La chaine CNews mise à nu après l’annulation d’une émission consacrée au leader du MAK, Ferhat Mehenni

Par Hassan Alaoui

La mésaventure du leader du mouvement d’autodétermination de la Kabylie ( MAK), Ferhat Mehenni n’en finit pas de susciter des réactions d’indignation suite à la déprogrammation par la chaîne CNews d’une émission qui était consacrée.

Cette déprogrammation est venue nous rappeler simplement que la liberté d’expression est plus que jamais illusoire dans la France d’Emmanuel Macron qui pèche par une mauvaise fois hallucinante.

Propriété du milliardaire breton, Vincent Bolloré, la chaine de télévision CNews, ne peut pas justifier cette interdiction exercée in extremis, à deux minutes de l’émission alors que l’invité s’apprêtait à franchir la petite porte du studio où l’attendait l’animateur et son équipe technique. Car Vincent fait du Bolloré, du nom de son entreprise connue surtout en Afrique pour des malversations. Pour ce cas précis, Bolloré lorgne des marchés en Algérie.

Une vidéo édifiante digne d’une scène hollywoodienne nous a montré une conversation en demi teinte devant la porte du studio entre un haut responsable de la chaîne et le leader indépendantiste kabyle en train de barboter…Et puis ce dernier s’inclinant devant l’arbitraire d’une décision sans précédent qui le frappait. Un échange apparenté à des « gorges chaudes », expéditif dans un couloir sombre…

Ni plus, ni moins ! Aucun témoin pour nous en dire plus. Cette décision arbitraire d’interdire de parole Ferhat Mehenni est grave parce qu’elle s’inscrit à l’opposé des proclamations vertueuses de la loi sur la liberté d’expression et le droit à l’information, inscrits sur le fronton de la République française. C’est une violation pure et simple de l’éthique. Sauf que les innombrables réactions à travers les médias, les réseaux sociaux et autres canaux suscitent indignation et critiques violentes. Tous ou presque, à travers ces canaux, s’interrogent non sans inquiétude sur la pseudo liberté de penser et de s’exprimer, aujourd’hui violée.

Au Maroc où une vaste campagne de dénonciation a gagné les diverses couches de la société et enflammé les réseaux sociaux, l’ambassade de France à Rabat a cru se justifier en publiant un « démenti » qui relève de la mauvaise foi, du doute voire de la caricature. Confronté à la réalité plate des faits, ce démenti suscite en effet le contraire des effets escomptés, car le doute persistera toujours tant que des questions pertinentes liées à la déprogrammation de l’émission de CNwes n’auront pas reçu des réponses convaincantes. Cette décision de qui pourrait-elle prévenir ? Qui est en mesure de saisir une chaîne privée et demander qu’elle annule, à deux minutes sa diffusion ? Qui en a le pouvoir suprême ? Dans l’histoire des chaînes de télévision française, le pouvoir exclusif de le faire appartient de toute évidence au seul président de la République, maître des horloges en la matière. Quand bien même la chaine de Bolloré relèverait-elle du secteur privé et « indépendant », la pression du pouvoir – exercé amicalement – joue un rôle considérable, comme celui de démettre ou de nommer tel ou tel patron de chaîne et de journaliste.

L’affaire du leader kabyle, empêché de s’exprimer, nous révèle en vérité une véritable distorsion de la règle de l’indépendance, du viol de celle-ci et de la corruption morale qui entache l’éthique. Ferhat Mehenni est un adversaire acharné de la junte militaire algérienne qui n’a de cesse de réclamer son extradition à la France et sa condamnation. D’ici que cette junte ait imposé au gouvernement français de le bâillonner, il n’y a qu’un pas à franchir et la patrie des droits de l’Homme vient de le franchir si allègrement…

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