Journée mondiale du don d’organes et de la greffe: Au Maroc, la route est longue, le pas lent

Au Maroc, si les chiffres relatifs au don d’organes et de la greffe témoignent d’une évolution admirable, ils révèlent néanmoins un retard sévère en la matière que le Maroc se doit de rattraper.

Ce retard, comme l’affirme à la MAP Samya Elalami, présidente de l’Association marocaine du don d’organes et de tissus (AMDOT) fondée en 2015, s’explique par des blocages de tout genre.

Car, même si la cadence des opérations s’est accélérée, qu’une loi (N° 16-98) régissant le don, le prélèvement et la transplantation d’organes a été promulguée et que les oulémas, sous certaines réserves, se sont prononcés pour la prise d’initiatives en ce sens, les réticences persistent.

Ces dernières, comme le précise Elalami, sont principalement d’ordre socio-culturel et se manifestent par un refus catégorique du don d’organes traduisant une peur, aussi bien de la part du patient que de celle de sa famille, de porter atteinte à l’intégrité du corps.

D’autres facteurs de blocage sont essentiellement liés à un manque de communication, de médiatisation et d’absence de vision de la part des responsables.

« Un malade greffé revient moins cher à l’Etat qu’un ramediste sous dialyse » souligne Elalami, estimant que le développement du don d’organes est une question de « stratégie bien réfléchie« .

Elle soulève également la question fondamentale de l’accompagnement qui encourage les décisions favorables au don et implique aussi bien le donneur que le greffé.

Cet accompagnement comprend les bilans de santé devant être obligatoirement effectués et que les associations, à elles seules, ne peuvent en aucun cas honorer dans la mesure où ils ne relèvent pas entièrement de leurs responsabilités et encore moins de leurs capacités financières.

→ Lire aussi : L’Espagne maintient sa position de leader mondial en matière de greffe et de don d’organes

Elalami, à travers son association, travaille justement sur l’élaboration d’un plaidoyer auprès des institutions concernées pour les inciter à prendre en charge gratuitement les opérations de greffes et les traitements coûteux qui s’ensuivent.

De son côté, Mohammed El Hassane Trabelssi, chargé du dossier greffe à la Direction des hôpitaux et des soins ambulatoires au sein du ministère de la Santé, évoque « la confusion » qui plane sur la question.

Il fait état, à son tour, d’un « manque d’information » du côté même des professionnels qui, parfois, diffusent de fausses informations par « méconnaissance » pour quelques-uns, et « intentionnellement » pour d’autres, et négligent de proposer la greffe intrafamiliale comme solution, surtout pour les cas de greffe rénale, gardant ainsi des patients mal informés branchés à des générateurs d’hémodialyse.

Cependant, Trabelssi, qui fait savoir que le don d’organes et la greffe occupent une place importante dans la stratégie en cours de validation du ministère de la Santé et dans sa vision 2025, estime qu’une « culture du don » peut être instaurée si toutes les parties prenantes s’y engagent.

Trabelssi précise tout de même que les campagnes de communication doivent être plus régulières pour pérenniser l’effort de sensibilisation.

Ainsi, au Maroc, les journées nationale et internationale du don d’organes et de la greffe, célébrées simultanément, tentent de lever le voile sur l’innocuité de cette pratique et son apport inestimable à la société.

Elles visent également à sensibiliser l’opinion publique à ses bienfaits pour pousser le Maroc et de nombreux autres pays à rattraper les meneurs de course, l’Espagne en particulier, figure imbattable du don d’organes et détentrice du record mondial de dons depuis vingt-cinq ans.

Il est à noter que la greffe de la cornée a cumulé, entre 2005 et 2017, quelque 4.210 interventions, contre 300 greffes de la moelle osseuse ou cellules souches hématopoïétiques (CSH) entre 2004 et fin 2017. La greffe rénale, quant à elle, a atteint un maximum de 56 greffes annuelles lors des quatre dernières années. Et depuis 2004, une seule greffe de cœur pédiatrique, ainsi qu’une vingtaine de greffes de foie, dont 13 cadavériques, ont été enregistrées.

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