La crise politique en Algérie ne peut être réglée que par un changement de pouvoir

La crise politique dans laquelle est engluée l’Algérie ne peut être réglée que par un changement du «pouvoir autocratique et patrimonialiste» par un pouvoir démocratique, a affirmé Ahmed Benbitour, économiste et ancien chef de gouvernement.

Invité du forum de «Liberté» autour d’une conférence-débat sous le thème «La mission des élites dans la sauvegarde du pays», M. Benbitour a dressé, lundi à Alger, un constat très inquiétant de la situation politique, économique et sociale de l’Algérie, plaidant en faveur d’une mobilisation des élites dans l’espoir d’un «changement pacifique».

«Notre pays est dirigé par un pouvoir autoritariste, patrimonialiste et paternaliste, qui vit de la rente et de la prédation dans l’utilisation de la rente», a-t-il dénoncé, en estimant que «la refondation des systèmes de gouvernance est la clé à la résolution des autres crises, autrement dit, la priorité doit aller au changement des systèmes de pouvoir et de la refondation de la gouvernance».

Le conférencier a expliqué que la «mauvaise gouvernance» a entrainé un Etat «déliquescent en situation de pénurie de moyens de financement de son budget», car, fait-il remarquer, le prix du baril nécessaire pour équilibrer le budget est passé de 34 dollars en 2005 à plus de 115 dollars en 2013, alors que le prix à l’export ne dépasserait pas les 60 dollars en moyenne annuelle sur la prochaine décennie.

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«Cette déliquescence se caractérise par cinq critères, à savoir l’institutionnalisation de l’ignorance et de l’inertie, le culte de la personnalité, l’institutionnalisation de la corruption, un nombre restreint d’individus prenant la décision à la place des institutions habilitées et l’émiettement des clans au sommet de la hiérarchie de l’Etat», a-t-il relevé.

L’ancien chef de gouvernement fait de même constater qu’alors que la société algérienne est rongée par une «corruption généralisée, la violence qui devient un instrument privilégié de règlement des conflits entre les individus, le fatalisme et l’individualisme», l’économie du pays demeure, quant à elle, «vulnérable, volatile et fortement dépendante de l’étranger, en particulier en perte des moyens de financement de ses importations de biens de consommation essentiels».

Chiffres à l’appui, M. Benbitour a précisé que les recettes d’exportation d’hydrocarbures sont tombées de 63 milliards de dollars en 2013 à 27 milliards de dollars en 2016 (-57%), alors que la facture des importations de marchandises est tombée de 55 milliards de dollars en 2013 à 49 milliards de dollars en 2016, soit une perte de 11%. «C’est une image saisissante de la grande dépendance de l’extérieur et de la vulnérabilité de l’économie algérienne, due essentiellement à l’absence de planification», a-t-il insisté.

Il estime, à cet égard, que la situation économique du pays s’aggravera davantage à l’avenir, puisque, dit-il, «les recettes des exportations ne couvriront que la moitié des dépenses des importations en biens, auxquelles il faudrait ajouter le déficit chronique de la balance des services et les transferts des bénéfices des sociétés étrangères qui opèrent en Algérie».

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