Politique migratoire du Maroc : pour une planète sans frontières

 Il est évident que le choix du Royaume par l’Organisation des Nations unies pour abriter la cession finale qui a suivi des négociations de plus de dix-huit mois aboutissant, en juillet 2018, à une version fi­nale, n’est pas fortuit. N’est-il pas un pays d’origine, de transit et d’accueil ? N’a-t-il pas toujours été un acteur dans cette dynamique qui concerne la migration ? Déjà en 2013, le Royaume a emprunté un tournant décisif quant à la question avec le rapport du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) nommé «Etrangers et Droits de l’Homme au Maroc : pour une politique d’asile et immigration ra­dicalement nouvelle » qui a déclenché un processus de réforme législative et une nouvelle stratégie nationale pour l’immi­gration et l’asile, qui inclut des campagnes de régularisation.

Ensuite, dès le retour du Royaume au sein de l’UA, il ne ménage pas ses efforts pour initier des démarches concrètes et des rencontres de haut niveau que S.M. le Roi hisse en « tribunes pour l’Afrique » par lesquelles le continent ferait mieux en­tendre sa voix sur une question cruciale de ce début de XXIe siècle.

Cette réussite nationale de l’approche migratoire a conduit les chefs des Etats africains à confier à S.M. le Roi le man­dat de Leader de l’Union africaine sur la question migratoire.

La politique migratoire du Maroc : une ouverture sur un monde plus juste

Aujourd’hui, alors que la mouvance migratoire atteint des pics sans précé­dents, l’engagement du Maroc dans la gouvernance de la migration est tel qu’il s’est concrétisé dans plusieurs dy­namiques nationales et internationales notamment la coopération avancée avec l’Union européenne, la facilitation des dy­namiques de dialogue comme le Processus de Rabat ou la co-présidence du Forum global pour la migration et le développe­ment, mais aussi la désignation du Souve­rain comme « Leader de l’Union africaine pour la migration »

Autant dire que le Maroc a oeuvré pour asseoir un socle politique en matière de migration, sous la conduite de S.M. le Roi Mohammed VI. Solidarité, responsabilité partagée et actions internationales sont les principaux constituants de cette politique innovante et surtout «humaniste». Preuve s’il en faut une est que le Royaume a veillé, à ce jour, à la régularisation de la situation de près de 50.000 migrants tout en adop­tant un plan national pour leur insertion socio-économique.

Aujourd’hui, alors que la mouvance migratoire atteint des pics sans précédents, l’engagement du Maroc dans la gouvernance de la migration est tel qu’il s’est concrétisé dans plusieurs dynamiques nationales et internationales.

En effet, cette nouvelle politique entre­prise par le Souverain, depuis presque cinq ans, consiste à trouver des solutions adé­quates aux problèmes des immigrés vivant au Maroc (en majorité des Africains mais aussi du Moyen-Orient et même de l’Asie) en leur garantissant, en premier lieu, leur dignité.

Dès lors, le Maroc, passerelle entre deux rives, se doit de jouer un rôle clé dans les relations internationales en matière migra­toire même si les défis sont importants à considérer. Aussi au niveau du continent, l’Agenda africain sur la migration, propo­sé par le Roi Mohammed VI et adopté par le Sommet de Nouakchott, porte-t-il des principes basés, essentiellement, sur la res­ponsabilité commune, l’approche positive de la migration et la lutte contre les réseaux de migration clandestine et de traite d’êtres humains. D’où la création de l’«Observa­toire africain pour la migration» qui aura pour mission de recueillir des données statistiques et d’échanger des données et des informations précises entre les pays africains pour l’élaboration de politiques fondées sur la connaissance des faits pour une meilleure gestion du flux migratoire. En plus de la création d’un poste d’En­voyé spécial de l’Union africaine chargé de la migration pour la coordination des politiques africaines dans ce cadre. Tous ces faits mettent en exergue la volonté du Maroc de faire partie des acteurs centraux du débat international sur les migrations.

Une suggestion qui illustre la volonté affichée de S.M. le Roi Mohammed VI d’un processus inclusif qui ferait parti­ciper le plus grand nombre de pays afri­cains. De là, la participation de l’Agenda dans l’élaboration du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et modé­rées qui constitue un point important de l’Agenda africain qui veut aller au-delà de la démarche panafricaine et embrasser une coordination internationale. S’ajoutent à cela les deux grands rendez-vous dédiés à la question migratoire et que le Royaume a abrités à savoir la Conférence intergou­vernementale d’adoption du Pacte mondial ainsi que le Forum global pour la migration et le développement.

Donner un aspect humain à la migration

Sachant que 85% des revenus gagnés par les migrants sont dépensés dans les pays d’accueil, la migration reste un phé­nomène naturel bénéfique, aussi bien pour les pays d’origine que pour les pays d’ac­cueil, si les conditions sont réunies pour en assurer une meilleure gestion.

Et parce que les politiques aux niveaux local, national et international évoluent, il est indispensable de bien comprendre et saisir les implications de la mobilité hu­maine afin d’y faire face.

 Pour ce fait, le visage humain de ce phénomène mondial doit être placé au coeur de la question afin de délégitimer les préjugés et les stéréotypes surtout quand il s’agit de flux africain. Cela ne peut se faire, bien entendu, si on ne se penche pas sur les causes profondes de la migration et des déplacements, au lieu de la figer dans des représentations stéréotypées à travers des images dé­gradantes de « déferlante migratoire ». Ce qui nous amène à la nécessité de créer les conditions socio-économiques et politiques adéquates afin d’assurer aux migrants des conditions de vie décentes, au sein de leur pays d’origine et pourquoi pas une mise en place de programmes pour faciliter leur retour et leur réadmission en toute sécurité et dignité. Sur ce point, l’Afrique est inter­pellée doublement : en interne par ses populations et sur la scène internatio­nale où elle doit parler d’une seule voix.

Les déplacements humains et les flux migratoires datent de la nuit des temps surtout de l’Afrique en destination d’Europe, Eldorado lorgné par des migrants qui y laissent parfois leur vie.

Or faut-il rappeler que pour les mil­lions de migrants internationaux in­cluant des réfugiés, la migration était une nécessité et non une option et que les circonstances sous-jacentes de leur mouvement ont engendré des défis additionnels à leur inclusion dans les pays d’accueil ? De ce fait, la migration constitue l’un des défis planétaires es­sentiels du XXIème siècle.

C’est dans ce sens que le Maroc s’est fortement engagé dans les efforts de la communauté internationale pour le trai­tement de cette question sans se limiter uniquement à l’angle sécuritaire mais en prenant en compte les volets écono­mique et social et les moyens d’intégra­tion des migrants au sein de la société, avec l’implication de l’ensemble de la communauté internationale.

La capacité d’accueil  de l’Autre est le baromètre d’une bonne démocratie

Les déplacements humains et les flux migratoires datent de la nuit des temps surtout de l’Afrique en destination d’Europe, Eldorado lorgné par des mi­grants qui y laissent parfois leur vie. Or au 21e siècle, l’isolationnisme cherche à gagner du terrain au moment où les grands brassages sont de mise.

Ces flux sont considérés à juste titre comme un aspect majeur de la mondiali­sation. Toutefois, la migration a pris une connotation négative fondée, non pas sur des faits, mais sur des idées reçues et préconçues, qui peuvent engendrer le racisme, la xénophobie et l’intolé­rance. Cette perception de la migration, associée aux trafics, à la pauvreté, aux changements climatiques, à l’instabilité voire au terrorisme, reste, globalement, négative ; et la réalité des phénomènes migratoires demeure mal connue à tel point que les migrants subissent sou­vent des pratiques atroces.

Ceci est accentué par la désinforma­tion qui a joué son rôle dans la diffu­sion du sentiment de peur qui tend ses tentacules dans le monde. Aussi faut-il souligner que le Maroc, -tout comme l’Espagne d’ailleurs-, de par sa position géographique, souffre d’une situation très délicate, à savoir les conséquences du changement de la route de l’immi­gration irrégulière vers la Méditerranée occidentale. D’où l’importance de la coopération des pays européens, d’une collaboration engagée et responsable à l’échelle internationale et des inves­tissements dans les pays d’origine afin que l’immigration ne soit pas la seule issue.

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