ActualitésIndustrie

Kénitra : Un complexe de recyclage à 70 millions de dollars propulse l’industrie verte au Maroc

Par Hajar Ben Hosain

Avec l’installation d’un complexe de recyclage à 70 millions de dollars à Kénitra, le groupe indien Samta Metals & Alloys donne une nouvelle impulsion à l’industrie verte au Maroc. Ce projet stratégique, qui allie ambition environnementale et dynamique économique, renforce la position du Royaume comme hub industriel et pôle d’attraction pour les investissements durables.

Samta Metals & Alloys, filiale du groupe indien Samta, a lancé lundi 26 mai 2025 à Kénitra les travaux de son futur complexe industriel, dédié au recyclage des déchets métalliques ainsi qu’à la production de cuivre et d’alliages d’aluminium. Implanté dans la zone franche « Atlantic Free Zone » de Kénitra, le projet industriel de Samta Metals & Alloys, dont l’entrée en service est prévue pour 2026, s’étendra sur 36.600 m². Doté d’un investissement de 70 millions de dollars, il générera plus de 400 emplois directs et indirects.

Concrétisé en 2024 à travers une convention signée avec l’État marocain, ce projet marque une étape importante dans le renforcement de l’intégration locale de l’industrie métallurgique. Il contribue également à la promotion de l’économie circulaire et à une gestion plus durable des impacts environnementaux.

Le complexe permettra de réduire de plus de 90 % les émissions de carbone par rapport à la production primaire de métaux ou d’alliages, tout en fonctionnant entièrement grâce aux énergies renouvelables, conformément à l’objectif de « Métal Vert » porté par le groupe indien Samta. Il vise également à renforcer l’expertise locale et à promouvoir l’inclusion des femmes. Conçues pour répondre à la hausse anticipée de la demande nationale et régionale, les installations sont dimensionnées de manière à pouvoir doubler leur capacité de production après deux à trois années d’exploitation.

Lire aussi : Production industrielle : repli modéré des prix en avril (-0,2 %)

À cette occasion, le ministre de l’Industrie et du Commerce, M. Ryad Mezzour, a affirmé que ce projet constitue une avancée majeure dans l’intégration de l’industrie de transformation métallurgique et dans le développement du recyclage industriel au Maroc. Il répond aux besoins croissants de secteurs particulièrement dynamiques, tels que l’automobile et l’aéronautique. Le ministre a également souligné que cette initiative s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale visant à promouvoir l’économie circulaire et à accélérer la transition écologique de l’industrie marocaine.

De son côté, Ravi Agrawal, promoteur et directeur général du groupe Samta, a déclaré que ce projet, au-delà de sa portée industrielle, incarne la philosophie du groupe en œuvrant à des solutions durables face aux défis du quotidien. En misant sur l’innovation et l’économie circulaire, a-t-il précisé, l’objectif est de réduire l’empreinte environnementale du secteur tout en contribuant à l’émancipation des communautés, à travers le développement d’une expertise à forte valeur ajoutée et le respect des principes d’une croissance responsable.

Écosystème marocain du recyclage

Dans cette dynamique, le Maroc s’attache à structurer progressivement un écosystème de recyclage mêlant acteurs formels et informels, avec des ambitions élevées, mais aussi de nombreux défis à surmonter. Le secteur mobilise près de 10.000 récupérateurs de déchets et génère un chiffre d’affaires annuel estimé à 168 millions de dirhams pour ces derniers, contre 363 millions de dirhams pour les grossistes.

Cependant, selon le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable, le chiffre d’affaires global du secteur dépasse les 530 millions de dirhams par an, ce qui reflète son poids économique malgré une prédominance de l’informel. Cette activité repose sur une production de déchets en constante augmentation, avec plus de 5,3 millions de tonnes de déchets ménagers générés en milieu urbain.

La répartition des revenus met en lumière une hiérarchisation marquée du secteur, où les grossistes s’approprient une part significative de la valeur ajoutée au détriment des récupérateurs de base. Cette configuration illustre les dynamiques de pouvoir et d’organisation propres à l’écosystème du recyclage au Maroc. Au-delà de sa dimension économique, ce secteur joue un rôle clé dans la préservation des ressources naturelles et la réduction des impacts environnementaux liés à l’enfouissement des déchets.

Le secteur formel du recyclage au Maroc regroupe une dizaine d’entreprises structurées au sein de fédérations et d’associations professionnelles. Ces acteurs formels assurent le recyclage d’environ 20 % des déchets plastiques, avec un accent particulier sur la production de polytéréphtalate d’éthylène (PET). Parmi elles, la Société Marocaine de Récupération et de Recyclage dispose de centres de traitement dans plusieurs grandes villes, notamment Casablanca, Fès, Rabat, Nador et Oujda.

En matière d’investissement, le Maroc mise fortement sur la modernisation de la gestion des déchets. Pour la période fin 2024 et début 2025, un budget de 1,88 milliard de dirhams est dédié à la construction de 50 centres provinciaux d’enfouissement et de valorisation, à la réhabilitation et à la fermeture de 233 anciennes décharges, ainsi qu’à l’acquisition d’équipements modernes d’assainissement. Ce plan couvre de nombreuses villes, notamment Kénitra, Agadir, Tanger et Casablanca. Par ailleurs, en 2024, le Maroc a importé 821 500 tonnes de matières premières recyclables en provenance d’Europe, principalement des métaux (517 000 tonnes), mais aussi des plastiques, cartons et papiers. Cette démarche vise à pallier le déficit de matières premières pour l’industrie locale.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page