, la Francophonie numérique, les avantages à maîtriser le français au Maroc et la place accordée à la femme dans l’espace de la Francophonie.

Qu’est-ce que le GADF-Maroc ? Quel a été l’accueil réservé aux membres du GADF dans les écoles et à l’hôpital ?

Serge Dagnon. Le GADF est le Groupe des Ambassadeurs et Délégués francophones accrédités au Maroc dont j’assure actuellement la présidence tournante. Pour fêter la Journée de la Francophonie célébrée chaque année le 20 mars, le GADF a décidé d’aller à la rencontre des jeunes. Plusieurs membres du GADF-Maroc ont visité des écoles publiques marocaines, avec le concours du Ministère de l’Education nationale et ses Académies régionales de l’Education et de la Formation de Rabat-Salé et de Casablanca, une occasion de discuter avec la jeune génération et promouvoir l’enseignement du français, langue de partage de bons nombres de pays partenaires du Maroc.

Les membres du GADF se sont également mobilisés pour offrir un lot de livres et de jouets aux enfants hospitalisés afin de leur apporter du réconfort dans leur combat contre la maladie. Je remercie chaleureusement l’Association des Amis de l’Hôpital des Enfants de Rabat et les félicite pour le travail merveilleux qu’ils réalisent au quotidien auprès des enfants hospitalisés. Nous sommes ravis d’apporter chaque année notre contribution à cette association pour les enfants qui font face à la maladie. La Francophonie, c’est aussi le partage et la solidarité !

Au-delà de l’aspect linguistique quelles sont les valeurs prônées par la Francophonie en Afrique ?

Serge Dagnon. La Francophonie véhicule des valeurs universelles de solidarité, de diversité culturelle et de démocratie partout dans le monde. Plus précisément, l’Organisation veille à faire respecter les droits humains et singulièrement le droit à l’éducation. Il est donc essentiel que la Francophonie réponde aux aspirations africaines, c’est pourquoi elle place au cœur de ses valeurs le dialogue entre cultures, dans un esprit de tolérance. Elle tend également à rapprocher les peuples par le partage d’une langue commune et soutient le développement et la coopération internationale.

Quelle réponse apporte la Francophonie face aux défis actuels de gouvernance et de démocratie en Afrique ?

Serge Dagnon. L’Organisation internationale de la Francophonie est particulièrement active en Afrique pour accompagner ses Etats-membres en matière de consolidation de l’Etat de Droit et de démarches pour des élections libres, mais aussi de soutien à la société civile, à la presse et aux médias. L’OIF offre un appui politique (médiation, facilitation, aide à la négociation d’accords de paix…) et technique (appui à la réhabilitation des institutions). Cet appui s’opère avec d’autres Organisations régionales, mais aussi avec les Nations unies. Plusieurs centaines d’institutions font parties des réseaux institutionnels développés par la Francophonie sur le continent africain, qui œuvrent tous les jours à fédérer sphère étatique et société civile, au service de la démocratie en Afrique.

Quel état des lieux faites-vous de la Francophonie numérique ?

Serge Dagnon. C’est un des grands enjeux de la langue française et de la Francophonie institutionnelle dans les prochaines années, surtout vu la croissance démographique très soutenue sur le continent africain. La Francophonie numérique doit accélérer la transformation numérique de l’espace francophone au service des populations (notamment des jeunes et des femmes), de la diversité culturelle et linguistique, de la démocratie. Nous devons arriver à la création d’une sphère d’influence pour la langue française et ses langues partenaires sur internet, avec des cadres juridiques et des mécanismes de régulation consolidant la souveraineté numérique des pays de l’espace francophone.

Le 8 mars dernier, le monde entier a célébré la journée internationale des droits de la femme. Quelle est la part accordée à la femme dans l’espace de la Francophonie ?

Serge Dagnon. Sachez que peu d’organisations internationales sont dirigées par des femmes, à l’instar de la Secrétaire générale de la Francophonie, Mme Louise Mushikiwabo. Les inégalités de genre sont un combat de longue date pour la Francophonie, qui veille à la protection des femmes du point de vue du droit, de l’éducation et de l’économie.

Récemment, nous avons tous observé que la situation des femmes en situation de vulnérabilité s’est aggravée à cause de la pandémie de Covid-19. De ce fait, la Francophonie a lancé le fonds de solidarité « La Francophonie avec Elles » qui finance des actions de terrain afin de renforcer l’accès des femmes au développement économique, à l’éducation, à la santé, à la citoyenneté et à la formation. De plus, il existe également un réseau Francophone pour l’égalité femmes-hommes qui rassemble les actions et expertises des ONG francophones investissant ce domaine dans les pays francophones.

Quelle réponse apporte la Francophonie face au déclin de la langue française au niveau mondial et face à la montée en puissance de l’anglais qui prend de plus en plus de place au niveau de la jeunesse francophone africaine ?

Serge Dagnon. Justement, la langue française connaît tout le contraire d’un déclin ! On dénombre 321 millions de locuteurs du français, dont 62% en Afrique. Il suffit de lire le rapport sur la langue française publié ces derniers jours par l’Observatoire de la langue française pour se rendre compte que c’est précisément grâce à la jeunesse africaine que cette langue connaît une croissance rapide. Savez-vous que le français est la seconde langue la plus apprise au monde ? En outre, l’étude atteste également que la place de la langue anglaise se réduit d’année en année sur internet, pour laisser place à plus de diversité linguistique. À nouveau, le français y joue une belle part, sa progression en ligne est constante. Je réfute donc cette idée de déclin.

Quels sont les avantages à maîtriser le français aujourd’hui au Maroc ?

Serge Dagnon. Le Roi Hassan II n’a-t-il pas dit « Le Maroc est un arbre dont les racines plongent en Afrique et qui respire par ses feuilles en Europe » ? Si vous y réfléchissez, la langue française est l’illustration parfaite de cette vision du Maroc. Une multitude de cultures, d’origines, de savoir-faire, de connaissances, allant de l’Afrique à l’Europe, qui a pour lien précieux cette langue française, avec le Maroc en plein centre. C’est une grande richesse pour la jeunesse marocaine et je me réjouis de voir que de nombreux jeunes marocains continuent à y voir une opportunité de développement personnel et de carrière, loin des stéréotypes d’une ancienne Francophonie d’importation. Il faut rappeler que l’Afrique Francophone compte parmi les régions du monde à la croissance économique la plus rapide. Pour conclure, je dirais qu’aujourd’hui, la langue française pour le Maroc c’est avoir un œil sur l’Europe et un autre sur l’Afrique.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page