La bataille commerciale sino-américaine risque de compromettre la reprise de la croissance mondiale en 2019

La bataille commerciale à laquelle se livrent actuellement les États-Unis et la Chine a un impact sur les consommateurs et les entreprises de ces deux puissances économiques avec des répercussions au-delà sur le commerce international, prévient le Fonds monétaire internationale (FMI) qui s’inquiète, dans une récente analyse, sur les risques, en cas de persistance de ce bras de fer, de compromettre la reprise de la croissance mondiale en 2019.

« Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont eu un impact négatif sur les consommateurs et de nombreux producteurs des deux pays. Les tarifs douaniers ont réduit les échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine, mais le déficit commercial bilatéral reste globalement inchangé. Si l’impact sur la croissance mondiale est relativement modeste à l’heure actuelle, la dernière escalade pourrait affaiblir considérablement le climat des affaires et des marchés financiers, perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales et compromettre la reprise prévue de la croissance mondiale en 2019 », selon l’économiste en chef du FMI, Gita Gopinath.

Et pour cause, 40 % de l’activité économique sur la planète dépend de ces deux géants économiques et, depuis trois ans, 60 % de la hausse du PIB mondial dépend de l’activité aux États-Unis et en Chine.

L’escalade a fait suite à l’échec du dernier round de négociations. L’administration Trump accuse les autorités chinoises de revenir sur certains de leurs engagements. Pékin s’en prend au protectionnisme des États-Unis qui menace la souveraineté de la Chine. Les mesures imposées contre le géant chinois de télécommunication Huwaei catalyse cette guerre commerciale.

Pour le FMI, le relèvement des droits de douane des États-Unis sur des importations chinoises annuelles de 200 milliards de dollars, ainsi que les représailles annoncées par la Chine, marquent une nouvelle étape de l’escalade des tensions commerciales entre les deux pays.

Les données commerciales montrent déjà, selon l’institution financières internationale, l’impact des droits de douane précédemment imposés par les États-Unis et des représailles ultérieures de la Chine. Les pays directement impliqués et leurs partenaires commerciaux ont été touchés par la hausse des tarifs. Alors que la Chine imposait des tarifs de rétorsion, les exportations américaines vers la Chine ont également diminué, selon le FMI qui fait état d’une baisse de la croissance des exportations entre les deux parties depuis le début des tensions commerciales. Selon l’analyse, les consommateurs américains et chinois sont « sans aucun doute les perdants » à cause des tensions commerciales. Les recherches effectuées par le FMI montrent que les recettes douanières collectées ont été presque entièrement supportées par les importateurs américains. Les prix à la frontière (hors tarif) des importations en provenance de Chine n’ont pratiquement pas changé et les prix à l’importation post-tarifaires ont fortement augmenté.

« L’effet sur les producteurs est plus contrasté, avec des gagnants et de nombreux perdants. Certains producteurs américains et chinois de biens en concurrence sur les marchés intérieurs avec des importations touchées par les droits de douane, ainsi que des exportateurs concurrents de pays tiers, sont des gagnants potentiels. Toutefois, les producteurs américains et chinois des produits concernés par les droits de douane, ainsi que les producteurs qui utilisent ces produits comme intrants intermédiaires, sont des perdants potentiels », relève l’étude.

Au niveau mondial, l’impact supplémentaire des nouveaux tarifs annoncés et envisagés par les deux puissances, qui devrait s’étendre à l’ensemble des échanges commerciaux bilatéraux, « entraînera une soustraction d’environ 0,3% du PIB mondial à court terme, dont la moitié proviendra des entreprises et des marchés »

Le FMI s’inquiète aussi des effets sur la confiance sur les perspectives de l’économie mondiale car l’incapacité à résoudre les différends commerciaux et l’escalade dans d’autres domaines, tels que l’industrie automobile, qui toucherait plusieurs pays, pourraient affaiblir le climat des affaires et des marchés financiers, avoir un impact négatif sur les obligations et les devises des marchés émergents et ralentir les investissements et le commerce.

En outre, des barrières commerciales plus élevées perturberaient les chaînes d’approvisionnement mondiales et freineraient la propagation des nouvelles technologies, réduisant in fine la productivité et le bien-être mondiaux, met en garde le FMI ajoutant que les restrictions à l’importation plus lourdes rendraient également les biens de consommation échangeables moins abordables, nuisant de manière disproportionnée aux ménages à faible revenu. « Ce type de scénario fait partie des raisons pour lesquelles nous avons qualifié 2019 d’année délicate pour l’économie mondiale », indique en conclusion l’institution financière internationale.

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