La chaîne logistique au regard des crises socio-politiques

Par Karim Essakali*

Depuis les 20 dernières années, l’évolution de la chaîne logistique au Maroc qui a vu le lancement de la stratégie nationale de la compétitive logistique (AMDL) et l’observatoire marocain de la compétitivité logistique (OMCL), le secteur de la logistique au Maroc enregistre de belles performances et réussites.

Cette performance se traduit par la vision stratégique du Roi Mohammed VI pour la chaîne logistique au Maroc et son importance pour la croissance économique et la position géographique du Royaume qui fait de lui une plaque tournante et le positionne comme un hub continental qui a démontré ses capacités en la matière.

Le secteur a bien géré la crise sanitaire, et s’est même modernisé avec la digitalisation qui a facilité les échanges durant les périodes difficiles du Covid-19. Grâce à sa performance logistique bien maîtrisée et qui est fondée sur des bases solides, le Maroc  s’est démarqué, durant cette période, et le monde entier a salué la manière dont il a su gérer cette crise, grâce à sa chaîne logistique fiable.

Par contre, face à la crise et la tension entre la Russie et l’Ukraine, le monde a eu de nombreuses perturbations, la situation risque de s’empirer et tous les gains et avantages déjà acquis seront perdus. Car la hausse des prix des carburants, les grèves des transporteurs au Maroc et à l’étranger risquent de perturber la chaîne logistique et cette dernière peut souffrir de ces dysfonctionnements.

Atouts de la chaîne logistique marocaine

Le Royaume du Maroc dispose de plusieurs atouts qui font de sa chaîne logistique l’une des plus compétitives. Grâce à sa position géographique, le Maroc est devenu un véritable Hub régional et a su  imposer ses capacités en la matière, sans oublier qu’il est le pont qui relie l’Afrique à l’Europe. Le Maroc s’est doté, durant la dernière décennie, de plusieurs infrastructures performantes à travers la mise en place d’un réseau national de zones logistiques pour les secteurs automobile, aéronautique, textile et logistique. La volonté gouvernementale d’accélérer la modernisation cohérente du secteur en optimisant les flux logistiques, plans d’actions sectoriels, émergence de logisticiens intégrés et performants et développement des compétences en la logistique via le plan national global et la création des instances dédiées.

→ Lire aussi : Logistique : Risques pour la reprise de la chaîne d’approvisionnement mondiale

Les infrastructures qui ont été créées ou modernisées ont métamorphosé le Royaume et le placent au premier rang africain et 20e mondial grâce à son port de Tanger Med,  Nador West Med et Casablanca ou encore celui de Dakhla en cours de construction. Le réseau routier connait également une modernisation remarquable. On compte aujourd’hui un axe routier linéaire de plus de 1800 km, l’offre de l’oncf qui s’améliore avec le lancement des lignes TGV et l’offre fret ferroviaire pour l’automobile et les conteneurs.

Dernier atout est la mise en place des procédures efficaces qui ont contribué à la performance du secteur avec l’intégration de la digitalisation qui a fait gagner énormément de temps au secteur, les efforts de l’Administration des Douanes et Impôts Indirects (Dématérialisation du dépôt des déclarations, bureau d’ordre digital et paiement électronique).

Les risques de la chaîne d’approvisionnement dans le cycle d’inflation

Les risques dans la chaîne d’approvisionnement peuvent résulter de facteurs externes, qu’il s’agisse d’un conflit politique, économique ou d’une catastrophe naturelle par exemple. Sans surprise, la supply chain n’est pas sans lien avec le contexte social, politique et économique qui l’entoure. Avec l’inflation qui s’installe au Maroc comme partout dans le monde, on observe une envolée des prix des matières premières, les coûts des intrants et les taux de fret ont bondi depuis l’été 2020. Les prix de nombreuses matières premières ont battu des records. Cela a notamment été le cas de l’énergie – en particulier avec la flambée des prix du gaz, des hydrocarbures  et des prix des métaux, du bois et des denrées alimentaires. La hausse généralisée des prix des matières premières et produits de base s’est également traduite par une augmentation des prix à la consommation.  Devant cette situation, on peut assister à une récession économique et à la perte de tous les atouts de la chaîne logistique marocaine.

Si on souhaite éviter cela, l’état doit mettre en place un plan de sauvetage national afin de préserver le pouvoir d’achat local et préserver la compétitivité des produits destinés à l’export par l’accompagnement des entreprises souffrant de cette hausse de prix fulgurante à travers des financements et des subventions. n

* CEO et Founder LOGWIN

Expert en services de dédouanement et logistique

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