Kenya : les exploitants du transport public sèment le chaos

Les exploitants et propriétaires des bus et minibus (Matatus) qui assurent le transport public à travers le Kenya ont choisi la voie la plus facile en retirant leurs véhicules des routes au lieu de se conformer purement et simplement aux règles de sécurité dénommées “règles de Michuki”, et qui entrent en vigueur à partir de ce lundi.

Les “règles de Michuki” renvoient aux règles de circulation, publiées en 2003 dans la Gazette du Kenya par l’ancien ministre des Transports, John Michuki. Elles exigent que chaque véhicule de service public (PSV) fixe un limiteur de vitesse à 80 km/h, que chaque Matatu dispose de ceintures de sécurité pour tous les passagers et qu’il ne dépasse pas la capacité de passagers définie pour éviter les surcharges et que les conducteurs affichent leurs photos dans le véhicule.

Si les autorités ont choisi de frapper fort en exigeant une stricte application des règles de sécurité pour rétablir l’ordre sur les routes et arrêter l’hécatombe, les exploitants du service du transport public ont préféré, eux, laisser leurs véhicules dans les garages pour créer une crise et aussi contraindre les autorités à revenir sur leurs décision en arguant que le délai était trop court pour installer tous les gadgets de sécurité requis et respecter les règles.

Les médias de ce lundi parlent de longues files d’attente où des dizaines de personnes ont du attendre pendant des heures pour pouvoir trouver le moyen de regagner leur lieux de travail.

Les navetteurs doivent être prêts au chaos et à certains désagréments, mais rien ne se fait sans sacrifice. Nous ne devrions pas être intimidés par des hommes d’affaires peu scrupuleux qui ne se soucient absolument pas de la sécurité des navetteurs. Nous vivons dans une société guidée par des règles et tous doivent s’y conformer. Les autorités doivent agir sans pitié envers ceux qui s’imaginent au-dessus des lois”, écrit l’éditorialiste de “Daily Nation”.

Nous voulons affirmer d’emblée que les règles doivent être appliquées sans crainte ni favoritisme. Avec le nombre de victimes qui perdent leurs vies dans les accidents de la route et qui résultent purement de l’insouciance et de l’indiscipline, le gouvernement doit agir pour mettre fin à cette hécatombe”, ajoute l’éditorialiste.

Son confrère de “The Star” souligne que les routes kényane sont devenues un piège mortel pérenne. “Tant de vies sont perdues à cause de l’insouciance des conducteurs et des exploitants. La plupart des véhicules de service public prospèrent en désobéissant aux règles. Pas de ceinture de sécurité, pas de régulateur de vitesse et pas de discipline”, s’insurge l’éditorialiste.

Les véhicules sont mal conduits, les passagers maltraités, les prix gonflés à la légère et les autres usagers de la route harcelés. C’est la règle de la jungle. Cela n’a pas sa place dans une société civilisée”, écrit-il.

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Les ministres du Cabinet Fred Matiang’i (Intérieur) et James Macharia (Transports) se sont engagés à faire respecter les règles et ont mis en garde contre les mesures drastiques prises contre les défaillants.

Le ministère kényan de l’intérieur avait annoncé récemment qu’il allait mener une opération de grande envergure pour améliorer le service du transport public, à travers une opération qu’il a qualifiée de “douloureuse et soutenue” visant à rendre les routes plus sûres et le secteur des transport attractif pour les investisseurs.

Les Matatus étaient principalement visés par cette opération qui visera aussi “les bandes criminelles” qui exploitent ce secteur ainsi que les policiers “corrompus” et les responsables politiques qui dirigent ce secteur.

Citant le ministère de l’intérieur, le journal “Daily Nation” avait souligné que le secteur des transports est géré par “des gangs criminels” qui extorquent de l’argent aux propriétaires des “Matatus” et en tirent le meilleur parti.

Ce sera un exercice impitoyable, douloureux et soutenu jusqu’à ce que nous retrouvions l’ordre dans le secteur”, avait déclaré la secrétaire principale de l’intérieur Karanja Kibicho, citée par le journal.

Selon ce journal à grand tirage, le président Uhuru Kenyatta a déjà autorisé l’opération, qui consistera à retirer de la circulation les autobus non autorisés, à engager des poursuites contre les policiers égarés et à contrôler tous les conducteurs de véhicules de la fonction publique.

Environ 3.000 personnes trouvent la mort annuellement dans des accidents sur les routes kényanes, l’une des plus meurtrières dans le monde.

Le carnage sur les routes kényanes coûte au pays environ 4 milliards de dollars par an, soit environ 11% de son PIB, en plus du coût social évalué en termes de perte de vie humaine.

Au Kenya, les drames de la route sont très fréquents à cause notamment du non-respect du code de la route et du mauvais état routier, en dépit d’une nouvelle législation qui se veut contraignante et sévère, puisqu’elle impose de lourdes amendes assorties de peines d’emprisonnement pour les contrevenants.

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