La Banque centrale de Tunisie met en garde contre un « tarissement » des ressources extérieures pour boucler le budget de 2021

La Banque centrale de Tunisie (BCT) a mis en garde, mercredi, contre le « tarissement » des ressources extérieures pour boucler le budget de 2021.

Dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion périodique consacrée aux développements récents de la conjoncture sur les plans économique, monétaire et financier, notamment les données relatives à l’activité économique, le Conseil d’Administration de la Banque a exprimé sa « préoccupation concernant le tarissement aigu des ressources financières extérieures, face aux besoins importants pour boucler le Budget de l’Etat pour l’année 2021« .

Selon l’institution, ce tarissement traduit les craintes des bailleurs de fonds internationaux au vu de la détérioration de la notation souveraine de la Tunisie et l’absence d’un nouveau programme avec le Fonds Monétaire International (FMI).

D’après la même source, cette situation nécessitera l’intensification de la coopération financière bilatérale d’ici la fin de l’année afin de mobiliser autant que possible de ressources extérieures.

Elle a souligné que l’objectif consiste à « éviter le financement monétaire eu égard à ses répercussions aussi bien sur le niveau de l’inflation que sur les réserves en devises et la gestion du taux de change du dinar, outre son impact négatif sur les relations de la Tunisie avec les bailleurs de fonds et les agences de notations souveraines « .

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D’autre part, le Conseil a relevé que la dégradation des finances publiques, pâtissant de leur situation vulnérable, ainsi que la hausse des cours internationaux du pétrole, sont de nature à compromettre la soutenabilité de la dette publique, outre les effets négatifs de l’accroissement de l’endettement du secteur public auprès du système bancaire sur sa capacité à financer les opérateurs économiques.

Et de mettre en garde contre la persistance de cette situation qui devra engendrer des répercussions fortement négatives sur les équilibres extérieurs et sur le marché des changes.

Le Conseil a réitéré ses profondes préoccupations face à la situation financière actuelle critique, soulignant la nécessité d’accélérer la transmission des signaux clairs aux investisseurs locaux et étrangers quant au rétablissement du rythme de l’activité économique et des équilibres globaux et financiers, la consolidation de la gouvernance du secteur public, l’amélioration du climat des affaires et l’intensification des efforts d’investissement.

A cet égard, le Conseil, qui a décidé de maintenir inchangé son taux d’intérêt directeur à 6,25%, exprimé sa détermination de jouer pleinement son rôle en matière de soutien à l’économie et à suivre de près l’évolution des indicateurs économiques, monétaires et financiers « .

D’après l’économiste tunisien Ridha Chkandali, la Tunisie doit fournir un effort additionnel afin de combler un trou budgétaire de près de 1,55 milliard d’euros.

Dans des déclarations à la presse, M. Chkandali souligne que si des mesures d’austérité n’avaient pas été adoptées, durant les sept premiers mois de 2021, ce trou aurait atteint 2,69 milliards d’euros.

Selon lui, la formation d’un gouvernement dans les plus brefs des délais pourrait aider la Tunisie à bénéficier de plus de droits de tirage spéciaux, soit une enveloppe de 236 millions d’euros.

L’expert a évoqué, également, la possibilité d’obtenir quelques aides financières provenant de « pays amis » ou de recourir à un financement direct de la Banque centrale, mais, a-t-il averti, cette option pourrait poser problème avec le FMI.

Sur un autre volet, Chkandali a estimé que les projections économiques et budgétaires prévues par le budget de l’Etat de 2021 restent très loin de la réalité, ajoutant que le taux de croissance de 4% est impossible à atteindre puisque le pays a réalisé des taux négatifs, au cours de la première moitié de 2021.

Les données relatives à l’exécution du budget de l’Etat pour l’année 2021 ont montré que la Tunisie n’est en mesure de mobiliser qu’un montant d’environ 5,85 milliards d’euros, ce qui laisse un gap de financement d’environ 1,67 milliard d’euros.

( Avec MAP )

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